Baroua attaqué, c’est tout un symbole qui est ébranlé. Baroua qui pleure 16 soldats de l’armée nationale, c’est le chaos que cherchent à provoquer les assaillants d’un village d’au moins 6 000 habitants qui avaient fui leurs terres et abandonné derrière eux leurs biens et sont revenus à la maison. Baroua attaqué, c’est l’espoir de retour au bercail pour tous les déplacés du Niger que des hommes sans foi ni loi, se réclamant de la nébuleuse Boko-Haram, entendent tuer. Mais Baroua attaqué, c’est surtout le signe que le Niger, malgré les attaques armées incessantes, comme le roseau, plie, mais ne rompt pas. Mieux, Baroua attaqué, ce sont des hommes et un pouvoir nigériens encore plus déterminés que jamais, qui doivent faire barrage à l’entreprise de démons qui, désormais, ne peuvent plus se cacher derrière une quelconque foi religieuse pour tuer, lâchement, leurs semblables. En tout cas, Baroua attaqué, c’est la preuve que Boko-Haram, n’a pas digéré les coups mortels que lui a infligés le Niger, avec à ses côtés, les armées de la sous-région et des Forces étrangères, dont celle française Barkhane. Toutefois, l’émotion, encore moins le découragement, ne doivent pas prendre le dessus dans cette lutte contre Boro-Haram.
Lorsque le Niger a entamé cette opération, jusqu’ici réussie, du retour de milliers de déplacés dans leurs terroirs, il savait que l’ennemi réagirait, et de la pire des manières. Mais comme à son habitude, l’ennemi a encore poignardé dans le dos, s’en prenant à cette position des Forces de défense et de sécurité nigériennes qui étaient chargées de sécuriser ce village situé non loin de la frontière avec le Nigeria. Fait réjouissant pour les défenseurs de la bonne cause, en enjambant la frontière pour frapper en territoire nigérien, les hommes de Boko-Haram se sont heurtés à des soldats de l’armée et de la Garde nationale, qui, malgré la surprise de l’attaque, se sont battus avec hargne pour défendre les populations civiles au prix de leurs vies. C’est une cinquantaine d’assaillants qui ont été mis hors d’état de nuire, des terroristes extirpés du village où ils avaient pu s’introduire et une quantité importante d’armes récupérées. Cependant, la grande leçon à tirer de cette nouvelle attaque, comme de toutes les autres, c’est l’urgence pour chaque pays de s’engager à fond dans la lutte et de sécuriser ses frontières. Sécuriser un territoire vaste de 1 267 000 Km2 est loin d’être une sinécure. Et pourtant, les Nigériens, sans pouvoir mettre fin, pour l’instant, à cette pandémie d’insécurité qui s’est emparée de la planète, notamment du Sahel africain, arrivent à la contenir dans des proportions raisonnables, ce que lui envient des pays moins étendus.
Le Niger a peut-être le malheur d’être entouré de voisins qui, visiblement, n’ont toujours pas pris la mesure du phénomène, à moins d’avoir baisser les bras, au point de se soumettre à une accoutumance des tueries. C’est comme, à un degré moindre, un cultivateur qui dératise son champ, ou un propriétaire de maison qui pulvérise chez lui pour tuer les moustiques et détruire leurs nids, alors que leurs voisins en font l’élevage! Il importe donc que chaque pays joue à fond, la carte de la sécurité et de la sécurisation, ou permette alors à ses voisins de poursuivre les assaillants au-delà des frontières établies. Dans le cas d’espèce, le Nigeria, pour son propre bien et celui de ses voisins, notamment le Niger, le Tchad et le Cameroun, doit faire mieux dans le combat contre la nébuleuse islamiste. Sans donner raison à ceux qui décèlent une passivité, pour ne pas dire une complicité de certains dirigeants décideurs nigérians, face à la menace de Boko-Haram, le constat est frappant que peu est fait par l’armée et les autorités au sommet, pour éradiquer le monstre qui n’a que trop tué. Si rien n’est fait par Muhammadu Buhari et ses soldats pour prendre l’animal à la gorge et lui asséner le coup fatal, l’hydre continuera de menacer la stabilité de la région et ce n’est pas forcément bon signe pour le pays qui se dit géant militaire et économique africain, avec qui tous ses voisins commercent.
Ou alors, il faut, pour le Nigeria, instaurer un droit de poursuite au profit des pays qui l’entourent, en vue de permettre à ceux-ci, de poursuivre les hommes de Boko-Haram sur le territoire nigérian, pour les empêcher ainsi, d’aller frapper ailleurs pour replier, impunément, dans leurs bases.
Par Wakat Séra