Depuis quelques jours, les musulmans du monde entier, dont ceux du Burkina Faso, observent le jeûne. Quel est le sens de ce pilier de l’islam? Qui doit jeûner et quelles dispositions pour réussir son mois de Ramadan? Ce sont là les points abordés par Wakat Séra dans cet article.
Le prophète (saw) à l’approche du Ramadan tenait un sermon disant : « Voici venu à vous le mois de Dieu. Ses nuits sont les meilleurs de toutes les nuits, ses jours sont les meilleurs de tous les jours et ses heures sont les meilleurs de toutes les heures. Pendant le mois de Ramadan, les portes de l’enfer sont fermées et celles du paradis sont ouvertes. Invoquez Allah Soubhana wa ta Allah et Il vous accordera ce que vous désirez pendant ce mois de Ramadan ». Dans un autre Hadith, le prophète (saw) nous fait savoir qu’Allah dit « toutes les œuvres du fils d’Adam lui appartiennent, sauf son jeûne. Il m’appartient et c’est Moi qui lui en donnerai la récompense ». Pour l’explication de ce deuxième hadith que le prophète (saw) nous a donné, les savants disent qu’il y a trois sens à voir.
Le premier sens est qu’en islam, toute œuvre d’adoration, de bonté ou de piété que nous posons est récompensée au minimum 10 fois sa valeur et ça va jusqu’à 700 fois et au-delà en multipliant par des multiples de 7. Mais le jeûne est hors barème. C’est pourquoi Il dit que le jeûne lui appartient. Et comme Allah est miséricorde, sa récompense est illimitée. Le deuxième sens de ce hadith est que Allah Soubhana wa ta Allah dit que le jeûne est par définition un culte de sincérité. C’est un motif intérieur qui nous pousse à observer le jeûne.
De fait, rien ne nous interdit de rompre le jeûne en cachette. Donc si nous le maintenons, même lorsque les gens ne nous voient pas, c’est certainement par sincérité vis-à-vis de Allah Soubhana wa ta Allah. Et la troisième explication que l’on donne est que le jour de la résurrection, il va se trouver des gens qu’ils ont œuvré dans le bien, observé le jeûne, qui ont fait des prières, mais qui malheureusement certains seront tombés dans la faiblesse pour avoir insulté injustement, frappé injustement ou mangé les biens des autres injustement.
Allah dans Sa justice va faire payer à chacun le tort qu’il a fait aux autres créatures. Il sera retiré des biens de ces derniers pour compenser les torts causés aux autres. Mais le jeûne ne fait pas partie de cette transaction. Comme ça n’appartient pas à l’être humain, Dieu n’enlèvera pas dans la récompense du jeûne pour compenser nos erreurs vis-à-vis des autres. Donc ça va être soit le pardon, soit la miséricorde vis-à-vis de ces personnes.
Le jeûne est particulier parce que c’est le mois pendant lequel le Coran a été révélé, et le jeûne en tant qu’obligation d’observer 29 ou 30 jours d’abstinence de manger et de boire a été imposé aux musulmans à l’an 2 de l’Hégire, soit 15 ans après le début de l’islam. Pour dire que le jeûne a besoin d’une foi de qualité. C’est pourquoi d’abord la Chahada, ensuite la prière, la Zakat et vient le jeûne et le 5e pilier est le pèlerinage. De façon générale, pour la philosophie des piliers en islam, Allah nous explique que : « Mon serviteur ne peut se rapprocher de Moi mieux qu’à travers ce que Je lui ai prescrit.
Et il se rapproche davantage à travers les œuvres volontaires jusqu’à ce que Je l’aime. Et quand Je l’aime, Je deviens l’œil avec lequel il regarde, la main par laquelle il agit, le pied grâce auquel il se déplace, l’oreille grâce à laquelle il entend et il ne me demande rien que Je lui refuse et celui qui s’en prend à lui, c’est comme s’il s’en était pris à Moi. Il n’y a rien que Je dois faire qui est de reprendre la vie de Mon serviteur, Mon serviteur déteste la mort et je ne dois pas lui faire de la peine ». Quand on observe ce hadith saint, les piliers sont une étape pour nous amener vers l’islam.
Le prophète (saw) dit que l’islam est bâti sur 5 piliers. Donc ces piliers ne sont pas l’islam, mais un moyen d’arriver vers l’islam. Pour ce qui est de l’observance du jeûne, le prophète (saw) était assis et quelqu’un venu à lui, demande une exhortation. Le prophète (saw) répond : « je t’exhorte le jeûne ». La personne s’en va et revient plus tard et demande encore une exhortation. Le prophète (saw) répond encore « je t’exhorte au jeûne. Je te recommande le jeûne parce qu’il n’y a rien de mieux pour approcher le serviteur de son créateur ».
Qui doit observer le jeûne ?
C’est celui qui est musulman, qui est pubère, qui est saint d’esprit et qui n’est pas parmi ceux qui sont exemptés du jeûne. Le musulman pubère et saint d’esprit pourquoi ? Le prophète (saw) a dit que la prime de la responsabilité est levée sur 3 personnes : l’enfant jusqu’à ce qu’il atteigne la puberté, le fou jusqu’à ce qu’il recouvre la raison et l’endormi jusqu’à ce qu’il se réveille. Aussi, il y a un certain nombre de personnes qui ne doivent pas observer le jeûne.
