Depuis la prise du pouvoir en Afghanistan par les forces talibanes, des interrogations se posent dans les pays sahéliens où des populations craignent que le même scénario se produise dans leur pays. Mais selon le directeur du projet Sahel à l’International Crisis Group (ICG) Jean-Hervé Jézéquel, interrogé par nos confrères de RFI, les deux situations sont différentes, bien qu’il existe des points de convergence.
Dans les pays du sahel notamment au Burkina Faso, au Mali et au Niger, où les forces terroristes mènent régulièrement des attaques contre des populations civiles et les militaires, une certaine opinion redoute un scénario similaire à celui de l’Afghanistan dans ces pays. Pour le directeur du projet Sahel à l’International Crisis Group (ICG) Jean-Hervé Jézéquel, qui était l’invité de RFI, ce parallèle fait par ces populations est plutôt fondé. «C’est évident que pour les Etats sahéliens, c’est une sorte d’électrochoc, ils voient bien comment le parapluie sécuritaire s’est effondré à Kaboul avec le retrait des troupes américaines», a-t-il déduit.
Mais il note des différences fondamentales entre les deux situations, au Sahel et en Afghanistan. «D’abord, les volumes d’investissement ne sont pas les mêmes, la taille du dispositif militaire n’a presque rien à voir», a fait remarquer le directeur du projet Sahel, qui a souligné qu’aujourd’hui, il y a plus de soldats américains pour garder le seul aéroport de Kaboul qu’il y a de soldats français déployés dans l’ensemble du sahel qui est pourtant un espace grand comme la moitié de l’Europe.
En outre, Jean-Hervé Jézéquel a relevé que les groupes djihadistes ne sont pas identiques en Afghanistan et au Sahel. «Ils n’ont pas les mêmes capacités, ils n’ont pas la même trajectoire», a-til expliqué. Il a également souligné qu’au Sahel, contrairement à l’Afghanistan, les djihadistes n’ont jamais contrôlé un Etat et n’ont pas non plus une branche politique aussi développée, qui soit capable d’engager des négociations de haut niveau.
Siaka CISSE (Stagiaire)
