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Lettre de l’Editeur/Procès du putsch manqué: nous ne tirerons plus sur une ambulance

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Le procès du putsch de septembre 2015 (Ph. linternaute.fr)

Le procès du putsch manqué de septembre 2015 au Burkina Faso se poursuit après avoir connu un démarrage quelque peu poussif, dû surtout aux exceptions et autres difficultés inhérentes à un jugement de cette envergure qui implique presque toute la hiérarchie militaire. Et pas que! Des personnalités politiques et religieuses étaient également appelées à comparaître, notamment en tant que témoins. Fort heureusement, la vie ne s’est pas arrêtée au «pays des hommes intègres» à cause de ce procès tant attendu, car présenté comme le tremplin pour accéder à la vérité sur ce dossier de «putsch manqué» sur lequel planait et plane toujours, des zones d’ombre lourdes à couper au couteau. S’il faut condamner avec la dernière énergie ces coups d’Etat qui doivent désormais être rangés aux oubliettes, il faut également saluer toute initiative qui pourrait mettre fin à ces genres d’entreprises suicidaires pour la démocratie. C’est dans cette logique que nous souhaitons tous que le procès en cours aille à son terme, en restant bien entendu fidèle au droit, et tout le droit.

Toutefois, le cas des prévenus qui ne sont pas présents aux audiences pour cause de maladie grave et sur lesquels pleuvent des accusations, sans qu’ils aient l’opportunité de se défendre, doit être revu. Le Général Djibrill Yipene Bassolé qui, trainant un mal qui avait fini par faire de lui un écolier buissonnier au procès et un habitué des cliniques, est l’exemple de ce cas de figure. La petite décence et le peu d’humanité qui habitent encore en nous, nous contraignent à prendre la décision éditoriale de ne plus rapporter, comme nous le faisions, les petits détails «croustillants» des «écoutes téléphoniques» et autres «témoignages» qui sont ces derniers jours au menu du procès du putsch manqué de septembre 2015. En présentant nos sincères excuses à un lectorat que nous espérons également indulgente sur la question, nous nous privons donc de ce luxe de tirer sur une ambulance. Nous pensons en toute humilité, car nous pouvons nous tromper, qu’il importe de ménager un malade pour accélérer sa guérison. A moins que nous n’ayons plus besoin de la version du général pour sa défense dans ce jugement. Alors, à quoi auront servi les efforts de l’Etat pour favoriser l’évacuation de cette pièce importante du puzzle du putsch manqué? Il faut donc faciliter la guérison du Général Djibrill Bassolé, comme nous l’aurions fait pour n’importe quel autre accusé. Car, comme l’avait si bien écrit notre confrère de L’Observateur Paalga, ce n’est pas la ciguë qui a tué Socrate, mais le syllogisme.

Nous nous sommes permis de faire cette Lettre de l’Editeur pour expliquer notre position, afin que nos lecteurs, à qui nous présentons une fois de plus nos excuses, ne soient pas surpris de nos prochains comptes rendus du procès du putsch manqué de septembre 2015.

Par Wakat Séra