La Coordination syndicale du ministère burkinabè de l’Economie et des Finances (CS-MEF), est en train de réfléchir sur la possibilité de porter devant les tribunaux, l’affaire de la révocation de trois membres de la structure, pour « acte grave ». C’est ce qu’a laissé entendre ses responsables à l’issue d’une rencontre qui a mobilisé 162 délégués et responsables syndicaux venus de toutes les contrées du Burkina Faso.
Une partie de l’opinion nationale a été choquée par une vidéo montrant une employée agressée par trois personnes appartenant au mouvement syndical qui observait un arrêt de travail le 19 mars dernier. Le gouvernement avait dénoncé cet acte et avait annoncé des sanctions à l’encontre des agresseurs. Cela a été effectif lors du Conseil des ministres tenu le 26 mai 2020.
Alors, c’est sans surprise que la question est revenue au cœur des échanges de cette assemblée générale et la CS-MEF s’est voulue claire sur le sujet. Cette question a été politisée au sommet de l’Etat pour briser l’élan du mouvement qui avait pris de « l’ascendance » sur le gouvernement dans le bras de fer qui les oppose sur la question de l’Impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS) élargi aux primes et indemnités.
Au regard de ces faits, « au niveau de la CS-MEF, nous sommes en train de réfléchir sur l’option de saisir le juge pour voir éventuellement la possibilité d’annuler cette décision de révocation », ont indiqué les responsable de la Coordination.
« Le ministère de l’Economie et des Finances est très politisé » de l’avis de Mohamed Savadogo, porte-parole de la CS-MEF. « La décision qui a été prise contre nos camarades est suffisamment politique et n’est pas en rapport avec ce qui s’est passé en réalité », s’indigne M. Savadogo selon qui ce qui s’est passé n’est qu’un « incident » qui avait été géré par la corporation.
Sur la gravité de l’acte dont ferait cas une certaine opinion, la CS-MEF rétorque faux, car « il n’y a pas eu de destruction de biens ou de préjudices subis. Il n’y avait pas d’usager qui s’est plaint de quoi que ce soit », a soutenu Zakaria Bayiré, secrétaire générale du Syndicat national des agents des impôts et du domaine (SNAID).
Pour la CS-MEF, le gouvernement vise à travers cette décision, « à seulement à semer la panique dans (les) rangs pour casser la lutte engagée farouchement contre l’IUTS ». C’est pourquoi elle appelle ses militants et sympathisants à ne pas se laisser divertir ou dévier pour « s’éloigner de la lutte contre l’IUTS ». « Nous n’allons pas marchander notre participation aux actions de la coalition CGT-B pour exiger la suppression pur et simple » de cette loi jugée « inique et abusive ».
Au regard de la « gravité de la situation », notamment, de leur département de tutelle, les congressistes syndiqués ont décidé de « lancer une souscription à l’échelle du MINEFID pour soutenir les camarades révoqués et faire face aux frais de la procédure judiciaires ». Ils ont condamnés « farouchement la dérive répressive du pouvoir en place vis-à-vis des travailleurs en lutte ».
Les militants ont donné quitus à la direction de la CS-MEF pour lancer un mot d’ordre d’avertissement afin d’exiger l’annulation de la décision de révocation des trois agents et l’arrêt des autres mesures répressives.
Par Bernard BOUGOUM