Henri Konan Bédié (HKB), vient de voir porter sur sa personne, le choix de son parti comme candidat pour la présidentielle ivoirienne d’octobre prochain. Le président octogénaire, il a 86 ans, du Parti démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA) compte ainsi revenir aux affaires, en s’alignant dans les starting-blocks de la course au fauteuil de Alassane Ouattara. Ce dernier avait promis officiellement ne pas vouloir d’un troisième mandat, mais est en passe de revenir sur sa décision, suite à la mort inopinée, le 8 juillet dernier, de son «fils» et dauphin, Amadou Gon Coulibaly. Henri Konan Bédié, le président du PDCI, prouve par-là que ses ambitions pour le pouvoir n’ont pas pris la plus petite des rides, depuis qu’il a été balayé du palais présidentiel par le Général Robert Gueï en décembre 1999. Dans la suite de l’histoire, le «balayeur» lui-même a été «balayé» et assassiné le 19 septembre 2002.
Le «sphinx de Daoukro», est donc en route vers la présidentielle ivoirienne d’octobre 2020. Et ne lui parlez surtout pas de son âge comme handicap, car «au PDCI, l’âge est un atout», comme l’a affirmé HKB, dans la foulée de sa désignation qui est passée comme lettre à la poste lors du congrès de son parti, ce week-end. Celui qui n’a jamais digéré l’affront suprême, d’avoir été chassé le palais du Plateau par coup d’Etat, s’était par la suite rangé aux côtés de Alassane Ouattara, qui a longtemps été son farouche ennemi politique, et ensemble, les deux avaient fait partir celui qui était devenu leur adversaire commun, Laurent Gbagbo. Mais ayant attendu sans succès, le renvoi de l’ascenseur de la part du leader du Rassemblement des républicains (RDR), parti dissout aujourd’hui dans le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), HKB signe son retour, dans le costume du plus sérieux challenger de Alassane Ouattara, dont la candidature à sa propre succession se précise de plus en plus.
Malgré les départs de bien des cadres influents, qui sont restés dans l’ancien mariage avec le RDR, devenu RHDP, le PDCI de Henri Konan Bédié, parti historique, a gardé une influence notoire sur la vie politique ivoirienne et constitue un adversaire de taille pour le RHDP, à qui il pourrait bien faire mordre la poussière dans une élection libre et transparente.
Sauf tsunami, le combat de titans aura lieu en octobre prochain. L’affiche ADO-HKB prend forme, Alassane Ouattara étant rappelé avec insistance par les caciques et les députés RHDP et plus récemment par un autre de ses «fils», le ministre d’Etat, ministre de la Défense, Hamed Bakayoko, en passe de passer d’intérimaire à Premier ministre plein, en remplacement de Amadou Gon Coulibaly, dont la Côte d’Ivoire porte toujours le deuil.
La présidentielle prochaine s’annonce comme un match de revanche que se livreront les éternels ténors de la politique ivoirienne, avec comme spectateurs résignés, tous ces jeunes loups qui croyaient leur heure arrivée avec l’annonce de Alassane Ouattara, le 5 mars 2020, de remettre le pouvoir aux jeunes générations. Si une alliance avec le Front populaire ivoirien des «GOR» (Gbagbo ou rien) pourrait renforcer les chances du PDCI, Laurent Gbagbo, qui se débat toujours comme un diable dans le bénitier de la Cour pénale internationale, ne pouvant prendre part, techniquement en tout cas, à l’élection d’octobre 2020, il faut dire que le RHDP a l’avantage d’être parti au pouvoir, doté d’une machine électorale bien rodée. En tout cas, comme Bédié est candidat et que Alassane Ouattara peut l’être également, ce sera la continuation du règne sans fin des «papys qui font de la résistance», et ne se sentent jamais vieux au point de quitter les affaires. Jusqu’au jour où les affaires les quittent!
Par Wakat Séra