Le secrétaire général du ministère burkinabè de la Santé, Wilfried Ouédraogo, a lancé ce mercredi 10 février 2021, à Ouagadougou, « la Coalition internationale 25 » dont le but est de pérenniser l’œuvre du projet Resonance qui a milité pour « un monde où les filles/femmes jouissent pleinement de leurs droits en santé sexuelle et reproductive avec un accent sur celui de l’avortement sécurisé ». Cette coalition est composée de la Communauté d’action pour la promotion de la santé sexuelle et reproductive du Burkina Faso (CAPSSR-BF), de l’Action contre les grossesses non désirées et à risques (AGnDR) de la Côte d’Ivoire et la Coalition de lutte contre les grossesses non désirées (CGND) du Congo.
L’avortement non sécurisé entraîne des conséquences graves sur la santé des femmes et peut s’accompagner de conséquences néfastes au-delà de ses effets immédiats sur la santé individuelle de la femme. Le traitement des complications alourdit la charge économique qui pèse déjà sur les familles pauvres et inflige des coûts financiers excessifs aux systèmes de santé déjà en détresse. En vue donc de réduire les décès maternels liés à l’avortement en contribuant à l’accès des femmes aux services complets d’avortement en lien avec le protocole de Maputo, Pathfinder a initié le présent projet Résonance qui a eu des résultats probants ayant lutté contre le phénomène en deux ans et demi.
« Resonance est un projet de Pathfinder international mis en œuvre dans trois pays francophones que sont le Burkina, la Côte d’Ivoire et la République démocratique du Congo (RDC) », a rappelé Amadou Kansaye, directeur administratif et financier de ladite structure, représentant son premier responsable à cette cérémonie de lancement. L’objectif du projet Resonance était d’une durée de deux ans et demi et prend fin le 28 février de cette année, a précisé M. Kansaye qui a indiqué que l’objectif de cette coalition est de « créer des conditions de défense de droits à la santé sexuelle et reproductive conformément au protocole de Maputo » notamment dans les trois pays concernés.
Au niveau du Burkina, a déclaré le patron de la cérémonie Wilfried Ouédraogo représentant le ministre de la santé, la lutte pour une meilleure santé sexuelle et reproductive « un engagement ferme au niveau des autorités qui accompagnent l’ensemble des acteurs de la société civile mais aussi les ONG qui sont dans ce domaine et qui font en sorte que (le ministère) puisse travailler pour que l’accès aux services de santé sexuelle, sécurisé et de qualité pour les populations » soit une réalité.
« Depuis 2015, Pathfinder existe au Burkina et appuie techniquement et financièrement le ministère », a rappelé M. Ouédraogo avant d’ajouter qu’en effet, « Pathfinder soutient activement le département pour l’accès des femmes aux services de contraception, de planification familiale et de soins sécurisés ». Il a assuré que le Burkina Faso reste attaché au respect de ses engagements sur les plans national et international y compris le protocole de Maputo.
Pour la présidente de la CAPSSR-BF, Mariam Nonguierma, les nouveaux défis pour les structures qui composent la Coalition 25, seront de « mutualiser (leurs) efforts pour renforcer (leurs) acquis par rapport à la santé sexuelle et reproductive et les droits des femmes dans cette lutte ». Sur le terrain, la CAPSSR-BF, l’AGNDR et la CGND vont toujours continuer à faire les plaidoyers pour que les droits des femmes en la matière « soient respectés et appliqués », a-t-elle signifié, saluant l’engagement du ministère et de leur partenaire, Pathfinder international qui soulage de nombreuses femmes dans ces trois pays.
La « Coalition 25 » poursuit, entre autres, objectifs, des plaidoyers auprès des décideurs, des instances sous régionales, régionales et internationales pour l’application effective de l’article 14 du Protocole de Maputo ratifié par les pays et mobiliser les ressources pour le renforcement des capacités techniques et institutionnelles des coalitions pays pour l’appui à l’offre de service d’avortement sécurisé.
La charte africaine des droits de l’homme et des peuples relative aux droits de la femme, dans son article 14, autorise la légalisation de certains cas d’avortement qui rentrent dans le cadre de « droits reproductifs des femmes », particulièrement l’avortement médicalisé en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie du fœtus.
Selon une étude de l’OMS et de l’Institut Guttmacher publiée en septembre 2017 dans la revue The Lancet, à l’échelle mondiale, on estime que 25 millions d’avortements non sécurisés (45% de l’ensemble des avortements) ont été pratiqués chaque année entre 2010 et 2014, entraînant environ 44 000 décès et des millions de séquelles graves et souvent permanentes. La majorité des avortements non sécurisés, soit 97%, ont été pratiqués dans les pays en développement en Afrique, en Asie et en Amérique latine. C’est en référence à ce chiffre que la Coalition internationale prend cette appellation « Coalition 25 ».
Par Bernard BOUGOUM