Force est de constater que les jeux politiques internes aux recompositions incessantes ont accru la mobilité des dynamiques politiques aux tendances anti-démocratiques. Cela nous amène à nous questionner sur la véritable trajectoire politique de nos oppositions.
En effet, tout porte à croire que par nature représentative d’une alternative politique, c’est véritablement par un exercice contre nature que les oppositions dans biens des pays se sont révélées être aux avant-postes de la stagnation démocratique et la déconstruction politique.
Lorsque l’on se positionne du point de vue idéologique, le culte de la personnalité et le clientélisme ont pris l’ascendant sur leur trajectoire politique, laissant ainsi la place à une foire du trône de la démagogie. C’est ainsi que les oppositions bénéficient du statut de vizir auprès de certains régimes en exercice qui usent de pratiques similaires pour asseoir leur pouvoir et faire valoir des intérêts mineurs aux oppositions.
C’est peut-être dans cette pensée que s’inscrivait Disraeli quand il a dit « nul gouvernement ne peut être longtemps solide sans une redoutable opposition ».
D’autre part, dans la pratique politique, on assiste à un effondrement de l’offre politique et l’émergence d’une dialectique aux antipodes des attentes citoyennes et politiques, dépourvue d’un projet de société-modèle pouvant représenter une option valable aux échéances électorales pour le peuple.
Dans ce dernier cas, les oppositions qui souvent dans un emballement global sans une lueur de pensée progressiste devraient-elles se sentir aussi légitimes de déconstruire les régimes en place alors qu’elles sont au crépuscule de leur existence dans le continent ?
À cette question, devrions- nous affirmer alors que la figuration satirique de nos oppositions affirmerait l’échec de celles-ci à incarner une alternative politique.
Plus largement, le fait de mettre sous l’éteignoir les « bambins » politiques et ranger dans les placards les idées transformatrices dans le courant de la demande populaire aurait été l’abstinence de trop pour les oppositions qui ont raté le train de leur renaissance.
Hier, nous les avions connues à leur apogée dans la lutte contre les tares qui minent nos sociétés, à coups d’arguments, force de propositions et participatives à la construction démocratique de nos États. Aujourd’hui, hélas, ces oppositions s’apparentent aux diablesses de la démocratie, sont favorables aux manquements démocratiques, adeptes à l’insurrection et au soutien des intérêts de la personne de leurs leaders.
Il est vrai que la perfection du jeu politique est un mythe, mais l’opposition marque de son inertie sa participation à ce jeu car, elle est la grande absente du réveil démocratique de l’Afrique.
Comme le disait Robert Sabatier dans Le livre de la déraison souriante : « s’opposer n’est autre que proposer. Une opposition sans proposition n’est qu’un mouvement d’humeur ». Tall Madina
Analyste politique et géostratégique, diplômée en Études Stratégiques, Sécurité et Politique de Défense. Chercheuse sur les questions de terrorisme dans la zone sahélo-saharienne, éditorialiste et écrivaine. Présidente du Mouvement Nouvel Afrique – Nouvelle Génération
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