Le Conseil national de Lutte contre le sida et les infections sexuellement transmissibles (SP/CNLS-IST) a lancé le mardi 23 novembre 2021, à Léo, une caravane de sensibilisation sur le VIH en vue de l’élimination de la maladie au Burkina Faso, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida observée chaque 1er décembre, depuis 1998. Le taux de prévalence de la pandémie du VIH au Burkina Faso est de « 0,7% », a révélé le coordonnateur de l’unité centrale de planification de suivi-évaluation, Adama Ally Ganamé.
Selon un développement fait par le coordonnateur de l’unité centrale de planification de suivi-évaluation, Adama Ally Ganamé, le mois de décembre est le moment de l’année où des millions de personnes se rassemblent pour commémorer ceux qui ont perdu la vie à cause du VIH, célébrer les progrès accomplis dans la riposte à l’épidémie et se réengager pour mettre fin au sida. L’élimination de la pandémie du sida commande à tous de renforcer les interventions ciblées et une prise en charge efficace des plus vulnérables que sont les adolescents et les jeunes ainsi que la mise en place des stratégies de communication adaptées aux réalités locales.
Ainsi, l’organisation de cette caravane qui marque la 33e Journée mondiale de lutte contre le sida au Burkina Faso, s’inscrit dans les activités commémoratives de la Journée mondiale de lutte contre le sida et les infections sexuellement transmissibles qui sera célébrée cette année à Réo, dans le Centre-ouest, le 1er décembre prochain sous le thème : « Faire de l’égalité d’accès aux services VIH, le socle de l’élimination du sida ». Selon les organisateurs de la caravane, sans des actions audacieuses contre les inégalités, le pays risque de manquer les cibles pour mettre fin au sida d’ici 2030 selon le chronogramme de l’ONU Sida.
Le taux de prévalence chez les travailleuses de sexe est de 5,4%
Dans la lutte contre la pandémie du VIH, des « avancées remarquables ont été réalisées dans la réduction de la prévalence de la pandémie dans notre pays, grâce aux efforts conjugués des acteurs surtout communautaires », a affirmé M. Ganamé qui pense qu’« un grand espoir est permis quant à la vision prospective d’éradication de la pandémie du VIH d’ici à fin 2030».
Lorsqu’on analyse de près les statistiques, on se rend compte qu’il y a certaines cibles dont la prévalence va au-delà de 1%. « C’est le cas des travailleuses de sexe où le taux de prévalence est de 5,4%, des personnes handicapées où le taux de prévalence est de 4,6% et des hommes qui ont des relations avec d’autres personnes dont la prévalence est autour de 8,9% », a révélé M. Ganamé, notant que les défis actuels sont des interventions beaucoup plus ciblées à l’endroit de ces personnes et d’inclure tout le monde dans le traitement conformément au thème de cette année.
Le choix de la ville pour le lancement de la caravane de sensibilisation n’est pas fortuit. Selon la séro-surveillance du ministère de la Santé, en 2020, dans la région du Centre-ouest, le taux de prévalence de la pandémie est de « 0,81% ». « C’est un progrès par rapport aux données de la même source en 2018 où le taux de prévalence était de 1,82%. Donc il y a eu une régression et cela est à encourager », a commenté Ally Ganamé.
Il a estimé que malgré les résultats « satisfaisants engrangés, des défis importants restent toujours à relever » dans le pays. Il s’agit, entre autres, de la prévention de la transmission du VIH et la promotion des comportements à moindre risque surtout chez les adolescents et les jeunes exposés de nos jours à la pandémie du sida. Pour M. Ganamé, cette journée se veut également une occasion de mobilisation sociale en faveur de la santé sexuelle et reproductive des jeunes et adolescents et des populations de la région du Centre-ouest.
Il a rappelé que cette région figure parmi les régions ayant un taux de prévalence du VIH supérieur à la moyenne nationale. Par ailleurs, le Centre-ouest est la région où le « taux de grossesses précoces et non désirées est très élevé. Pourtant, qui dit grossesse, dit rapport sexuel non protégé, donc une exposition à l’infection à VIH », a-t-il ajouté.
Le coordonnateur de l’unité centrale de planification de suivi-évaluation a conseillé, que « chacun de nous devra s’engager à connaître son statut sérologique à travers le dépistage du VIH, à adopter un comportement responsable pour se protéger et protéger les autres mais surtout en restant proches des personnes infectées afin de les aider à vivre au mieux avec la maladie ».
La province de la Sissili, une zone frontalière abritant d’importants marchés qui attirent les populations
Le choix de la ville de Léo, chef-lieu de la province de la Sissili, pour le lancement de la caravane, « est un honneur pour nous », a affirmé le préfet, Moctar Ilboudo, représentant madame le gouverneur de la région. Pour M. Ilboudo, le Centre-ouest est d’autant plus honorée parce que la commune de Réo dans la province du Sanguié abritera la célébration nationale du 1er décembre prochain. « La province de la Sissili est une zone frontalière abritant d’importants marchés qui attirent les populations de l’intérieur du pays mais également celle du Ghana. Ces rencontres laissent penser à des comportements à risques pouvant être source de transmission des IST et du VIH », a fait remarquer M. Ilboudo.
«D’ailleurs, les données épidémiologiques sur les cas d’IST enregistrées au cours des deux dernières années corroborent ces propos. De même, notre province est la plus étendue de la région, posant un énorme problème de maillage territorial par les acteurs communautaires, en plus, du phénomène de l’orpaillage qui est apparu ces dernières années avec tout ce qu’on attribue à cette cible en matière de comportement sexuel », a-t-il soutenu, disant que cette caravane est une aubaine pour les populations de s’approprier les vraies informations afin d’être des relais dans leurs différents milieux de vie.
Les défis qui restent à relever dans la lutte contre le sida au Burkina Faso sont, entre autres, « le relèvement du taux de dépistage, l’adhésion des partenaires des femmes enceintes au dépistage et à la protection de la transmission de la mère à l’enfant car moins de 5% des partenaires des femmes enceintes y adhèrent », a poursuivi monsieur le préfet de To.
Il a aussi ajouté que « l’augmentation des ressources pour la prise en charge nutritionnelle, psychosociale et économique des personnes infectées et affectées par le VIH, la mobilisation des ressources locales pour appuyer les actions de lutte et enfin le relèvement du niveau de réalisation de la charge virale chez les personnes vivant avec le VIH ».
L’année dernière c’est la ville de Boulsa dans la région du Centre-nord qui avait abrité la 32e Journée mondiale de lutte contre le sida.
Par Bernard BOUGOUM