Emmanuel Macron est attendu en Côte d’Ivoire du 20 au 22 décembre 2020. Pour attendre son précieux hôte qui y passera deux bonnes nuits, Abidjan a opéré sa grande toilette et les drapeaux français et ivoiriens flottent dans une harmonie qui illustre comme la parfaite entente entre les deux présidents de la France et de la Côte d’Ivoire. Bouaké, citée chargée de l’histoire de la rébellion qui a avait divisé la Côte d’Ivoire en deux dans les années 2000, sera également de la fête. C’est dans cette ville symbole que le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara et son homologue iront se recueillir en mémoire des neuf soldats français et du soldat américain, qui, selon l’histoire écrite par les vainqueur étaient tombés sous les balles de l’aviation de l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo. Bien que ce bombardement reste encore un mystère lourd à couper au couteau, et que même la justice ivoirienne n’a pas pu dénouer entièrement pour l’instant, Emmanuel Macron, après avoir joué les «Papa Noël» auprès des soldats français stationnées en Côte d’Ivoire, se rendra à Bouaké où aucun président français n’a mis les pieds depuis le malheureux événement. Certes, le séjour ivoirien ne durera pas une éternité, mais les deux nuits sont assez importantes dans un contexte sous-régional africain fortement marquée par un fort sentiment anti-français.
En dehors des questions de coopération classiques et celle officielle de la Nativité qu’Emmanuel Macron fêtera avec ses «vaillants soldats», quelques jours avant le jour J de Noël, cette visite aura sans doute une forte odeur de lutte contre l’insécurité. Il faut dire que le risque de contagion des attaques terroristes se profile plus que jamais dans une Afrique de l’ouest dont la région sahélo-saharienne est infestée par les djihadistes et autres bandits de grand chemin. Pire, voisin de la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, destination déconseillée, officiellement ou pas, par la plupart des pays occidentaux, est frappé presqu’au quotidien par les attaques des «individus armés non identifiés». Malgré le courage et la détermination des Forces de défense et de sécurité, et le coup de main conséquent des soldats de la force française Barkhane, l’hémorragie ne semble pas prête de s’arrêter. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, les conflits intercommunautaires s’intensifient au Burkina et au Mali, deux pays avec lesquels la Côte d’Ivoire partage des frontières et qui sont considérés comme le ventre mou de la lutte contre le terrorisme. En tout cas, la visite de Emmanuel Macron en Côte d’Ivoire n’est pas du goût de tout le monde, de petits malins ayant remis sur les réseaux sociaux, une vieille vidéo, dans laquelle une altercation oppose des Ivoiriens à des soldats français lors d’un contrôle. Nous étions tombés dans le piège comme le voulaient les auteurs de cet enregistrement, croyant que cette bagarre était due au renforcement de la sécurité, à cause de la visite du président français.
Mais, Macron mettra-t-il sur la table les questions qui fâchent, comme celle du troisième mandat que son hôte aurait l’intention de briguer? En attendant d’en savoir plus, hasard du calendrier ou pas, le retour du fils prodigue, Guillaume Soro annoncé pour le 22, été reporté au 23 décembre, lendemain du départ de Emmanuel Macron. Des tee-shirts à l’effigie dorée de l’ancien président de l’Assemblée nationale pullulent déjà dans la capitale ivoirienne. Akwaba* Macron!
Par Wakat Séra
*Akwaba: bonne arrivée