L’adjudant-chef Moussa Nébié dit «Rambo» et le caporal Sami Dah, accusés, dans le dossier du putsch manqué de 2015, d’avoir commis un attentat à la sûreté de l’Etat, meurtres, coups et blessures volontaires, entre autres, ont plaidé «coupable» pour les faits d’attentat et «non-coupable» pour les autres accusations dans lesquelles ils ne s’y reconnaissent pas.
Les deux militaires de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’adjudant-chef Nébié et le caporal Dah, qui ont reconnu des faits qu’ils ont posés durant les événements du 16 septembre 2015 et jours suivants, ont plaidé coupable des faits d’attentat à la sûreté de l’Etat mais ont rejeté les autres infractions, notamment les meurtres, coups et blessures volontaires, dégradation aggravée de biens d’autrui et incitation à commettre des actes contraires à la discipline et au règlement, demandant l’acquittement à ces niveaux.
L’adjudant-chef Moussa Nébié dit «Rambo» et le caporal Sami Dah faisaient tous partie du commando qui a procédé à la prise en otage des autorités de la transition dont le président Michel Kafando. Rambo est celui qui a arrêté le chef de l’Etat et le caporal Dah faisait le guet. Après la prise d’otage ils sont allés chercher le général Gilbert Diendéré à son domicile et ils resteront dans la sécurité du général.
« Rambo victime de son nom »
Leurs avocats qui sont respectivement Solange Zeba et Me Antoinette Boussim, ont invité le tribunal à tenir compte de l’absence d’intention coupable et des circonstances atténuantes, dans sa prise de décisions. Pour elles, leurs clients ont posé des actes malgré eux car exécutant des ordres de leurs supérieurs.
«Bien de circonstances atténuantes existent à l’égard de Sami Dah», a insisté son conseil Me Antoinette Boussim qui a rappelé que son client a eu à déjouer une prise d’otage du Premier ministre en juillet 2015, ce qui prouve que les actes qu’il a posés le 16 septembre 2015 et jours suivants ont été faits malgré lui. «Il a été l’un des accusés à collaborer pour l’avancée de l’enquête», a-t-elle poursuivi, demandant au tribunal de lui permettre de continuer «de se battre pour les autres». Elle a trouvé la réquisition du parquet à l’égard du «pauvre caporal» trop lourd, 15 ans ferme alors que des officiers qui lui donnaient des ordres s’en sont sortis aux yeux du parquet avec 15 mois avec sursis et d’autres cinq ans.
Quant à Me Solange Zeba, elle a laissé entendre que son client l’adjudant-chef Moussa Nébié devrait bénéficier des circonstances atténuantes pour n’avoir pas user de violence lors de l’arrestation du président Kafando.
«Ce qu’il a fait ne saurait rester impuni», a dit Me Zeba mais soutenant qu’au regard du contexte et de l’attitude de son client au moment des faits, il faut lui appliquer la peine minimale.
Tous les deux ont demandé pardon aux victimes ainsi qu’à leurs familles et ont sollicité la clémence du tribunal. L’adjudant-chef Nébié qui dit être « victime de son nom Rambo », a demandé pardon au président Michel Kafando et l’a remercié pour avoir dit la vérité dans son procès-verbal d’audition. Il a également sollicité le pardon du président du tribunal pour ses écarts de langage au cours de son audition à la barre.
Autres plaidoiries
Au cours de l’audience de ce mardi 9 juillet 2019, les avocats Me Régis Bonkoungou et Me Mahamadi Sawadogo ont aussi plaidé pour leurs clients. Me Bonkoungou défend les intérêts du sergent-chef Sanou Ali, du soldat Boureima Zouré et Me Sawadogo est le conseil du soldat Seydou Soulama. Les deux avocats ont demandé à ce que leurs clients soient relaxés pour infractions non-constituées.
«Je ne suis pas un criminel, je ne suis pas méchant (…) le parquet veut me faire douter de mon éducation», a soutenu le sergent-chef Ali Sanou notant que «le parquet n’a pas fait son travail».
Suspension provisoire des plaidoiries
Ce mardi 9 juillet, la phase de la plaidoirie a été provisoirement suspendue pour examiner la demande de mise en liberté provisoire de l’accusé Yacouba Kinda arrêté le 23 novembre 2018 à son domicile, à la suite d’un mandat d’arrêt pris en mars 2017 contre lui. Le tribunal avait rendu une décision de disjonction de procédure. Il sera donc jugé au cours d’une session autre que celui qui se tient actuellement à la salle des Banquets.
Pour son avocat Me Olivier Somé, la détention du commerçant Kinda est «arbitraire» car il a passé quelque temps à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA) sans être notifié de ce pour quoi il a été arrêté. Le parquet a sollicité le rejet de la demande comme étant mal fondée, au fond. Le délibéré sera connu le lundi 15 juillet 2019.
L’audience a été suspendue à 16h et elle reprendra demain mercredi 10 juillet 2019.
Par Daouda ZONGO