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Procès putsch manqué: un avocat du général Bassolé quitte la salle

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Des accusés dans le dossier du putsch de 2015

Le parquet militaire, la partie accusatrice dans le dossier du putsch manqué du 16 septembre 2015, qui a mis en branle depuis hier la présentation des pièces à conviction, a poursuivi; ce mercredi 20 mars 2019, avec la lecture des éléments audio impliquant plusieurs accusés. 

A l’ouverture de l’audience de ce mercredi 20 mars 2019, un débat a été ouvert sur l’acceptation ou non des éléments audio dans le dossier avant leur lecture. Me Dieudonné Bonkoungou, avocat du général Djibrill Bassolé, a réitéré sa requête de retrait de ces éléments du dossier arguant de la non connaissance de leur origine. «Je vous demande de bien vouloir écarter ces éléments audio», a affirmé Me Bonkoungou, soutenant que «le principe du contradictoire commence à dire à la personne concernée, comment on a obtenu cela». Il a indiqué que si le tribunal autorise la lecture des éléments sonores, il demanderait à sortir de la salle pour «se conformer à (sa) position».

Pour le parquet, ce n’est pas à ce stade qu’il faut se poser des questions sur l’origine des audio. Le parquet a alors affirmé que les avocats du général Bassolé ont plusieurs fois formulé les mêmes demandes qui ont été rejetées à chaque fois. «Il y a des gens qui veulent toujours nous amener en arrière», a réagi le procureur militaire, souhaitant qu’on avance dans le jugement du dossier. Il a par la suite «supplié» Me Bonkoungou de ne pas partir car le tribunal a besoin de ses «observations pertinentes».

Quant à Me Prosper Farama de la partie civile, il a exprimé son «inquiétude» face à la position de l’avocat du général Djibrill Bassolé, notant que cela ne l’étonne pas car cette «heure de vérité est fatale pour certains».

Après la décision du tribunal de joindre au fond l’exception soulevée et de délibérer avant la clôture des débats, Me Dieudonné Bonkoungou a quitté la salle.

Lecture des éléments audio

Au cours de l’audience de ce mercredi, plusieurs éléments audio ont été diffusés. Ceux-ci concernent les accusés comme le colonel Abdoul Karim Traoré, Sidi Lamine Oumar, le général Djibrill Bassolé, le journaliste Adama Ouédraogo dit «Damiss» et Fatoumata Diawara, ex-copine du fils du général Gilbert Diendéré.

De la conversation qu’aurait tenue le colonel Traoré avec un certain Djéri, un des responsables du groupe de rebelles malien, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et Sidi Lamine Oumar, il ressort que ce colonel de l’armée burkinabè a demandé à son interlocuteur de ne pas faire intervenir ses éléments car ils n’ont «plus le pouvoir». «Il n’y a pas de raison d’attaquer maintenant», a dit celui qui a été nommé colonel Abdoul Karim Traoré, dans la conversation. Dans l’audio on l’entend dire qu’il faut que les rebelles maliens se tiennent tranquille.

Les avocats du colonel Traoré et Sidi Lamine Oumar, ont indiqué qu’ils n’ont pas d’observation à faire car à aucun moment ils n’ont été associés à la visualisation d’aucun élément sonore, notant que la procédure est totalement faussée. «Le procès pénale n’est pas un jeu de cache-cache», a affirmé Me Aouoba Zaliatou, conseil de l’accusé malien, demandant au tribunal de ne pas faire «amende honorable à de telles pièces produites en dessous de la table». Les accusés eux-mêmes ont rejeté les éléments sonores les concernant.

A la suite des éléments sonores opposés au colonel Abdoul Karim Traoré et à Sidi Lamine Oumar, il a été lu une dizaine d’éléments audio impliquant le général Bassolé, Damiss et Dame Diwara.

Des conversations rapportées, la voix attribuée au général Bassolé était dans une posture d’inciter les éléments de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP) à ne pas déposer les armes et à résister. Il a été entendu le nommé Bassolé dire que la situation lui était favorable et promettre de l’argent à Mme Diawara pour assister les familles des éléments de l’ex-RSP. Et le procureur de conclure qu’ «il y avait un coup d’Etat dans un coup d’Etat».

Un aperçu des conversations Bassolé-Guillaume Soro, Bassolé-Biila, Bassolé-Diawara, Bassolé-Damiss

Des échanges du général Bassolé avec l’ex-président de l’Assemblée nationale ivoirienne Guillaume Soro, il a été question de résister pour la réussite du coup d’Etat. «Si on a une opportunité il faut qu’on frappe … On ouvre trois fronts … Il faut frapper des cibles fortes comme le PM… le but est de les désorganiser … Frapper au Nord au Sud». C’est ce que l’on peut retenir, entre autres, de l’élément audio concernant ces deux personnes. Il a également été évoqué la liquidation des personnalités comme Chériff Sy et Feu Salifou Diallo à l’image de IB et de Tagro en Côte d’Ivoire.  

«Ils sont convaincus que les élections auront lieu (…) Feu qu’on va mettre sur leurs têtes là, ils vont fuir laisser le pays … Le mois qui restent vont être leur enfer … Les choses vont aller de mal en pis … S’il y a une compétition sans exclusion, je t’assure qu’on est déjà à Kosyam … Malgré les apparences, la situation est plutôt favorable». Ces éléments seraient une partie de la conversation entre M. Bassolé et Biila Jean Bénédict.

Pour ce qui est des échanges attribués au général Bassolé et au journaliste Adama Ouédraogo, il s’est agi d’argent qu’il fallait remettre aux journalistes après son interview à la Radio Oméga pour ne pas qu’ils retranchent des choses.

En ce qui concerne les écoutes entre Fatoumata Diawara et Bassolé, il était question de soutien aux éléments de l’ex-RSP. Dame Diawara a demandé de l’argent pour assister des familles des éléments de l’ex-RSP.

Damiss en prenant la parole a rejeté l’audio, révélant qu’il s’agit d’un montage et que cela a été fait dans une villa dans le quartier Gounghin à Petit Paris. Selon le procureur l’enregistrement a été fait le 29 septembre 2015. Pour l’accusé, à cette date il ne se trouvait pas au Burkina, demandant alors au tribunal de dire le droit rien que le droit.

Dans ses observations, après l’écoute des différentes conversations, Me Prosper Farama a laissé entendre qu’il comprend maintenant pourquoi Me Dieudonné Bonkoungou ne voulait pas suivre ces audio et a préféré quitter la salle d’audience. Me Farama a soutenu que les propos du général Bassolé sont «très virulents». «On a froid au dos quand on entend ces conversations. Le ton avec lequel le général Bassolé s’exprimait, vraiment ça l’amusait», a poursuivi Me Farama.

L’audience a été suspendue et reprendra le vendredi 22 mars 2019.

Par Daouda ZONGO