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Il est temps de repenser le G5 Sahel!

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Les dirigeants du G5 Sahel autour de Emmanuel Macron ( Ph. d'archives)

Le sommet du G5 Sahel qui s’est tenu, ce mardi 30 juin à Nouakchott en Mauritanie, avant la mise en œuvre des nouveaux engagements pris par les chefs de l’Etat du Niger, du Mali, du Burkina, du Tchad et bien entendu du pays hôte, avec à leurs côtés le président français, Emmanuel Macron, peut déjà s’enorgueillir d’un premier succès: sa tenue malgré les menaces du Covid-19, ce terroriste d’un autre acabit qui met le monde entier au pas. Première rencontre internationale au sommet qui se tient en présentiel et non virtuellement, sur le continent, et plus particulièrement dans la zone sahélo-saharienne après le confinement de rigueur imposé par la pandémie du coronavirus, cette réunion a également cela de particulier qu’elle intervient dans un contexte où la force française Barkhane accroche à son tableau de chasse, des scalps de chefs terroristes dont le dernier en date n’est autre que celui de l’émir de Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Abdelmalek Droukdel. Mais c’est également au moment où le sentiment anti-français se développe et que Barkhane en fait justement les frais. Et paradoxalement, les succès sur le terrain n’empêchent pas les massacres perpétrés au quotidien par l’hydre terroriste, dont la tête repousse, aussitôt coupée.

Les attaques des individus armés non identifiés ou signés par l’Etat islamique ou Aqmi, ou encore par leurs affidés, comme le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Gsim), pour ne citer que cette tentacule d’Aqmi, endeuillent sans distinction, les forces internationales, les armées nationales et les populations civiles, surtout au Mali et au Burkina Faso, considérés comme les ventres mous de la lutte contre le terrorisme au Sahel. Le Mali notamment, constitue un casse-tête pour la sous-région, son président, Ibrahim Boubacar Keïta, faisant face à une contestation inédite de la part d’une bonne partie des Maliens, avec à leur tête le Mouvement du 5 juin (M5) et le Rassemblement des forces patriotiques (RFP). Sur quoi débouchera cette crise socio-politique sans précédent qui risque bien de compliquer les plans de lutte du G5 Sahel, le dérouler des Accords d’Alger et la poursuite des opérations de Barkhane sur le terrain, surtout dans la zone dite des «Trois frontières», sanctuaire des djihadistes?

En tout cas, le sommet de Nouakchott qui a servi à faire l’état des lieux après les engagements pris à Pau en France est loin d’être stérile. En attendant la véritable opérationnalisation de Takouba, qui permettra au «sabre de bois» de faire tomber les têtes des «Barbus du désert», la recherche de solution pour éteindre le brasier libyen, véritable poudrière à ciel ouvert, et la judiciarisation des zones de conflit, Nouakchott ne doit pas être un sommet de plus. Il faut surtout que ce soit une étape d’ouverture du G5 Sahel qui, du reste, est toujours à la peine, le nerf de la guerre faisant défaut, aux autres pays de l’Afrique de l’ouest, comme la Côte d’Ivoire et le Bénin par exemple, qui sont désormais dans l’œil du cyclone.

Question: le G5 Sahel va-t-il continuer à tenir ses sommets et pourra-t-il mettre en place des stratégies de lutte sans l’Algérie et les Etats-Unis, les deux grands absents de Nouakchott? La crainte est d’autant plus grande, avec la menace de Donald Trump de retirer son pays du théâtre de lutte contre le terrorisme en Afrique. Il urge de repenser ce G5 Sahel en y associant pleinement, Algériens et Américains, qui sont des acteurs de premier plan dans le combat contre le terrorisme.

Par Wakat Séra