Le secrétariat national de l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC) qui s’occupe du volet santé, a animé ce samedi 2 novembre 2019, une conférence de presse sur la crise sanitaire que traverse le Burkina Faso. Les conférenciers qui disent avoir entrepris des actes de médiation entre les protagonistes de cette crise craignent un « durcissement » du mouvement des agents de la santé après les « coupures massives » qu’ils ont subi pour faute de grève.
La rencontre avec les syndicats a permis aux médiateurs de l’UPC d’écouter les partenaires sociaux afin de comprendre la genèse de la crise ainsi que ses tenants et aboutissants, et ensuite d’avoir avec leurs interlocuteurs, des propositions de sortie de crise. Les échanges se sont déroulés dans une ambiance cordiale et empreinte de sincérité, a indiqué Dr Steve Léonce Zoungrana, secrétaire national de l’UPC en charge de la Santé.
Les conférenciers justifient le sens de leur démarche par la gravité de cette crise. Le parti du Lion avait constaté une « dégradation sans précédent de la situation dans le secteur de la santé, privant les populations de soins adéquats. Dans le domaine des interventions chirurgicales en particulier, la situation s’était davantage dégradée à un niveau jamais égalé dans notre pays. Les CHU de Ouagadougou (Yalgado, Tengandogo, Bogodogo) et de Bobo-Dioulasso (Sanou Souro) sont saturés du fait du nombre élevé d’évacuations sanitaires locales et en provenance de l’intérieur du pays », a rappelé M. Zoungrana.
Il a ajouté que l’autre conséquence de cette crise, et pas des moindres, était celle portant sur la baisse de la qualité de la formation des paramédicaux et des médecins dans les établissements sanitaires. « Les étudiants en médecines, les élèves des Ecoles nationales de santé publiques (ENSP) et des écoles privées de santé verraient leurs formations sérieusement compromises.
L’absence de données statistiques compromettrait aussi la surveillance épidémiologique, exposant le pays à des épidémies qui pourraient survenir sans que l’alerte ne soit donnée plus tôt », s’est alarmé le conférencier principal, soulignant que cette situation serait contraire au Règlement sanitaire international (RSI) auquel notre pays a souscrit.
Des échanges que les médiateurs ont eu avec cinq syndicats des travailleurs de la santé dont le principal syndicat, le SYNTSHA, il ressortirait des points d’achoppements entre les deux protagonistes de la crise. Il s’agit « des problèmes de carrières des agents de la santé ; des problèmes liés à la non-application de la Loi sur la Fonction publique hospitalière (FPH) et des points de la plateforme du SYNTSHA ; de l’absence de discussion avec le SYMEB (Syndicat des Médecins du Burkina) sur l’ensemble des points de sa plateforme sauf la FPH ; des problèmes liés aux équipements ; des menaces et intimidations ; de la mesure de gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de 0 à 5 ans, adoptée dans la précipitation ». La conséquence de tous ceci, selon les médiateurs de l’UPC, est la « rupture de la confiance et du dialogue » entre les deux protagonistes de la crise.
Les syndicats ont émis le « vœu » de voir le gouvernement renouer le fil du dialogue rompu depuis le 26 Juillet 2019 pour le SYNTSHA, et le 11 Juillet pour les autres syndicats de la santé, ont signifié les conférenciers qui ont déploré « malheureusement, avoir adressé une correspondance au ministère de la Santé depuis deux semaines » qui n’a pas toujours pas répondu. Toutefois, les médiateurs disent ne désespérer et ne doutent pas de la bonne foi du ministère de la Santé.
Mais, selon les informations de premières mains que les médiateurs de l’UPC disent détenir, notamment les coupures massives » que le gouvernement a opéré sur les travailleurs pour faits de grève, si le dialogue n’est pas renoué, la crise sera de plus en plus profonde avec ses conséquences qui déjà causent d’énormes torts aux populations qui elles ne savent plus à quel sain se vouer.
Cette sortie médiatique, a souligné le secrétaire national chargé de la santé de l’UPC, Dr Steve Léonce Zoungrana, ne vise pas pour leur part une quelconque prise de position mais une transparence et une volonté à rassembler les protagonistes afin de trouver la solution à cette crise.
Par Mathias BAZIE