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L’Afrique à l’ère du coronavirus vue par l’ex-président béninois, Yayi Boni

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Yayi Boni (Ph. Afriquinfo)

Ceci est un écrit de l’ex-président béninois, Yayi Boni parlant de l’Afrique à l’ère du coronavirus.

« Depuis Septembre 2019, notre planète est secouée par la crise sanitaire le Covid 19. Dans mes premières parutions sur ma page Facebook, j’ai fait le point sur le contexte de l’apparition de ce drame, sans omettre les recherches de la science sur ce virus qui à ce jour a coûté la vie à près de 1.5 millions de personnes avec près de 68 millions de personnes de cas positifs dans le monde.

Les difficultés de statistiques ne nous permettent pas de connaitre les chiffres exacts en Afrique selon l’OMS. Dans les faits, il y a lieu de noter qu’il semble avoir eu plus de peur que de mal s’agissant de notre continent grâce aux mesures barrières édictées par l’OMS, relayées par nos gouvernements et le comportement de nos citoyens.

Des recherches scientifiques, certaines conclusions tentent d’expliquer pourquoi l’Afrique est relativement épargnée par rapport à certaines régions notamment le monde occidental.

Selon certaines recherches, l’Homme de « Néandertal » a longuement précédé « l’Homo sapiens, » tous originaires d’Afrique. Certains des deux ancêtres ont émigré vers l’Occident. Le citoyen de l’occidental d’aujourd’hui aurait dans son patrimoine génétique une grande partie de l’Homo Sapiens et 15% de l’Homme de Néandertal.

A titre d’exemple, le Français de souche aurait donc dans son patrimoine génétique selon la science près de 85% de l’homo sapiens et 15% du Neandertal.

Si pour les autres pandémies, le patrimoine génétique du Néandertal semble plus résistant, il ne l’est pas pour le coronavirus COVID 19. Au total, l’Homo Sapiens resté en Afrique a son patrimoine génétique qui résiste mieux au virus COVID 19.

La seconde raison de la résistance relative de l’Afrique à ce virus réside dans le climat et surtout la jeunesse de la population africaine.

Enfin, un autre argument sur les recherches de cette résistance en prenant comme exemple un échantillon de la population des sénégalais par exemple s’il y a moins de morts au Sénégal dus au COVID 19, la résistance de l’immunité communautaire serait la cause, c’est à dire, le virus a dû circuler au sein de près de 60% de la population sans que le risque n’ait été signalé. L’immunité collective serait passée par là. Il faut aussi signaler l’effort des autorités sénégalaises soucieuses de la maîtrise du virus.

Quels sont les défis d’aujourd’hui ?

Les mutations en cours aujourd’hui font état de l’apparition des premiers vaccins sortis des laboratoires américano britanniques (PFIZER-ASTREZCA-MODERNA). Après la Chine, les Russes, les britanniques ont démarré les vaccinations et l’Amérique suit. L’opération couvrira l’Europe dès l’équipement de cette dernière de structures pour conserver le vaccin à moins de 80 degrés.

En Afrique les autorités ivoiriennes envisagent la vaccination en fin de second trimestre 2022. Le vaccin vise à protéger surtout les personnes âgées et vulnérables, notamment le personnel enseignant et médical, pour renforcer l’effet des tests et des mesures barrières. Il faudra renforcer les moyens de notre propre recherche scientifique pour trouver une solution locale pour un continent qui sera le plus peuplé en 2050 même si sa jeunesse reste un atout sans oublier les effets néfastes de nos pandémies en dépit des progrès accomplis dans certains domaines. Le cas du SIDA pour lequel le vaccin n’est toujours pas disponible depuis près de trente ans (30 ans) avec près de 10 millions de victimes concentrées en Afrique à cause des mutations non maîtrisables de ce virus auquel est exposée notre jeunesse.

Des inquiétudes demeurent cependant dans le milieu scientifique s’agissant même du COVID 19. En effet le modèle de ces premiers vaccins utilisent la technologie à base de ARN messagers – mode de transport # (ADN), un virus COVID inactivé pour le transporter à l’organisme capable de produire l’anticorps. Cependant la question de savoir si cette technologie ne va pas à l’avenir modifier le patrimoine génétique du bénéficiaire n’est pas encore réglée, ce qui crée une incertitude dans le milieu scientifique.

