Accueil A la une Côte d’Ivoire : « Les prisonniers politiques doivent être libérés » (Fondation Kofi Annan)

Côte d’Ivoire : « Les prisonniers politiques doivent être libérés » (Fondation Kofi Annan)

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Marche des femmes opposantes en Côte d'Ivoire

La Fondation Kofi Annan, une organisation indépendante à but non-lucratif qui œuvre pour promouvoir une meilleure gouvernance mondiale et pour renforcer les capacités des peuples et des pays à construire un monde plus juste et plus pacifique, appelle le président ivoirien Alassane Ouattara et tous les acteurs politiques à « engager un dialogue national inclusif » et soutient que « les prisonniers politiques doivent être libérés ». Les lignes qui suivent est un appel de la fondation pour des élections pacifiques en Côte d’Ivoire. 

« La Côte d’Ivoire se prépare à l’élection présidentielle du 31 octobre. Ces prochaines élections constitueront une étape importante dans le développement du pays. Elles doivent être libres et équitables et la course électorale doit rester pacifique pour que les résultats soient largement acceptés par le peuple ivoirien.

C’est possible, mais ce n’est pas donné. La Côte d’Ivoire en 2020 n’est pas la Côte d’Ivoire en 2010 mais le risque d’une nouvelle confrontation dans le pays est réel. Le moment est venu de prendre des mesures préventives.

Le conflit post-électoral de 2010-2011 a fait plus de 3 000 morts et causé des dommages économiques importants. Le courage et la détermination des Ivoiriens ont permis au pays de connaître une reprise remarquable et de réaliser de réelles avancées en matière de développement économique et social.

Toutefois, la croissance économique à elle seule ne suffit pas à panser les plaies de la Côte d’Ivoire. Alors que la pandémie paralyse l’économie, elles reviennent sur le devant de la scène. En l’absence de justice pour les atrocités passées et de vraie réconciliation nationale, le climat politique reste tendu.

Les signes d’alerte sont clairs. Dans un contexte de méfiance et de controverse sur la légitimité des listes électorales, l’indépendance de la commission électorale et l’exclusion de certains dirigeants politiques de la course, on constate une augmentation des discours haineux et des affrontements le long de lignes ethniques et religieuses. Le conflit peut être évité, mais des mesures sont indispensables et urgentes pour rétablir la confiance.

-Nous appelons le peuple de Côte d’Ivoire à ignorer les voix de ceux qui tenteraient de le manipuler par des appels à une politique de division identitaire.

-Nous appelons la classe politique ivoirienne à démontrer qu’elle a conscience de sa responsabilité historique et son engagement en faveur de la paix et de la stabilité. Les prisonniers politiques doivent être libérés, la liberté d’expression et de circulation doit être garantie et les droits de tous les citoyens doivent être protégés.

-Nous appelons le Président de la République et tous les acteurs politiques à engager un dialogue national inclusif, grâce auquel les partis politiques et les représentants de la société civile pourront créer les conditions nécessaires pour assurer la confiance dans les élections. Immédiatement après celles-ci, la Côte d’Ivoire devrait engager des réformes de son système politique et environnement électoral pour consolider la paix et la stabilité.

-Enfin, nous appelons la communauté internationale, les Nations Unies, l’Union Africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest à collaborer avec les dirigeants et le peuple de Côte d’Ivoire pour garantir aux élections une issue pacifique et largement acceptée.
Le moment est venu d’agir. »

Signataires:

• Ruth Dreifuss – ancienne conseillère fédérale et présidente de la Confédération suisse; membre du panel Kofi Annan de personnalités distinguées pour l’Intégrité Electorale

• Bert Koenders – ancien ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas; ancien représentant spécial et chef de mission des Nations Unies en Côte d’Ivoire; membre du panel Kofi Annan de personnalités distinguées pour l’Intégrité Electorale

• Carlos Mesa – ancien président de la Bolivie; membre du panel Kofi Annan de personnalités distinguées pour l’Intégrité Electorale

• Olusegun Obasanjo – ancien président du Nigeria

• José Manuel Ramos-Horta – ancien président du Timor-Leste; lauréat du prix Nobel de la paix; membre du panel Kofi Annan de personnalités distinguées pour l’Intégrité Electorale

• Elhadj As Sy – président du conseil d’administration de la Fondation Kofi Annan; coprésident du Conseil mondial de suivi de la préparation (GPMB); ancien secrétaire général de la Fédération Internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR)