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Israël-Palestine: impossible paix?

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Après s’être tirés dessus, Israël et le Hamas ont fini par signer un cessez-le-feu, entré en vigueur le vendredi 21 mai 2021 au grand soulagement des «David» de Gaza qui n’ont jamais reçu autant de bombes depuis qu’ils affrontent «Goliath» avec des pierres ou des roquettes. Mais la trêve reste très fragile au regard du niveau de haine mutuelle qui anime les Juifs et les Arabes sur cette terre des prophètes.

Le bilan officiel et sans doute non exhaustif de cette «guerre de 11 jours» est très lourd: 232 morts à Gaza dont 65 enfants et douze morts, dont un enfant, côté israélien, sans compter les nombreux immeubles de l’enclave palestinienne où s’entassent plus de deux millions de personnes qui ont été pulvérisés par l’aviation de Tsahal (Armée d’Israël). Au moins 1 000 habitations totalement détruites. Des hôpitaux et centres de santé endommagés.

Si tous saluent cette énième trêve entre les deux belligérants qui ne rêvent pourtant que d’en découdre, tous demeurent également convaincus que les hostilités reprendront un de ces jours, car le feu couve toujours. Et les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. Seuls le Hamas et les militaires israéliens pourraient se targuer de détenir la date des probables nouveaux conflits. En réalité, ce cessez-le-feu imposé par des pressions extérieures, notamment américaines et égyptiennes, ressemble à une petite parenthèse dans un conflit qui semble éternel et dont les origines remontent au partage de la Palestine en 1948 par l’Onu.

Cette accalmie est vulnérable parce que ne reposant sur aucune garantie. Qui plus est, il n’y a pas d’engagement des deux parties pour la respecter. «En quelque sorte, c’est une cessation des hostilités sans lendemain», a, du reste, fait remarquer Hasni Abidi, politologue, directeur du Centre d’études et de recherches sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam) à Genève.

Le Hamas qui se croit fort, pour avoir réussi à lancer plus de 4 000 roquettes sur les villes israéliennes, malgré le Dôme de fer présenté comme le système d’interception le plus efficace au monde, est loin d’être prêt à baisser totalement la garde. «La bataille se termine aujourd’hui et nous continuerons à accroître nos capacités de résistance», ne cessent de clamer, à qui veut l’entendre, les dirigeants de ce mouvement qui est parvenu à reléguer au second plan, le Fatah de Mahmoud Abbas, le chef de l’Autorité palestinienne de plus en plus décrié pour avoir rejeté sine die, les législatives prévues le 15 mai 2021.

Malgré les bombes et l’assassinat de certains de ses chefs, le Hamas classé comme groupe terroriste par Israël et les pays occidentaux, reste debout et incarne la résistance aux yeux des Palestiniens prêts à payer le prix du sang pour obtenir un Etat indépendant. Considéré comme la bête noire de l’armée israélienne, ce groupe va, probablement, reconstituer son arsenal de guerre grâce à ses soutiens que sont l’Iran et le Hezbollah.

Côté israélien, aucun dirigeant n’est prêt à faire le pas nécessaire pour trouver un accord de paix viable et durable avec les Palestiniens, et parvenir à une paix des braves. Par ailleurs, cette «guerre de 11 jours» tombe comme du pain bénit pour le Premier ministre  Benyamin Netanyahou qui garde ainsi son fauteuil et échappe, pour le moment en tout cas, à la justice, faute de la mise en place d’un gouvernement après quatre élections législatives en deux ans. Sa propension pour le tout sécuritaire le présente, aux yeux des Israéliens, comme le sauveur face aux attaques de ceux que l’opinion, du côté de Tel Aviv, qualifie de «terroristes». «Bibi» balaie, du revers de la main, la solution à deux États distincts dans la région géographique de Palestine, l’un arabe et l’autre juif.

La création des colonies juives dans les territoires palestiniens, encouragée par Netanyahou, ainsi que le transfert de la capitale d’Israël à Jérusalem, sape à jamais, tout accord de paix entre les Juifs et les Palestiniens. Dans un tel contexte, chaque camp croit pouvoir obtenir la reddition de l’autre par les armes. A ce rythme, la poudrière n’attend qu’une brindille pour reprendre feu. Pourvu que Hamas et militaires israéliens fassent mentir tous les pronostics!

Mahamadou Doumbia, Correspondant Wakat Séra en Côte d’Ivoire