La mort subite du Premier ministre ivoirien, dans l’après-midi de mercredi 8 juillet, a plongé la Côte d’Ivoire dans le plus grand désarroi. Politiques et citoyens lambda pleurent un commis de l’Etat et un homme de qualité. Mais les plus inconsolables sont Alassane Ouattara et son parti le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) qui, en plus de perdre un collaborateur fidèle, sont devenus orphelins de candidat à la présidentielle prévue pour octobre prochain. En effet, si l’heure est encore au deuil de Amadou Gon Coulibaly, et que les hommages pleuvent toujours sur le cadavre encore chaud du Lion de Korhogo, il urge pour les siens de lui trouver un remplaçant pour porter le parti à la victoire. Adoubé par le président ivoirien qui en a fait son dauphin et l’a imposé au RHDP comme candidat dans la course au palis du Plateau, AGC était rentré de Paris le 2 juillet dernier. Après deux mois de soins, dont deux séjours à l’hôpital français, Pitié Salpêtrière, où le disparu, qui avait déjà subi une transplantation du cœur en 2012, s’est fait poser un stent, le Lion de Korhogo devait se faire officiellement investir comme candidat de son parti et entrer dans l’arène où il devait affronter d’autres gladiateurs dont l’inusable ancien président ivoirien, Henri Konan Bédié, 86 ans.
En attendant qu’arrive le temps des comptes après le deuil, toutes les cartes sont à rebattre au sein d’un parti, où il a été clairement signifié à ceux qui ne l’avaient pas encore compris, après l’évacuation pour «suivi médical» de AGC en France, qu’il n’y avait pas de plan B, en ce qui concerne le candidat du RHDP. C’était Gon où Gon. Même qu’un décret particulier n’a pas été pris pour son intérim. C’est le seul document qui annonçait son départ en France pour raison médicale qui donnait le nom du ministre d’Etat, chargé de la Défense, Hamed Bakayoko, comme devant assumer l’intérim de Premier ministre.
Que se passera-t-il maintenant? L’intérimaire du Premier ministre disparu, le ministre d’Etat et ministre de la Défense, Hamed Bakayoko, sera-t-il confirmé et surtout enfilera-t-il le maillot de candidat du RHDP? L’expérimenté vice-président de la Côte d’Ivoire, Daniel Kablan Duncan, dont des sources affirment qu’il est en froid actuellement avec Alassane Ouattara, sera-t-il remis dans le jeu? Le RHDP pour qui toutes les options seront mises sur la table, sortira-t-il de sa botte secrète un candidat surprise? Ou alors, comme nous nous le demandions hier dans notre éditorial, pour faire plus simple et plus rapide, le président Ouattara, qui avait annoncé son retrait de la course à sa propre succession, mais avait lâché une fois que si Henri Konan Bédié se présentait, il pourrait le faire aussi, se retrouvera-t-il une nouvelle jeunesse pour rechausser les crampons et descendre sur le terrain en octobre, ce mois de toutes les inquiétudes qui arrive à grands pas? Questions pour un champion. Du reste, selon des bruits de couloir, des cadres du RHDP, se seraient déjà engagés pour l’option Alassane Ouattara. Et tout reste envisageable, dans une Côte d’Ivoire de tous les politiquement possibles.
Par Wakat Séra