Des «fétiches brûlés» dans une paroisse de la capitale. L’affaire fait couler beaucoup d’encre et de salive actuellement au Burkina, notamment dans la presse. Même si le curé des lieux rassure qu’en partie, ce sont des bayas (perles), des bracelets, des objets d’attirance, des croix et statues envoutées de la vierge Marie, des tisanes, des philtres d’amour, des amulettes, des machettes, des cadenas magiques, et seulement deux fétiches, librement apportés par des personnes, qui ont été incinérés, un collectif, en plus d’autres actions, entend ester en justice, ladite paroisse. Il est reproché, à cette paroisse, la «profanation par incinération, de biens et patrimoine culturel, atteinte à la dignité d’une communauté religieuse (traditionnalistes-animistes), diffamation d’un groupe religieux et médiatisation d’acte de vandalisme religieux». En un comme en cent mots, c’est une ire provoquée davantage par un déficit de communication et une incompréhension entre des parties qui défendent des obédiences religieuses.
Vivement que chaque camp mette de l’eau dans son vin pour ne pas détruire cette tolérance religieuse si chère aux Burkinabè et que leur envient bien des peuples d’ailleurs. En effet, c’est dans une parfaite harmonie que chrétiens, musulmans, et animistes, vivent, depuis la nuit des temps, au Pays des Hommes intègres. Plus aucune fête, qu’elle s’appelle Pâque ou Ramadan, Noël ou Maouloud, ou encore Tabaski, n’est encore l’apanage d’une seule quelconque confession religieuse. Mieux, c’est dans une communion totale que des représentants des différentes communautés religieuses se rendent visite lors de la commémoration de la naissance de Jésus ou de Mahomet. Il ne pouvait en être autrement, lorsque sous un même toit, au Burkina, l’on retrouve des croyants issus des différentes religions, qu’elles soient révélées ou non. Et l’Afrique baignant dans un syncrétisme religieux généralisé, ce serait un miracle de mettre en confrontation, des fidèles d’une croyance religieuse, contre ceux d’autres ordres religieux.
Certes, chaque religion, qu’elle vienne d’ailleurs ou non, enseigne la foi selon les prescriptions de la Bible, du Coran, de la Torah ou des esprits incarnés par diverses représentations en fer, en bois, ou en terre. Mais, c’est vers le même être supérieur et surnaturel que s’élèvent toutes les prières. Seules diffèrent donc les voies, du reste dites impénétrables, qui mènent à ce «Très Haut». En qui tout le monde ne croit pas d’ailleurs! Il importe pour le Burkina de se maintenir comme ce havre de paix religieuse où il fait bon vivre pour tout croyant, le temps où il était imposé aux populations, «le chemin à suivre» pour accéder au paradis, étant révolu. Plus que tout, la liberté de croire ou non, de choisir sa religion ou ce qu’on qualifie de secte, doit être respectée. Tant que ce choix est libre et conscient et n’entrave pas la bonne marche de la société ou ne porte pas atteinte à la cohésion sociale!
En tout cas, toute fissure, d’où qu’elle vienne, dans la tolérance religieuse qui contribue au vivre ensemble au Burkina, fera, inévitablement et dangereusement, le jeu des forces du mal qui endeuillent déjà, au quotidien, les populations, sans distinction de religion.
Par Wakat Séra