Le jugement du dossier de l’ex-président burkinabè Thomas Sankara et de ses douze compagnons, assassinés il y a 34 ans, «ne sera pas une partie de plaisir», a déclaré le lundi 11 octobre 2021, le ministre en charge de l’Urbanisme, Me Bénéwendé Stanislas Sankara, à l’issue des débats houleux entre les avocats de la partie civile et de la défense, à l’ouverture du procès historique.
Les joutes oratoires entre les parties prenantes au jugement (procureur militaire, partie civile, défense et Etat burkinabè), la force des arguments de chaque camp visant à persuader le tribunal militaire sur sa position et les cours de droits dont ont fait montre certains avocats, entre autres, ayant caractérisé l’ouverture du procès historique du père de la révolution burkinabè, annoncent les couleurs de l’audience du dossier qui fait 20 000 pages.
Pour Me Bénéwendé dont le cabinet défend les ayants-droits de la famille de l’ancien président Thomas Sankara, cela est «la preuve de la sérénité du tribunal militaire dans ce procès historique» et également «la preuve que les droits de la défense sont garantis». Mieux, à en croire Me Bénéwendé Sankara, «cela augure de l’équité du procès qui va certainement respecter les normes et les standards qui sont requis pour un procès de ce type. Donc il faut simplement s’en féliciter, encourager le tribunal à dire le droit, rien que le droit».
L’un des premiers avocats à déposer une plainte dans ce dossier, pense que les préliminaires qui ont agrémenté la première journée de l’audience montrent que «ce jugement ne sera pas une partie de plaisir», soulignant la formule du serment des assesseurs qui interpelle chaque membre du tribunal militaire à «un devoir de conscience de s’interroger sur les faits pour permettre au tribunal d’en tirer les conséquences en droit». Selon lui, en tant qu’avocat, «c’est la bonne preuve que tous les principes qui gouvernent le procès judiciaire sont ici respectés et il faut le souligner avec force».
Me Bénéwendé qui a pris le dossier du défunt président depuis le règne de Blaise Compaoré, principal accusé dans cette affaire, dit avoir un «pincement au cœur de ne pas être en robe parmi (ses) confrères» pour défendre l’affaire vu qu’il est au gouvernement et que cela créé «une incompatibilité» avec sa fonction d’avocat.
«Mais, je suis plutôt fier de voir mes jeunes confrères hériter du dossier. Et donc je leur souhaite vraiment bonne chance. Nous avons plus que de jeunes loups qui sont engagés dans cette bataille et vous l’avez déjà constaté dans les débats et je pense que vous serez royalement servis», a-t-il affirmé.
Ouvert lundi, le procès de l’affaire Sankara et ses douze compagnons a été renvoyé au 25 octobre prochain à la demande des avocats de la défense commis d’office, pour mieux se préparer.
Par Bernard BOUGOUM