Accueil A la une Sentiments anti-français en Afrique: attention à ne pas en faire trop!

Sentiments anti-français en Afrique: attention à ne pas en faire trop!

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La force Barkhane était sur le front dans l'Est du Burkina (Ph. defense.gouv.fr)

Ce sont les Français qui sont à la base de l’insécurité causée par les terroristes au Mali et au Burkina Faso, pour ne pas dire dans le Sahel. Ce sont les Français qui arment les djihadistes et en profitent pour piller les richesses de ces pays. Ce sont les Français qui laissent faire et au bout du compte contraignent les dirigeants africains à signer avec eux, des accords à leur profit et au détriment des Africains. En somme, ce sont les Français qui sont de véritables pyromanes qui mettent le feu partout en Afrique pour que la neige continue de tomber sur les Pyrénées. Le chapelet des récriminations contre la France est fastidieux à égrener dans un contexte burkinabè où l’insécurité causée par les attaques quotidiennes contre les vaillantes Forces de défense et de sécurité et contre d’innocentes populations civiles amène à trouver, dans un empressement suicidaire, un bouc émissaire. Et la France est vite pointée du doigt. Pourtant, c’est cette même France accablée des sept péchés capitaux qui répond toujours aux SOS du Burkina Faso pour réfréner l’ardeur de terroristes insatiables. Ce fut encore ainsi, avec l’intervention des éléments de la Force française Barkhane pour renforcer le camp militaire de Djibo à l’occasion de la tenue mi-septembre à Ouagadougou, du sommet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Il a donc suffi de cet épisode de l’appui des Français pour nouer le garrot de Djibo, parenthèse refermée du reste dès le 16 septembre avec le repli des «Macron boys» pour que naisse la rumeur d’une installation de base militaire française dans cette ville du sahel burkinabè qui se mue progressivement en sanctuaire pour les forces du mal. A qui profitent ces allégations pour la plupart infondées qui jettent en pâture les intérêts et pire les ressortissants français? D’ailleurs, pourquoi se cacher derrière une souveraineté de façade dont les dirigeants font vite fi sur le plan économique, surtout quand ce sont des accords où des intérêts individuels et très égoïstes sont privilégiés? En tout cas, si à ce stade nos intrépides militaires peuvent avoir un coup de main de leurs compagnons d’arme français pour que le Burkina retrouve sa quiétude d’antan, on ne cracherait sans doute pas dessus. Sans donner la communion sans confesse aux Français qui sont accusés, à tort ou à raison, de laisser faire les terroristes, on ne peut que faire l’heureux constat de leur apport dans la défense de notre territoire dont une bonne partie pourrait échapper, à Ouagadougou. Les habitants de ces zones rurales harcelées par les terroristes ne savent plus à quel saint se vouer, abandonnant dans leur fuite terre et bien, pour se résigner à l’exil dans leur propre pays. Aucun secteur socio-économique n’est épargné par ce fléau terroriste qui détricote notre cohésion sociale, met à genoux notre éducation et tue à petit feu notre économie.

Et si on changeait de rhétorique sur la présence militaire française au Burkina? Ce serait en tout cas le meilleur service que nous rendrions, à la «fière Volta» que nous ont léguée nos illustres hommes politiques de la trempe de Ouezzin Coulibaly, Nazi Boni, Zinda Kaboré, pour ne citer que ceux-ci et au Burkina Faso, ce pays des courageux «Hommes intègres» qu’a imposé la révolution de Thomas Sankara sur la scène internationale et dans le livre de l’histoire des nations. Pour ne pas vendanger l’héritage de ces hommes de valeurs qui ont compris, comme le Nigérian Chinua Achebe que le tigre ne réclame sa «tigritude» mais «bondit sur sa proie et la déchire», il est urge de sortir de notre répertoire de revendications nationalistes désuètes, des affirmations et comportements anti-français qui font de la France la cause de tous nos misères. Certes, le pays du Général De Gaulle porte le péché originel de la colonisation et bien avant cette tare, avec d’autres puissances, la plaie infecte de l’esclavagisme. Mais bien que faisant partie intégrante et intégrale de notre histoire, ces époques immondes ne sauraient continuer à justifier toutes seules ce sentiment anti-français. La lutte pour notre développement ne saurait passer par Paris, mais c’est à nous de montrer, comme d’autres, tel le Rwanda l’ont fait après un génocide monstrueux, que nous ne voulons plus sous-traiter notre sécurité. Et ce n’est pas par la parole, mais des actes.

Par Wakat Séra