La Coordination des Syndicats du Ministère de l’Economie et des Finances (CS-MEF), annonce dans ce communiqué adressé au président du Faso, un arrêt de travail de trois jours à compter du 9 septembre, pour, entre autres exiger « l’annulation sans condition et sans délai de la décision de révocation des trois travailleurs des impôts prise en conseil des ministres du 27 mai 2020 ».
Déclaration
Excellence Monsieur le Président du Faso,
Du 16 au 20 mars 2020, les travailleurs du privé, du public et du parapublic ont observé cent vingt (120) heures de grève à l’appel d’une cinquantaine d’organisations syndicales autour d’une plateforme revendicative en cinq (05) points dont la question de l’IUTS sur les primes et indemnités. Les travailleurs du Ministère de l’économie, des finances et du développement (MINEFID) ont adhéré massivement à cette grève au regard de la pertinence des points de revendication.
Au cours de cette grève historique, un incident s’est produit entre deux (02) travailleurs des impôts le 19 mars 2020 à la Direction du centre des impôts Ouaga 1. L’incident s’est produit aux environs de 16h28″, en dehors des heures de service, en l’absence d’usagers du service, entre deux (02) militantes du Syndicat national des agents des impôts et des domaines (SNAID).
Excellence Monsieur le Président du Faso,
Au moment où le SNAID cherchait à résoudre l’incident sans exposer les deux (02) travailleurs, le Gouvernement s’en est saisi à des fins inavouées.
En effet, dès la survenue de l’incident, le Directeur du centre des impôts, Abdoulaye SOMA et certains individus de la DGI ont travaillé à divulguer le supposė élément video sur les réseaux sociaux exposant les travailleurs à la vindicte populaire. Ensuite, le 20 mars 2020, le Ministre de l’économie, des finances et du développement, dans une lettre lue au 20 heures de la RTB, a qualifié l’incident d’« acte barbare et d’une gravité sans précédent ». Après lui, le 21 mars 2020, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), à travers une déclaration, a condamné lesdits travailleurs en les livrant à la vindicte populaire.
C’est dans cette suite que le Conseil des ministres du 27 mai 2020 a pris la décision de révocation des trois (03) travailleurs pour des faits d’indiscipline d’une extrême gravité », sans aucune forme de procès encore moins d’appréciation des circonstances de l’incident.
Excellence Monsieur le Président du Faso,
De ces éléments, nous en déduisons qu’il s’agit d’une décision politique dont l’objectif est de détruire nos organisations, étouffer la lutte des travailleurs et remettre en cause nos acquis historiques. Pour davantage s’en convaincre, il faut prendre en compte le travail de diabolisation orchestré par le Gouvernement tout en ignorant royalement les actions du SNAID et de la CS-MEF dès la survenue de l’incident. En effet, nos deux (02) organisations ont entrepris des démarches qui ont abouti à une présentation d’excuses de la déléguée syndicale à la camarade caissière matérialisée par un procès-verbal de « réconciliation ».
Ce procès-verbal a été transmis aux autorités du Ministère avec lesquelles des audiences ont eu lieu autour de la question afin de trouver une solution qui préserve la sérénité et un climat propice à de meilleurs résultats au sein du Ministère en charge des finances. En outre, d’autres travailleurs du Ministère en charge des finances parce qu’ils sont des militants syndicaux font l’objet d’affectations sanctions, de suspensions ou de coupures de salaires, de procédures disciplinaires fondées sur des faits montés de toutes pièces par des responsables de services avec la caution du Ministre.
Excellence Monsieur le Président du Faso,
Malgré ces répressions contre nos organisations et nos militants, la CS-MEF a entamé des discussions avec le Ministre Lassané KABORE aux fins de trouver une solution à la question de révocation des trois (03) camarades. C’est dans cet élan que le 12 août 2020, nous avons été mis devant le fait accompli de la notification des arrêtés de révocation à nos camarades. Cette notification a davantage créé l’émoi au sein des travailleurs du MINEFID en particulier et en général au sein de toute la masse laborieuse consciente de utilité d’un travailleur pour sa famille, son village et voire toute la communauté. Cet état de fait engendre un climat délétère dans un Ministère dont la contribution est fort attendue dans un contexte national déjà très difficile marqué par le terrorisme et la maladie à Coronavirus.
Excellence Monsieur le Président du Faso,
Au regard de ce qui précède, nous avons l’honneur de porter à votre connaissance que nos organisations syndicales appellent les travailleurs du Ministère de l’économie, des finances et du développement à observer une grève d’avertissement de soixante-douze (72) heures à partir du mercredi 09 septembre 2020 à zéro (00) heure jusqu’au vendredi 11 septembre 2020 à vingt-quatre (24) heures, sur toute l’étendue du territoire national, dans les ambassades et consulats du Burkina à l’étranger afin d’exiger:
-l’annulation sans condition et sans délai de la décision de révocation des trois (03) travailleurs des impôts prise en conseil des ministres du 27 mai 2020 ;
-l’abandon sans condition des autres mesures répressives contre les travailleurs du Ministère ;
-la mise en æuvre intégrale des protocoles d’accord signés entre le Gouvernement et nos organisations syndicales respectives
-la suppression de l’UITS sur les primes et indemnités des travailleurs du privé, du public, et du parapublic et le remboursement des retenues opérées depuis janvier 2020.
En cas d’absence de solutions aux préoccupations posées, la CS-MEF se réserve le droit d’entreprendre toutes autres actions nécessaires complémentaires pour obtenir la satisfaction de ses justes et légitimes préoccupations.
Excellence Monsieur le Président du Faso, la CS-MEF sait compter sur votre disponibilité à promouvoir la paix sociale et vous prie de bien vouloir agréer l’expression de sa haute considération.
CS-MEF