Les français tenteraient de palier cette incertitude par la technologie du virus déjà identifié dans le cadre de certaines pandémies comme la rougeole par exemple dont les effets sont déjà connus sur le patrimoine génétique de l’Homme selon des instituts comme l’Institut Pasteur. Ceci expliquerait la sortie de ce vaccin courant mai 2022 en France.

Quid de l’Afrique, de ses perspectives de financement, des défis sociaux, de COVID 19 et autres pandémies.

Le contexte actuel sera marqué par la priorité à l’Occident qui compte plus de morts et les moyens ne manqueront pas tant dans l’organisation que dans le financement du traitement et de la relance économique d’après COVID 19.

C’est le sens du SOS lancé par l’Union Africaine pour la prise en compte de l’Afrique et des pays pauvres du reste du monde. L’Europe s’est déjà engagée à s’approvisionner du vaccin annoncé en attendant le vaccin français. 2 à 3 millions de chinois sont déjà vaccinés, en plus des tests et du renforcement des mesures barrières ainsi que la modernisation des équipements de traitement et de la formation du personnel dans des hôpitaux. En d’autres termes, si l’Afrique ne prend pas son destin en main les inquiétudes demeurent.

L’ approvisionnement de l’Afrique en vaccins se fera après des éclaircies en Occident en dépit des assurances données par l’OMS et les Nations Unies alors que le développement des transports rapproche davantage plus que par le passé l’Occident de l’Afrique. Le risque de propagation du virus demeure en Afrique.

L’inquiétude demeure car comparaison n’est pas raison. La fièvre espagnole des années 1918/1919 a tué plus de 50 millions d’occidentaux. Si l’Afrique a été totalement épargnée ceci était dû à l’ absence des transports à l’époque alors qu’aujourd’hui notre planète est devenue un hameau par le développement des transports.

Si l’économie occidentale ne se redresse pas, l’Afrique doit attendre.

Compte tenu de tout ce qui précède, l’intégration économique et la zone de libre-échange continentale doivent être des leviers pour booster la production, et créer les conditions de la modernisation du système éducatif, technique, de formation, de Recherche – Développement, de recherches technologiques scientifiques, de l’économie d’intelligence et des NTIC. Nous y reviendrons dans nos prochaines parutions.

La rupture de notre gouvernance sanitaire en terme de conscience, de pédagogie de personnel médical de science et d’infrastructures hospitalières de laboratoires est inévitable.

Nous ne terminerons pas cette réflexion sans soulever la thématique du financement. Si nous considérons prioritaire la nécessité de mieux maitriser les techniques d’intégration financière et de mobilisation de notre épargne, en mettant fin au blanchiment de capitaux vers les paradis fiscaux, nous devons en finir avec le mimétisme qui nous bloque dans la gestion de nos banques centrales.

Aucun doute qu’en cette période de crise, nos partenaires du reste du monde ont eu recours à la planche à billets selon leurs techniques pour gérer ce début de relance économique au profit des ménages, des collectivités locales, des entreprises, des PME et au profit des Etats par des techniques mieux maitrisées. La maitrise des techniques de l’inclusion financière est tout aussi importante.

Il y a lieu de saluer les efforts, les innovations financières et monétaires en Afrique. Mais l’urgence est d’aller plus loin pour prendre en compte les défis contemporains qui s’imposent (ODD, vision Afrique 2063, changement climatique, emplois des jeunes). La rupture avec notre modèle de consommation et de production doit pouvoir nous guider pour oser accroître les moyens monétaires et de crédit à la disposition des agents économiques créateurs d’emplois tout en préservant la corrélation = Avoirs extérieures bruts et engagements à vue. Nous devons atténuer le conservatisme dans ce domaine tout en maitrisant le taux d’inflation et le pouvoir d’achat de nos citoyens. Par ailleurs la relance économique d’après COVID doit justifier les mécanismes monétaires permettant à nos États d’apurer leur dette intérieure par l’accès à la planche à billets pour consolider l’impact des financements extérieurs (dettes extérieures, moratoires, annulations, DTS FMI, financements concessionnels ou dons de la BAD, de la BID, la Banque Mondiale et des bilatéraux etc.).

