Cinq civils tués dans la nuit du lundi 24 au mardi 25 février dans le Centre-nord du Burkina Faso. La veille et dans la même région, une patrouille de la police nationale est tombée dans une embuscade. Bilan, quatre personnes tuées dont trois policiers et cinq blessés. Dans le même temps, le président du Faso, passait le témoin de président du G5 Sahel au chef de l’Etat mauritanien, Mohamed Ould El-Ghazouani. C’était l’un des temps forts de la VIè session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat du G5 Sahel, de ce 25 février 2020 à Nouakchott en Mauritanie. Ainsi se passe la vie des institutions. Et c’est l’occasion pour les sortants de présenter leur bilan, qui, est toujours «satisfaisant». Le passage de flambeau entre le Burkinabè Roch Marc Christian Kaboré et son homologue mauritanien n’a pas dérogé à la règle. Sauf que le G5 Sahel, que forment la Mauritanie, le Tchad, le Burkina Faso, le Niger et le Mali, peut difficilement se targuer d’acquis, la force conjointe peinant à faire tourner véritablement la machine. Ses détracteurs affirment même que son avenir, si avenir elle a, est sombre. Toute chose qui suscite de nombreuses interrogations sur son efficacité dans le combat contre le terrorisme et le grand banditisme qui frappent ses pays membres.
En tout cas, qu’elle vivote, à défaut de pouvoir tourner à plein régime afin de donner de l’espoir aux populations résignées à la résilience, est déjà le moindre mal. Mais le nerf de la guerre lui faisant cruellement défaut, la force conjointe G5 Sahel reste défaillante sur un terrain où le terrorisme s’épanouit au grand dam de populations qui ne savent plus à quel protecteur se vouer. Les attaques terroristes ne se comptent plus et après avoir pilonné sans répit les positions des armées nationales des pays du Sahel, les «hommes armés non identifiées» s’en prennent maintenant aux civils aux mains nues qui n’ont d’autre alternative que de fuir leurs villages, abandonnant derrière eux terres et autres biens. Dans leur départ forcé devenu quotidien, les nouveaux exilés viennent grossir les rangs des milliers de déplacés dont certains sont rassemblés dans des endroits où la précarité est la chose la mieux partagée. Cette crise humanitaire sans précédent se conjugue malheureusement avec les conflits inter-communautaires, surtout au Mali et au Burkina Faso, que nombre d’observateurs qualifient, à tort ou à raison de ventre mou de la lutte contre le terrorisme. Quand on sait que ces deux pays ont crucialement mal à leur cohésion sociale, il est fort à craindre que ces frictions sanglantes et récurrentes ne continuent de faire le lit du terrorisme qui avait déjà trouvé dans la misère de populations ignorées dans les plans de développement un terreau fertile.
Le G5 Sahel est en tout cas à la croisée des chemins, mais risque d’y rester tant qu’il continuera à tendre la sébile, et à ne pas repenser sa stratégie de combat en faisant par exemple appel à un pays comme l’Algérie qui, constitue un maillon essentiel dans cette lutte. Mais peut-être que la Mauritanie qui n’est plus vraiment touchée par les attaques terroristes, partagera son secret avec les autres membres du G5 Sahel dont son chef de l’Etat, Mohamed Ould El-Ghazouani, vient de prendre les commandes.
Par Wakat Séra