Le Niger encore endeuillé. Cette fois-ci, les terroristes et autres bandits de grand chemin qui écument le Sahel, du Tchad au Burkina Faso, en passant par le Mali, et le Niger, n’y sont pour rien. La vingtaine d’enfants qui avaient rendez-vous avec la mort, ce mardi 13 avril, ont été victimes d’un violent feu qui a ravagé 25 salles de classe en paillote. Le bilan macabre est très lourd, la douleur indicible, et les parents et enseignants étaient inconsolables, face à cet incendie qui a consumé, selon nos confrères de Rfi, l’ensemble du jardin d’enfants et une partie de l’extension de l’école primaire. Les soldats du feu n’ont pu constater, une fois sur les lieux, que des tables et bancs décharnés et dont seules les carcasses métalliques ont pu résister à la férocité des flammes. Classes en matériaux précaires et inflammables à souhait, ruelle marchande très encombrée et sans clôtures: tous les ingrédients étaient réunis pour un beau feu d’artifice. Malheureusement, il n’y avait rien d’artificiel, ce jour-là, d’innocents enfants ayant été pris au piège de la bêtise humaine, en pleine capitale nigérienne.
Oui, cet incendie dont les responsabilités doivent être situées, est peut-être un accident, mais, en attendant que les investigations produisent leurs résultats, il faut déplorer ces mêmes causes qui produisent toujours les mêmes effets, que ce soit au Niger, au Bénin, au Burkina Faso, au Mali, ou en Côte d’Ivoire, pour ne citer que ces pays, où des marchés entiers et autres infrastructures brûlent, presqu’au quotidien, souvent avec des morts, et toujours beaucoup de dégâts matériels, à la clé. Tout le monde voit venir le drame, mais pour une raison ou une autre, et, dans la plupart des cas, par pure négligence, personne n’agit par anticipation. Le mal est donc loin d’être l’apanage d’un pays quelconque, mais davantage la marque déposée d’une Afrique où l’on est toujours surpris et où tout est attribué au destin, à la fatalité. «C’est Dieu qui l’a voulu», la petite expression qui accompagne les pleurs et cris de détresse, sera encore de mise à Niamey, comme elle est d’actualité partout ailleurs sur le continent, même quand des conducteurs font un accident, après avoir «grillé» allègrement le feu rouge ou en confondant la route avec une piste de formule 1.
Pire, le système éducatif sous les tropiques, fait partie des parents pauvres des budgets qui font plutôt la part belle à des secteurs comme l’armée et les infrastructures dont les politiques se servent pour taper dans l’œil des électeurs, le moment venu. La stratégie est d’autant plus porteuse pour les dirigeants que la déchéance de l’éducation et le maintien du peuple dans l’obscurantisme sont exploités à fond, à des fins égoïstes et très personnels. Fort heureusement, l’espoir renaît pour le système éducatif nigérien qui constitue, avec la lutte contre l’insécurité, l’un des deux piliers fondamentaux sur lesquels repose le programme du nouveau président Mohamed Bazoum. Entre plusieurs thérapies de choc pour le relèvement du niveau de l’éducation, figure, du reste, «la mise en œuvre d’un programme performant de construction de salles de classe en matériaux définitifs dans les deux cycles de base, pour remplacer, progressivement, les classes en paillote (…)». C’est inscrit, noir sur blanc dans le programme de campagne du candidat, et rien que le 2 avril dernier, le Président Bazoum, l’a réaffirmé, avec force, lors de son investiture, pendant 45 minutes, dans ce qui avait une allure de discours d’orientation politique.
L’heure n’étant plus au verbe mais à l’action, le successeur de Issoufou Mahamadou a déjà mis la machine en branle. Sauf que les constructions de ces infrastructures doivent aller plus vite, très vite, l’incendie des salles de classe sous paillote de l’école Pays-Bas, étant venu rappeler l’urgence de l’action. Il faut sauver l’école nigérienne, il faut protéger les apprenants et enseignants nigériens! En tout cas, que ce soit à Niamey ou ailleurs, plus jamais ce genre de drame ne doit endeuiller les populations déjà accablée par la pauvreté, l’insécurité, et le covid-19.
Par Wakat Séra