Comment retenir dans leur brousse africaine ces sauterelles qui empestent l’Europe et lui donnent mauvaise conscience en mourant par milliers dans la Méditerranée transformée en cimetière géant pour migrants en quête de mieux-être? Angela Merkel semble avoir trouvé le remède miracle qu’elle tente de partager avec neuf chefs d’Etat africains qu’elle a conviés chez elle à Berlin, en tant que présidente du G20. Pour éviter que les ex-puissances colonisatrices, aujourd’hui bons samaritains sous la casquette de partenaires bilatéraux, multilatéraux ou techniques et financiers, soient accusées d’avoir une fois de plus décidé pour les Africains, la chancelière allemande a fait les choses dans les règles de l’art. Il y a même comme témoins oculaires de cette réunion de famille, les grands argentiers de ce monde, ceux-là même qui savent comment maintenir en vie sous perfusion, ces Etats africains dont les dettes, bien qu’elles soient parfois effacées par une magnanimité bien calculée, ne font que croître à une vitesse exponentielle. Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale sont évidemment de la partie pour faire avaler aux dirigeants africains la pilule la plus amère. Evidemment, ces grandes institutions financières qui sont tout sauf philanthropes, savent à merveille, comment assagir le dirigeant le plus téméraire, en lui faisant renifler ces «prêts à taux très avantageux» qui lui permettront de payer ces salaires mensuels dont le fonctionnaire africain dépend comme le nouveau-né du sein nourricier de sa mère.
Le hasard n’avait pas sa place dans cette rencontre où tout a commencé par une photo de groupe comme bien installer l’ambiance familiale. Ensuite, la plupart des convives, sept des neufs, viennent de l’Afrique francophone et plus précisément de pays de grande immigration comme le Mali, le Sénégal et dans une moindre mesure la Guinée. Les cartes d’invitation leur ont été remises pour certains parce qu’ils ont accrédités de bonnes «performances économiques et leurs potentialités», et d’autres, pour les aider à se libérer des serres du terrorisme. In fine, l’objectif officiellement affiché par le G20 est noble. Le deal est d’aider tous ces pays qui luttent désespérément contre la pauvreté à s’affranchir de ce joug séculaire qui les accable et jettent leurs citoyens aux portes d’une Europe qui n’a pas fini de gérer elle-même ses chômeurs et sa jeunesse confrontée aux incertitudes de demain. En effet, pour protéger ses frontières de l’ «invasion» de plus en plus intenable des noirs fuyant la misère jalousement entretenue par des dirigeants dont les sports favoris communs sont la corruption, la violation des droits de l’homme, en somme la mal gouvernance, l’Europe n’aura d’autres moyens que de soutenir le développement de l’Afrique. Ce ne sera que rendre justice à ce continent dont l’occident tire à moindre frais, une bonne partie de ses richesses.
Mais si encourager les investisseurs à se tourner vers l’Afrique par le jeu du partenariat public-privé est louable, rééquilibrer les échanges commerciaux entre les continents et arrêter le pillage systématique des matières premières des pays africains serait plus juste et judicieux. De même, l’Europe se mettrait encore plus à l’abri des migrations des Africains si elle arrêtait définitivement de soutenir, ouvertement ou discrètement des dictatures du seul fait qu’elles protègent bec et ongle, ses intérêts économiques sur le continent. Il urge donc de rendre aux Africains ce qui leur appartient et d’en faire de véritables partenaires économiques au lieu de les contraindre à tendre éternellement la sébile en les maintenant dans un assistanat qui finalement les pousse à chercher l’eldorado vers l’Europe.
Par Wakat Séra