Accueil Monde Alpha Condé: un opposant historique mué en dictateur bourreau de ses adversaires

Alpha Condé: un opposant historique mué en dictateur bourreau de ses adversaires

0
Alpha Condé ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes

Alpha Condé a été renversé le 5 septembre 2021 par un coup d’Etat militaire conduit par le colonel Mamady Doumbouya, lui reprochant des dérives autoritaires voire de s’être mué en dictateur. Un coup de force qui a mis fin à un troisième mandat controversé. Alpha Condé sera  donc passé d’un opposant historique à un président dictateur, oppresseur de son peuple avec une boulimie du pouvoir pour lequel il était prêt à tout, même un tripatouillage de la constitution.

Le professeur Alpha Condé a subi plusieurs revers sur le plan politique en ayant perdu à maintes reprises les élections présidentielles dans son pays la Guinée. Le natif de Boké en Basse-Guinée a été l’opposant historique des deux premiers présidents Ahmed Sékou Touré et Lansana Conté de 1993 et 1998 et est également passé par la prison.

En 2010, plusieurs années après de nombreux troubles, se tiennent une élection présidentielle qualifiée d’historique. En effet, c’est la première fois que la Guinée, indépendante depuis 1958, va pouvoir choisir démocratiquement son chef d’État. Une élection organisée alors que le pouvoir est détenu par un gouvernement de transition présidé par le général Sékouba Konaté et à laquelle n’ont pris part aucun militaire ni un membre de la transition.

Alpha Condé, leader du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) et  l’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo, candidat de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) se présentent comme les deux candidats «sérieux» pour remporter le scrutin. Au premier tour de cette élection, M. Condé est arrivé deuxième, loin derrière le leader de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo avec 8,25 % des voix contre 43,60 %. La seconde manche de ce scrutin a lieu quatre mois plus tard, au lieu de deux semaines et Alpha Condé a été déclaré vainqueur par la CENI avec 52,52 % des voix. Cette élection de Condé a suscité des réactions, des voix accusant la partie du président élu d’orchestrer une campagne anti Peulh, ethnie de son challenger Cellou Dalein Diallo.

En 2015, il est élu pour un second mandat avec 57,9 % des voix au premier tour face à son rival Cellou Dalein Diallo. Au cours de ses 10 ans de pouvoir, les libertés d’expression et de presse ont été embastillées suscitant la réaction de leurs défenseurs notamment l’ONG Reporters sans frontières et Amnesty International. Il est également reproché au président Condé de n’avoir pas pu organiser la tenue d’un procès du massacre et viols des femmes survenus le 28 septembre 2009 au stade de Conakry.

En 2020, à 82 ans et à la suite d’une révision constitutionnelle controversée lui permettant de briguer un troisième mandat, Alpha Condé est réélu une nouvelle fois, recueillant 59,5 % des suffrages dès le premier tour. Ce mandat a été celui de trop. Des voix s’élèvent contre cette réélection et le pouvoir essuie de vives critiques. Le professeur est accusé de dérive autoritaire voire de s’être mué en dictateur.

Quant à son bilan économique et social, il est loin d’être reluisant, selon des observateurs. «Pour remplir les caisses de l’État vides, le « professeur » venait de décider l’augmentation du prix du carburant avec toutes les conséquences en termes de renchérissement des prix de produits de première nécessité, la baisse des salaires de 5% et l’augmentation des salaires des fonctionnaires de la Présidence! Aussi, l’état du réseau routier est plus que déplorable sans compter les dégâts environnementaux provoqués par la multitude de sociétés minières qui opèrent désormais en Guinée», détaille le journaliste guinéen Sy Savané.

Le 5 septembre 2021, le président Alpha Condé est déchu du pouvoir par un coup d’Etat mené par le colonel  Mamady Doumbouya. A ce jour, le désormais ancien président guinéen est détenu par la junte. Le 10 septembre il a reçu la visite d’une délégation de la CEDEAO qui a assuré qu’il «se porte bien». L’organisation ouest africaine demande le retour de l’ordre constitutionnel dans ce pays dont les militaires sont désormais les seuls maîtres du moment.

Siaka CISSE (Stagiaire)