La monnaie est trop sérieuse pour la mettre à l’écart de notre vision de développement économique et sociale inclusive du continent que nous voulons en 2063. L’enjeux est de maîtriser le relèvement du taux d’inflation qu’indurait le recours à la planche à billets de nos Etats, collectivités locales, entreprises stratégiques. Des réflexions sérieuses s’imposent à nos communautés Économiques Régionale pour faire face à la dépression économique et sociale de cette pandémie. Ce risque a été mis en œuvre par des banques centrales de certains pays pour atténuer l’impact négatif de la crise.

Des réflexions sérieuses s’imposent à nos communautés Économiques Régionales dans leur schéma de monnaie unique pour préparer l’avènement à terme de la Monnaie Unique Africaine. Nous devons renforcer mieux que par le passé notre volonté politique en matière de convergences économiques pour créer et améliorer la gestion des banques centrales par l’intégration des communautés économiques régionales et ouvrir les débats sur la prochaine monnaie unique de notre continent face à l’incertitude qui menace notre monde contemporain. La production et la sécurité humaine ont besoin d’être financées (social, santé, lutte contre la pauvreté)

L’expérience des pays d’Afrique francophone en matière d’intégration monétaire dans un partenariat avec la France axée sur la garantie de cette dernière à consolider la stabilité monétaire de cette zone avec certes une moindre réduction du rythme de pauvreté dans la durée. Cette stratégie a fait ses preuves dans un contexte où l’effet psychologique et la fixité à une monnaie d’une puissance étrangère et sa convertibilité par la garantie monétaire de cette puissance se justifiaient face à la fragilité des économies africaines.

La mutation envisagée du FCFA (Franc de la Communauté Financière d’Afrique) de l’Afrique de l’ouest en ECO avec le maintien de la garantie de la France et de la parité fixe de cette monnaie à l’EURO impulse toujours l’idée d’une monnaie totalement convertible bâtie à la fois sur l’économie des États membres et la richesse de la France (avec la garantie du trésor Français) intimement liée à la prospérité de l’Europe (fixité de la parité). Ce partenariat stratégique est basé sur l’état actuel de l’aide publique au développement, l’investissement direct étranger, les échanges commerciaux et les rapatriements, des économies de nos diasporas.

Avec les défis mondiaux qui secouent la puissance économique européenne, l’ECO (FCFA) devra se muer à terme à l’ECO-CEDEAO avec comme atout toute la richesse des 15 États de la CEDEAO à l’étape de leur convergences économiques.

La volonté politique d’une monnaie ouest Africaine CEDEAO, l’amélioration de la gouvernance économique (les convergences) et politique, l’avenir radieux de nos économies, l’affirmation de cette monnaie sur l’échiquier mondial et sa capacité à se mettre au service d’une économie Africaine inclusive sonneront à terme la fin d’une monnaie rattachée à la garantie étrangère. Le leadership et la compétence des cadres Africaines en matière de gestion d’une monnaie centrale sont indiscutables. Nos partenariats doivent prendre en compte les priorités de la transformation structurelle de nos sociétés.

Sortons de la logique de la gouvernance de nos banques centrales centrées prioritairement sur la lutte contre l’inflation et accélérons notre rythme au profit du renforcement et de la diversification de nos structures économiques et de nos programmes de relances économiques régionales et continentales.

L’urgence de la prise en compte de la demande sociale : l’alimentation et l’emplois, notre système éducatif et sanitaire, le logement et l’habillement, en adéquation avec notre culture nécessite une véritable mutation des innovations en matière de gouvernance et d’intégration de la monnaie centrale et de nos systèmes financiers et monétaires dans un continent en quête de démocratie, de respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, de paix, de stabilité, de sécurité de tous et de prospérité partagée.

Que Dieu bénisse notre continent et notre planète. »