7 morts. C’est la comptabilité macabre que vient, une fois de plus, d’enregistrer le Niger. Un jour de vote, pourtant dominé par le calme! Les terroristes qui ont fait sauter, sur une mine artisanale, sept membres locaux de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), ce dimanche 21 février, voudraient lancer un défi au nouveau président du Niger, dont l’élection est en cours, qu’ils ne s’y prendraient pas autrement. Le drame qui a eu pour théâtre, la commune de Dargol, dans la région martyre de Tillabéri, située en pleine zone dite des «trois frontières», constamment endeuillée par les attaques djihadistes, est une véritable piqûre de rappel aux dirigeants nigériens, et ceux du Sahel en général, que la lutte contre le terrorisme est plus que jamais d’actualité. Dans ce Sahel, grand quatre fois comme l’Europe, où se sont sanctuarisés, les terroristes, notamment, les hommes du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans, le GSIM de Iyad Ag Ghaly et ceux de la katiba Macina de Amadou Koufa, aucun effort ne sera de trop pour les déloger.
«Nous ne cèderons pas aux menaces terroristes», a affirmé le ministre de l’intérieur nigérien, Alkache Alhada, après cette ignoble attaque, une de plus. Un ton guerrier qui s’assimile à celui du président français, Emmanuel Macron, déterminé à décapiter l’hydre terroriste, dans cette région sahélienne, où, la force française Barkhane, aux côtés des armées locales, se bat au quotidien, laissant souvent sur le carreau, ses jeunes militaires. L’heure n’est donc plus à l’émotion, mais à l’action! Il urge de mettre en branle les résolutions accouchées par le dernier sommet du G5 Sahel de N’Djamena, surtout celles qui confortent la présence de Barkhane dans le Sahel et l’envoi des 1200 soldats tchadiens dans cette zone des «trois frontières» que partagent le Niger, le Mali et le Burkina Faso et qui est devenue un cimetière à ciel ouvert pour militaires et populations civiles de ces pays.
En tout cas, le défi sécuritaire sonne comme la priorité des priorités pour le prochain président nigérien qui, visiblement, n’aura aucun état de grâce pour secouer le cocotier, pour ne pas dire les dattiers du désert sahélien. Si, le développement, la lutte contre la pauvreté, l’éducation, etc., sont des défis capitaux pour le Niger, aucun de ces secteurs ne peut prospérer, si la sécurité est mise, autant, à rude épreuve. Les deux challengers du fauteuil de Mahamadou Issoufou, le président sortant, sont prévenus. Qu’il s’appelle Mahamane Ousmane ou Mohamed Bazoum, le nouveau président du Niger, doit saisir aussitôt le taureau par les cornes. Certes, le sécurocrate, Mohamed Bazoum, qui détenait le maroquin de la Sécurité, avant de se lancer dans la course à la présidentielle, avait fait de cette lutte contre le terrorisme et le grand banditisme, plus qu’un simple slogan de campagne, presque l’épine dorsale de son programme. Mais, il n’est pas encore élu. Mahamadou Issoufou doit donc poursuivre le combat, car les terroristes eux n’accordent aucun répit dans cette guerre asymétrique qu’ils imposent au Niger et ses voisins.
Le Niger est donc plus que jamais sur le sentier de guerre, le pays, à la taille d’un continent, étant pris entre le marteau de la nébuleuse Boko Haram et l’enclume des djihadistes de al-Qaida aux Maghreb islamique (Aqmi) et ses affidés. Affinement du service des renseignements, renforcement de l’attirail militaire, sans occulter le développement inclusif, touchant toutes les régions, sont, sans doute, en plus de la cohésion nationale, les armes à utiliser à outrance pour traquer les djihadistes dans leurs derniers retranchements. Et il importe de dégainer, et vite!
Par Wakat Séra