La présentation des pièces à conviction, dans le cadre du procès du putsch manqué du 16 septembre 2015, débuté le 19 mars 2019, a pris fin ce vendredi 5 avril 2019. A cette étape du procès, il a été donné au parquet militaire de présenter quatre lots de pièces, composés d’une statuette, d’un fer à repasser, d’une mallette, d’un ordinateur et des clés USB contenant des éléments sonores, vidéos et du texte.
Après le visionnage du dernier élément vidéo, comme pièce à conviction, le parquet militaire a fait observer que, quelles que soit les motivations des putschistes, elles ne peuvent justifier les saccages et les tueries durant la période des événements du 16 septembre 2015 et jours suivants.
«Les moyens qu’on met à la disposition de l’armée, sont pour la défense du territoire et non pour les retourner contre la population», a insisté le procureur militaire.
Appelé à la barre, le général Gilbert Diendéré, président du Conseil national pour la démocratie (CND), a indiqué qu’il «déplore quand-même ce qu’ (il) a vu dans les vidéos». Pour lui, «cette situation n’est pas bonne à voir».
«Rien ne justifie la perte en vie de quelqu’un», a réagi un autre accusé, le sergent-chef Mohamed Lahoko Zerbo, qui, par ailleurs, a soutenu qu’il ne s’est pas vu dans les vidéos diffusées. «J’ai visionné les vidéos et je n’ai rien vu qui montre que moi et mes hommes avons détruit quelque chose ou fait du mal à quelqu’un», a-t-il poursuivi, précisant que pour ce qui est de Zorgho, il avait une mission d’escorte et c’est ce qu’il a fait et rien d’autre.
Quant au soldat Seydou Soulama, il a fait savoir que depuis qu’il est entré dans l’armée, il n’a jamais fait quelque chose qui sort du cadre de son service, notant qu’il n’a jamais tiré une roquette sur le studio de l’artiste musicien Smockey.
«C’est nous, on présente aux yeux du peuple burkinabè comme étant mauvais, mais ce n’est pas le cas», a dit le sergent-chef Ali Sanou en réaction aux observations du parquet. Il a demandé au tribunal de dire le droit et rien que le droit en s’appuyant sur des preuves et non que sur les témoignages.
Dans ses observations, à la suite de la diffusion des éléments vidéos, le sergent Yahaya Guiré a indiqué que quand il a été envoyé en mission pour aller réparer une moto de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP) en panne, au moment des faits, il n’a pas touché à son arme. «Moi militaire, c’est le peuple qui m’a recruté et l’arme m’a été doté par lui, je ne peux pas utiliser cela contre lui».
Après les observations sur le dernier élément vidéo, Me Stéphane Ouédraogo, conseil du journaliste Adama Ouédraogo dit «Damiss» a produit une pièce au dossier du putsch, pour montrer que les éléments techniques sont susceptibles de manipulation. Dans cette pièce qui est une émission télé où, l’expert Younoussa Sanfo, montrait les risques de l’usage des appareils électroniques, notamment, le téléphone et les données personnelles de l’utilisateur sont susceptibles d’être captés.
L’audience suspendue vers 15h (GMT), pour permettre à la partie civile de se préparer pour le passage des victimes à la barre, reprendra le mardi 9 avril 2019. Les avocats qui ont informé le tribunal du décès du père de Me Dieudonné Bonkoungou, un des avocats du général Djibrill Bassolé, ont sollicité la journée du lundi 8 avril 2019 pour se rendre aux funérailles.
Par Daouda ZONGO