Accueil Editorial France : Macron en apprentissage, leçons de démocratie pour l’Afrique

France : Macron en apprentissage, leçons de démocratie pour l’Afrique

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C'est main dans la main que l'ancien, Hollande et le nouveau, Macron marchent (Ph. Reuters/Stéphane De Sakutin)

Le nouveau président de la France n’a que 39 ans. Mais à peine élu, et sans avoir récupéré les clés de l’Elysée des mains de François Hollande, Emmanuel Macron doit faire face, comme un grand, à la kyrielle de défis qui s’imposent aux Français actuellement, les menaces sécuritaires et le front social étant bien entendu les priorités de l’heure. Mais en attendant, le désormais ancien président du non moins ancien mouvement En Marche, devenu La République en marche, doit trouver les hommes capables d’aller à la conquête des 577 locataires du palais Bourbon pour lui garantir une majorité parlementaire pour gouverner. La tâche ne sera pas des plus simples, même si le parti Les Républicains est plus proche de l’implosion que du recollage des morceaux qui ont volé en éclats avant la présidentielle et que pour les mêmes raisons, le Parti socialiste est en ordre dispersé. En pleine déconfiture, la Droite et la Gauche baisseront-elles définitivement pavillon au profit d’un Front National qui réalise une percée fulgurante et d’une République en marche dont l’appétit vient en mangeant ? C’est en cela que les prochaines législatives seront déterminantes pour une France peut-être dans une phase décisive de la régénérescence  de sa classe politique.

S’il dit connaître déjà le nom de son futur premier ministre alors que le mystère reste encore entier pour l’intéressé lui-même et le public, Emmanuel Macron vient d’entamer son apprentissage sous la houlette de son très protecteur prédécesseur aux côtés de qui il a déjà beaucoup appris. Lors de la commémoration du 8 Mai 1945, c’est le tenant presque par la main que François Hollande qu’on présente comme son père en politique, a marché avec son ancien secrétaire général de cabinet et ancien ministre de l’Economie et des finances. Dans une déclaration à la presse qui prenait des allures de testament, Hollande n’a d’ailleurs pas manqué de souligner que c’est dans ses pas que le Macron a marché avant de s’émanciper. Quelle sera la durée de vie de cette symphonie dans les actes et les paroles,  le scénario oedipien classique étant que le fils a toujours tué le père pour prendre sa place ? En tout cas, la passation de pouvoir est enclenchée et est même irréversible et malgré son jeune âge, Emmanuel Macron doit prendre tout seul les rênes d’un pouvoir qu’il n’a pas réellement souffert pour conquérir, tous ses véritables adversaires de Gauche ou de Droite ayant été comme par enchantement écartés de la course rattrapés par des scandales ou lâchés par leur famille politique. Le reste n’a été que simple formalité, un front républicain ayant pris forme pour contrer la xénophobie, l’europhobie, et le racisme, des menaces qui planaient sur la France et portées par le Front National.

Une chose est certaine, les leçons de démocratie servies une fois de plus par la France devraient servir à faire pousser la graine d’une véritable démocratie en Afrique. En effet, l’image émouvante de Hollande et Macron bras dessus-dessous, doit faire école en Afrique. Malheureusement, pour le moment, elle presqu’irréaliste sur le continent où il n’existe pas des adversaires, mais des ennemis politiques. Qui pis est, jusqu’à une période récente, les successions au pouvoir avaient pour mode opératoire des coups d’état souvent sanglants. Le chef de l’Etat sortant, s’il a la chance de n’être qu’embastillé, était rarement présent pour passer la main à son successeur qui est le plus souvent son bourreau. Et même quand la succession se décide par les urnes, à quelques exceptions près, comme au Ghana, l’animosité entre les politiciens est telle que le président sortant brille toujours par son absence au moment de passer le témoin.

Question : comment les résultats des élections sont-ils disponibles le soir même des votes en Occident alors qu’en Afrique ils prennent tant de temps pour être rendus publics ? Vivement  que ce secret soit également maîtrisé par les Africains au détriment des formules magiques de manipulation des vrais chiffres sortis du ventre des urnes.

Par Wakat Séra