Une vingtaine de journalistes des médias ont été initiés, du 17 au 21 août 2020 à Koudougou dans le Centre-ouest du Burkina Faso, en pratique du fact-checking, un nouveau genre journalistique qui permet aux hommes et femmes de médias de vérifier l’exactitude des faits mis sur la place publique.
Durant cinq jours, la vingtaine de journalistes a participé à la formation en fact-checking organisée, à Koudougou, par l’Association des journalistes du Burkina (AJB) dans le cadre du projet de gouvernance économique et de participation citoyenne.
« Le fact-cheking est un nouveau genre journalistique avec plus d’exigence en terme de méthode, plus d’exigence en terme de temps qui permet au journaliste de revenir sur des déclarations des personnalités publiques sur des questions d’intérêt public, une fois qu’elles ont été mises sur la place publique », a affirmé le formateur Boureima Salouka.
Selon M. Salouka, cette pratique permet aux « journalistes de voir est-ce que, ce que les personnalités ont dit à chaud ou ce que nous (les journalistes) avons rapporté à chaud est vraiment vrai et aussi de permettre au lecteur de comprendre les enjeux de ce qu’il est ». L’objectif final de ce genre journalistique est « de travailler à donner au sein de l’espace public une information de qualité sur laquelle le citoyen peut se fonder pour travailler et aussi amener les personnalités à avoir une responsabilité dans leur prise de parole en public », a-t-il poursuivi.
« Aujourd’hui quand vous regardez les discours des hommes politiques ou de simples citoyens sur les médias, ces discours ne sont pas à l’avantage des journalistes qui sont traités de personnes incompétentes, qui ne disent pas la vérité. Cela ne veut pas dire que ces récriminations sont fausses ou vraies. Le fact-checking devient maintenant l’occasion pour les journalistes de reprendre correctement leur métier en main, de l’exercer tel qu’il doit être fait mais aussi de tisser des liens par l’éducation aux médias avec le public », a signifié le formateur.
Selon le président l’AJB Guézouma Sanogo, le fact checking constitue « le futur du journalisme ». « On ne doit plus se contenter des déclarations des personnalités publiques (qui) donnent souvent des chiffres qui n’ont rien avoir avec la réalité. C’est l’exemple de l’autorité qui affirme que le Burkina a planté 6 millions d’arbres sur 65 hectares. Après calcul, cela fait 29 arbres au mètre carré », a dit M. Sanogo.
Pour lui « les journalistes doivent se mobiliser pour réduire le mensonge de certains acteurs sur la place publique. Ces derniers également feront attention à certaines déclarations parfois fausses et sans aucune source vérifiable ».
« Je sors de cette formation avec une nouvelle manière, une nouvelle vision du journalisme », a laissé entendre le journaliste Sidpawalmdé Yanogo, qui soutient avoir « pu découvrir qu’après la pratique traditionnelle du journalisme, il y a encore l’information qu’on peut créer à travers les déclarations, les propos des gens, qui se trouvent déjà sur la place publique ».
Le fact-checking « est une pratique qui va permettre au journaliste de reconquérir sa place et de jouer pleinement son rôle en vérifiant d’abord toute information qui est sur la place publique. A travers cette pratique on peut arriver à savoir si ce qu’une autorité disait est vrai ou faux », a fait savoir la journaliste Germaine Farama.
Par Daouda ZONGO