Ce dimanche 4 avril, les chrétiens du continent, à l’instar de leurs coreligionnaires du reste du monde, ont fêté la résurrection du Christ, comme à l’accoutumée, après son calvaire et sa mort sur la croix, le vendredi saint. Mais, tout comme l’année précédente, la Pâque de cette année portait les signes des restrictions du Covid-19. Et pas que! Les conflits armés, comme en Centrafrique et les attaques armées, comme celle qui a endeuillé la Mission des Nations unies pour le Mali (Minusma), par la mort de 4 casques bleus tchadiens, ont donné un goût encore plus amer à l’agneau immolé. Engluées dans un cycle infernal dont il devient, de plus en plus, complexe pour elles de se soustraire, les populations africaines, notamment, dans les zones sahéliennes, et plus particulièrement du Tchad, du Niger, du Mali et du Burkina Faso, sont constamment frappées par des terroristes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, le GSIM de l’insatiable Iyad Ag Ghaly ou d’autres djihadistes non moins assoiffés du sang de pauvres innocents.
Depuis lors, en plus du Nigeria où Boko Haram sème, au quotidien, pleurs et désolation, et que ses guerriers opèrent des incursions meurtrières au Cameroun, au Tchad et au Niger, les pays du golfe de Guinée, sont désormais pris pour cibles, par les groupes armés. Ce n’est pas la Côte d’Ivoire, qui dira le contraire, elle qui, après l’épisode sanglant de Grand Bassam, le 13 mars 2016 et les récentes attaques de Kafolo, est désormais en guerre contre ces forces du mal. L’hydre terroriste ne se contente plus de la seule région du Sahel et ne limite plus ses assauts répétés aux seules Forces de défense et de sécurité. Maintenant, comme dans la région martyre de Tillabéri et celle de Tahoua, située dans la zone dite des 3 frontières que partage le Niger, où elles sont situées, avec le Mali et le Burkina Faso, ce sont les populations civiles qui sont massacrées et leurs biens emportés, par des hommes armés, djihadistes ou autres bandits de grand chemin.
Comme si le fardeau du terrorisme n’était pas assez lourd, le Covid-19 s’est également installé, sur le continent noir, certes pas avec la même hargne mortelle qu’en Europe ou aux Etats Unis d’Amérique, mais, maintenant la même psychose générale sur le continent où tout est priorité. Les mesures barrières étaient donc les guest-stars des célébrations de ce week-end pascal, dans des églises où le nombre de fidèles s’est, du coup, rétréci comme peau de chagrin. A Madagascar, où l’état d’urgence sanitaire a été instauré par les autorités, tout comme au Burkina Faso, et ailleurs sur le continent, distanciation sociale oblige, diverses initiatives comme les rubans adhésifs sur les sièges ou des marquages de toutes sortes, ont été mises à profit. Le but étant de permettre aux fidèles de vivre ces moments importants de leur vie de croyants, avec le moins de crainte.
Face à tous ces fléaux, qui portent ou non la griffe de l’homme, le Pape François n’a pas manqué de saisir l’opportunité de cette fête de Pâque, dans sa bénédiction Urbi et Orbi, pour prier pour le Nigeria où les rapts d’enfants se multiplient et pour la paix en Afrique et dans le monde. Le vaccin au profit de tous, était également au menu des invocations du berger des chrétiens catholiques qui a exhorté à la solidarité internationale. Et comme un signe du destin et de la nécessité du dialogue interreligieux et de l’entente dans le monde, à peine le jeûne des chrétiens fini, que débutera, en principe, ce 13 avril, le mois de ramadan, mis à profit par les musulmans, pour fortifier leur foi, à travers la pénitence et le partage. Une fois de plus, on priera pour la fin du terrorisme et de la pandémie du covid, mais aussi pour la paix sur la planète.
Toutefois, pour que les prières, qu’elles viennent du Vatican ou de la Mecque, ne demeurent des vœux pieux, il importe que les hommes y mettent du leur, car Dieu leur a promis de les aider à mettre leurs charges sur la tête, si eux-mêmes les hissent déjà, jusqu’aux genoux.
Par Wakat Séra