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Mauritanie: la victoire du général passe mal

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Le candidat du pouvoir Mohamed Ould Ghazouani, déclaré vainqueur par les résultats provisoires (Ph. SIA KAMBOU AFP)

Mohamed Ould Ghazouani est le nouveau président de la Mauritanie. Les résultats, certes provisoires de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), créditent le candidat du pouvoir de 52% des suffrages exprimés, à l’occasion de la présidentielle du samedi 22 juin 2019. Le chiffre est comme taillé sur mesure, juste pour éviter un score à la soviétique, mais suffisant pour couper l’herbe sous les pieds de l’opposition qui compte s’unir derrière un candidat dans un second tour qu’elle estime incontournable. Raison pour laquelle l’ire des opposants est grande, eux qui ont compris, trop tard peut-être, que leurs ambitions pour prendre le pouvoir cette années ont été tuées dans l’œuf. Même la grande marche que l’opposition a annoncée pour ce lundi 24 juin n’a pas eu lieu. Les raisons de ce rendez-vous manqué sont liées selon certains à l’entrée des Mourabitounes, l’équipe nationale de la Mauritanie dans la coupe d’Afrique des nations (CAN 2019) qui se déroule en Egypte. D’autres rapprochent la non tenue de la manifestation à sa mauvaise organisation. En tout cas, les forces de l’ordre, grenades lacrymogènes aidant, ont découragé les contradicteurs du nouvel homme fort de Nouakchott. Pour décourager les téméraires qui voudront entrer en mode protestation, des interpellations policières ont été mises à contribution par le pouvoir.

C’est clair, le durcissement de ton des forces de sécurité n’est que la continuité de la main de fer qui dirigeait la Mauritanie. C’est du reste, dans cette logique que la passation de pouvoir sous forme d’élection, s’est faite entre généraux. Le général Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a le mérite de respecter la constitution de son pays, ayant subtilement passé le témoin à son dauphin et homme de confiance, le général Mohamed Ould Ghazouani. L’alternance déguisée, conduira-t-elle la Mauritanie, sur les voies véritables du processus démocratique? Rien n’est moins sûr si l’on s’en tient aux premiers signaux de répression émis par le pouvoir face aux manifestants contre les résultats provisoires de la présidentielle. Si les violences électorales ne figurent pas dans l’histoire de la protestation en Mauritanie, il faut tout de même craindre des dérives possibles. Une fois le dos au mur, les opposants et les amoureux de l’alternance démocratique, la vraie, pourraient se radicaliser dans leur position. Et comme au Soudan où en Algérie où le nettoyage de tout le système est réclamé et conduit de ce fait le pas à l’impasse, la Mauritanie pourrait se retrouver face à une situation qui mettra le pouvoir en mauvaise posture. Le drame, quand la chienlit s’installe du fait des politiciens, c’est le développement du pays qui est mis entre parenthèses, pour le malheur de populations qui n’aspirent qu’au mieux-être dans la liberté d’expression et le respect des droits humains.

Le pouvoir mauritanien lâchera-t-il du lest pour l’avènement d’une démocratie véritable? L’opposition mauritanien demeurera-t-elle dans l’esprit citoyen de revendication selon les voies prescrites par la constitution? En tout cas, chaque partie doit savoir raison garder dans l’intérêt général d’une Mauritanie en quête de performances socio-économiques pour sa marche vers le développement.

Par Wakat Séra