26 civils tués dans deux villages le mardi 21 mai dernier. Une religieuse assassinée à Nola, un autre village de la Centrafrique. La sœur franco-espagnole, 77 ans qui, en plus de son service religieux apportait une aide de taille aux malades et enseignait la couture aux jeunes filles en difficulté, a été retrouvée égorgée, son corps découvert dans la nuit du dimanche 19 au lundi 20 mai 2019. Si les auteurs de l’acte barbare ne sont pas encore identifiés, il faut dire que Sœur Inès Nieves Sancho, elle était pratiquement comme une fille de Nola, cette petite localité bien paisible d’habitude dont elle partageait depuis plusieurs années, le quotidien tranquille des habitants. Rien ne peut justifier cet acte ignoble qui endeuille la communauté catholique des filles de Jésus à laquelle appartenait la sœur qui, en plus, a donné sa vie pour Jésus au service des pauvres, comme l’a relevé, indigné, le pape François, après la découverte macabre. La consternation est totale, d’autant plus que ce crime odieux, coïncide avec une tuerie à ciel ouvert, attribué au groupe armé des «3R» (Retour-réclamation-réhabilitation). Une trentaine de morts sont déplorés selon le bilan provisoire de ce massacre qui, selon les autorités centrafricaines a été froidement planifiée par les «3R», spécialisés dans les attaques contre les populations civiles. La République centrafricaine renoue-t-elle avec le cycles des violences sanglantes qui en ont fait une des zones de l’Afrique où la paix se fait toujours désirer?
Le mercure de l’insécurité qui est plus ou moins tombé depuis la signature en février dernier de l’accord de cessez-le-feu entre le gouvernement et les groupes armés remonte. Ces mouvements qui écument la Centrafrique pour le plus grand malheur des populations civiles n’ont réellement jamais déposé les armes. Pire, ils font voler en éclat l’accord de Khartoum, le énième qui aura tenté de ramener la Centrafrique sur les chemins de la paix et de la stabilité politique. Pays de toutes les convoitises, du fait de la richesse inouïe de son sous-sol en diamants et autres minerais et de ses immenses forêts, la Centrafrique demeure également un foyer de guerre, ou au mieux, un volcan dormant, en attente d’éruption. Comme si elles ne disposaient d’aucune autre arme plus dissuasive contre le groupe de Abass Sidik, les gouvernants centrafricains et la Mission de Nations unies pour la Centrafrique (Minusca), lui ont lancé un ultimatum. Cette sommation portera-t-elle les fruits escomptés pour un retour à la paix en Centrafrique? Rien n’est moins sûr! Les «3R» qui font pourtant partie des 13 groupes armés ayant affirmé leur adhésion au processus de «Désarmement, démobilisation, réinsertion et rapatriement (DDRR), n’en sont pas à leur première forfaiture en matière de tueries dont les civils sont malheureusement les principales cibles. Qui plus est, quelle portée peut avoir un ultimatum dans une Centrafrique où la guerre civile et les violences de toute sorte, ont trouvé un terreau fertilisé par la course au pouvoir et la pratique presque cultuelle des crimes rituels?
Si l’on n’y prend garde, cette première grande tuerie en Centrafrique, depuis février dernier, pourrait bien signer le retour des vieux démons, qui, visiblement n’étaient pas allés trop loin de Bangui et rôdent toujours dans les villages centrafricains. En tout cas, comme la plupart de ces actes, faciles à signer mais difficiles à mettre en œuvre surtout dans la durée, celui dit de Khartoum, vient de faire la preuve que les accords sont faits pour être violés. Puisse l’Archange Faustin Tuadera veiller sur le cessez-le-feu pour le bonheur de son peuple qui ne sait plus à quel saint se vouer.
Par Wakat Séra