L’Afrique est plus ou moins épargnée par le Covid-19, en comparaison avec d’autres continents, notamment l’Asie et l’Europe. En dehors de l’Algérie avec ses 25 contaminations et un décès, l’Afrique du sud et ses 13 cas, ou le Sénégal avec ses 8 cas et le Maroc avec ses six personnes contaminées, le nombre de malades du coronavirus dépasse, pour l’instant en tout cas, rarement deux ou trois, par pays. Le fléau est loin d’avoir pris pied en Afrique, mais le continent n’attend pas passivement cet hôte indésirable et même fui comme la peste. En plus des mesures prises pour empêcher ce voyageur qui n’a besoin ni de passeport, encore moins de visa pour prendre l’avion, le bateau, le train ou la voiture d’entrer sur leurs territoires, les autorités politiques et sanitaires prennent même des décisions qui passent difficilement auprès des populations. C’est le cas du Burkina Faso qui a connu d’abord connu une alerte sans frais avant d’être confronté à ces deux cas confirmés actuels, un couple de pasteurs confiné et soigné au Centre hospitalier et universitaire de Tengandogo. Le gouvernement burkinabè a annoncé la suspension des rencontres d’envergure nationale et internationale jusqu’au 30 avril. La mesure concerne aussi bien les manifestations publiques que privées et s’étend également à la fermeture des salles de spectacles, des discothèques, etc., tout comme elle interdit les rassemblements de «plusieurs personnes». Et dans le même temps, il importe de respecter les mesures préventives de l’OMS, notamment le geste simple mais ö combien salutaire du lavage des mains.
Un véritable bouclier contre le Covid-19. C’est bien de cela qu’il s’agit, tout en évitant de renforcer la psychose générale qui s’est installée et a fait rafler dans les supermarchés, tout le stock de gel hydro-alcoolique pour les mains. Le précieux liquide, dont le prix est passé du simple au quadruple ne peut, du reste, s’obtenir que sur commande. C’est sans doute cette même peur panique qui pourrait conduire certains à cacher leur statut de contaminé. A preuve, sur les 120 personnes qui auraient été en contact avec le couple infecté, seulement une douzaine d’entre elles se seraient présentées volontairement aux services mises en place par le ministère de la Santé. Or une propagation de ce virus, notamment dans un quartier populaire et précaire est fortement à redouter, compte tenu du dénuement légendaire des centres de santé en Afrique. Il est important, qu’en plus des mesures, la sensibilisation soit tous azimuts afin que chaque Burkinabè prenne conscience que les efforts individuels sont primordiaux dans la riposte. De plus, le gouvernement doit renforcer le système sanitaire et plus particulièrement épidémiologique en équipant davantage les hôpitaux de référence et même les plus petits centres de santé fréquentés par les nombreux burkinabè démunis. Malheureusement, mille et un remèdes, des plus farfelus aux plus invraisemblables inondent tous les jours les réseaux sociaux, rendant plus compliquée la lutte contre cette maladie à coronavirus qui contaminent les personnes et l’économie mondiale. La dimension internationale de la crise s’est plus que jamais imposée et les regroupements régionaux ou internationaux doivent en prendre toute la mesure pour penser une stratégie à l’échelle continentale, surtout pour une Afrique aux frontières poreuses et ancrée dans une tradition de la vie en communauté, donc de promiscuité.
En tout cas, nombre de pays africains pouvant difficilement faire face au «virus à la couronne», mieux vaut éviter qu’il s’installe sur un trône de roi, et pour ce faire, seule la prévention de l’individu dans le collectif est de mise. Du reste, comme le dit si bien l’adage universel, «il vaut mieux prévenir que guérir». Et il faut le dire, si les pays dits nantis de l’Europe, de l’Asie et les Etats-Unis ont autant de mal pour faire face à la maladie, qu’adviendra-t-il des pays africains où le minimum vital est encore loin d’être un acquis?
Par Wakat Séra