Le sergent-chef Mohamed Lahoko Zerbo poursuivi dans le dossier du putsch manqué de 2015, a soutenu ce vendredi 5 juillet 2019, devant le tribunal, après la plaidoirie de son avocat, qu’il n’est ni inhumain ni un monstre comme les gens le qualifient.
« Je suis ni inhumain ni monstre », a d’entrée de jeu lancé le sergent-chef Mohamed Lahoko Zerbo, à l’endroit de ceux qui l’ont qualifié ainsi à la suite des événements du 16 septembre 2015 et jour suivants.
Ce sergent-chef de l’armée burkinabè, instructeur commando, qui a plaidé l’acquittement, a rappelé qu’il a exécuté une mission d’observation du côté ouest du palais présidentiel, sans savoir ce qui se passait à la présidence. « J’étais sur les lieux parce qu’on m’a appelé et non par mon propre chef », a-t-il indiqué, notant que ce sont des ordres qu’il a exécutés.
Cet accusé qui a également effectué une mission à Gourdri, a laissé entendre que dans l’armée « le subordonné exécute des ordres », il « ne décrète pas », s’excusant auprès des personnes qu’il a pu offenser dans l’exécution de ses missions sans le savoir.
En ce qui concerne les patrouilles, le sergent-chef Zerbo a dit qu’il n’a pas fait de patrouille, ni fait du maintien d’ordre.
Tout comme pour le sergent-chef Mohamed Lahoko Zerbo, Me Idrissa Badini a plaidé l’acquittement pour ses autres clients. Il s’agit du soldat de première classe Amadou Ly et l’adjudant Ardjouma Kambou.
Pour cet avocat, les faits reprochés à ses clients ne sont pas constitués. « J’ai la certitude que mes clients seront acquittés », a soutenu Me Badini. Il a sollicité une « clémence exceptionnelle » du tribunal, au cas où il retiendrait quelque chose contre ses clients. Selon lui il ne faut pas perdre de vue que c’est un milieu militaire, « un monde qui a sa spécificité ».
« Je vous demande donc de rester juge, rendre justice tant aux victimes qu’aux accusés », a-t-il conclu.
Me Aouoba Zaliatou, également, a souhaité la relaxe des accusés qu’elle défend dans ce dossier. Ses clients sont l’adjudant Michel Birba, le Malien Sidi Lamine Oumar et un autre accusé, qu’elle a demandé à plaidé sa cause ultérieurement.
Dès l’entame de sa plaidoirie, Me Aouoba a tenu à revenir sur l’intégrité du dossier et l’absence d’expertise balistique. Pour elle le dossier a été « manipulé » ce qui rend son intégrité douteuse. Elle a aussi félicité le tribunal pour la conduite du procès.
Selon Me Aouoba Zaliatou, les faits reprochés à ses clients ne sont pas constitués et au pire des cas il y a un doute sur leur culpabilité et le doute profite à l’accusé. Elle a par conséquent sollicité leur acquittement.
Pour le cas de Sidi Lamine Oumar, elle a indiqué que le tribunal n’est pas qualifié à connaître les faits d’incitation à lui reprochés, notant que cela est de la compétence des juridictions de droit commun, vu qu’il est un civil.
Elle rejette l’accusation comme quoi M. Sidi aurait proposé un appui en hommes au général Gilbert Diendéré. « Je n’ai jamais incité le général. Je ne peux même pas l’inciter », a appuyé Sidi Lamine Oumar.
Ce Malien et le général se sont connu en faveur des négociations inter-malien. Il est au Burkina depuis 2013 et souhaite obtenir la nationalité burkinabè.
L’audience a été suspendue vers 17h. Elle reprendra le lundi 8 juillet 2019.
Par Daouda ZONGO