Il s’agit du malade chronique qui doit prendre des médicaments à des heures régulières. Par exemple celui qui souffre du diabète, de problèmes cardiaques ou d’insuffisance rénale. A ces personnes le jeûne n’est pas obligatoire et mieux, il leur est interdit. Parce que la finalité de l’islam c’est de préserver la vie, la raison, la foi, la famille et la richesse.
La deuxième catégorie de personnes qui n’est pas obligée de jeûner, c’est le voyageur. Mais le jeûne ne lui est pas interdit. S’il peut supporter, il peut observer le jeûne. S’il ne jeûne pas il n’a aucun péché parce que dans le Coran, Sourate 2 Verset 187, Dieu parle de l’excuse donnée aux jeûneurs.
Le jeûne du voyageur
Pour un voyage d’environ 80 km, d’autres vous diront une dizaine de kilomètres à partir des dernières concessions de son lieu de résidence, le voyageur n’est pas obligé de jeûner.
En dehors de ça, il y a les personnes qui ont atteint un grand âge. Il y a aussi la femme enceinte ou celle qui allaite. Si elle craint pour elle-même sa santé ou celle de son enfant, elle n’est pas obligée de jeûner. En plus, il y a celle qui est en période de menstrues et celle qui est dans sa période de lochies, qui n’observent pas le jeûne.
Mais dans ça, nous allons faire deux distinctions. Il y a ceux qui sont dans une phase transitoire (la femme en menstrues ou de lochies, celui qui souffre d’une maladie guérissable et celui qui est en voyage) qui n’observent pas le jeûne, mais à la fin de ce qui les y dispense, ils devront observer le jeûne. Mais celui à un grand âge, celui qui souffre d’une maladie chronique, la femme enceinte ou allaitante, à eux il est donné la possibilité d’offrir une compensation.
Pour chaque jour de jeûne manqué, ces gens doivent donner à manger à un pauvre en mesurant la nourriture à la quantité de ses deux paumes jointes quatre fois. Ou il le fait chaque jour, ou il rassemble le tout pour offrir à la fin du mois de Ramadan. Mais le mieux c’est d’offrir chaque jour régulièrement jusqu’à la fin du mois de Ramadan.
Les conditions pour réussir le mois de Ramadan
La première condition, c’est l’intention. Le prophète (saw) a dit : « Les actes ne valent que par l’intention et chacun de vous n’aura de son action que l’intention qui l’a poussé à agir ». Donc premièrement, c’est assainir son intention. On jeûne pour Dieu et on espère uniquement de Dieu la récompense. Il y a deux possibilités pour cette intention.
Soit on le fait au jour le jour pendant le mois de Ramadan, soit on le fait avant l’aube. C’est-à-dire que quand on se lève au petit matin pour manger, on formule l’intention juste avant ce moment et on peut le renouveler tous les jours. Il est aussi possible de formuler une intention unique en début de Ramadan. Cette intention n’est pas une formule, mais une disposition du cœur.
Mais le mieux, c’est de faire les deux, c’est-à-dire au début, la première fois que l’on a vu la lune, on prend l’intention de jeûner tout le mois de Ramadan. Et chaque jour que Dieu fait, on renouvelle cette intention. Au cas où on oublierait l’intention quotidienne, celle formulée pour tout le mois compense.
Ensuite, le Ramadan est un moment d’introspection et le verset dit : « Le jeûne vous a été prescrit comme il l’a été à ceux qui ont été avant vous afin que vous atteigniez la piété ». Donc il y a une finalité au jeûne qui est l’atteinte de la piété. Et la piété est définie dans le Coran, Sourate 2 verset 177 comme la croyance en Dieu, l’accomplissement de la prière et la bonté vis-à-vis des créatures de Dieu. C’est dire qu’à l’entrée de Ramadan, je dois faire une photographie de moi, de mon état intérieur et de mon comportement.
Quelles sont mes faiblesses, et quelles sont mes forces ? Et je me fais la promesse de rentrer dans Ramadan pour exceller dans mes forces et me départir de mes faiblesses. Chaque soir, je vais faire le bilan. Parce que le prophète (saw) a dit « Nombreux sont ceux-là dans le mois de Ramadan qui n’auront récolté que la faim et la soif ». Cela veut dire qu’il y a des gens qui ratent leur Ramadan si fait qu’il est nécessaire qu’on fasse au quotidien le bilan de sa journée. Parce que le prophète (saw) a également dit « toutes les invocations du jeûneur avant qu’il rompt son jeûne sont exaucées ».
Le troisième élément, quand on observe le jeûne, c’est la motivation. Il faut le faire par amour pour Dieu. On n’observe pas le jeûne parce que c’est une obligation pour nous, on le fait parce que ça nous fait plaisir de plaire à Dieu à travers le jeûne.
Et le quatrième et dernier élément, c’est de choisir une bonne compagnie. Le prophète (saw) a dit « Faites attention à votre compagnie, car chacun d’entre vous sera ressuscité avec les gens de sa compagnie ».
Donc si on respecte ces quatre éléments, à la fin on aura réussi notre jeûne insh’Allah.
Par Boureima DEMBELE