Junte malienne où est donc ta victoire? Pourquoi avoir laissé mourir Soumeylou Boubèye Maïga en nous faisant croire qu’il était en détention en vue de jugement? Quel a donc été le péché commis par notre ancien confrère, devenu un pilier incontournable de l’histoire politique contemporaine du Mali, pour mériter cette persécution inhumaine sans fin, jusqu’à sa…fin? SBM était-il un justiciable accusé dans une affaire de détournement de l’argent public ou un condamné à mort qui devait passer par tous les niveaux d’humiliation les plus inimaginables? Comment cet homme qui a passé presque toute sa vie au service de l’Etat malien pouvait-il être embastillé, comme un vulgaire bandit, dans une cellule surpeuplée sans fenêtre?
Vous, nouveaux maîtres de Bamako, experts en culte de la personnalité et de la propagande, vous êtes-vous donné droit de vie et de mort sur les Maliens? Le «Tigre» est-il resté pour vous l’adversaire à neutraliser à tout prix? Vouliez-vous simplement vous éviter toute surprise dans vos ambitions démesurées de garder le pouvoir arraché par vos kalachnikov qui vous ont offert cette irruption sur la scène politique malienne, un certain 18 août 2020 et de vous y maintenir par un deuxième putsch, le 24 mai 2021? Pourquoi avez-vous refusé à l’ancien Premier ministre, son évacuation dans un centre de santé approprié pour faire soigner cette pathologie qui le rongeait et lui a fait perdre 27 kilogrammes, maladie dont la gravité était loin d’être inconnue de vous?
Des questions et encore beaucoup de questions qui ne font que vous faire porter, en plus de vos galons, l’entière responsabilité de la disparition de ce digne fils du Mali dont la valeur n’a pas attendu le nombre des années pour le mettre au service de trois chefs d’Etat qui se sont succédé à la tête du pays. Aucun homme n’est éternel mais Soumeylou Boubeye Maïga ne méritait pas ce sort. Deux coups d’Etat et deux morts! C’est votre triste bilan provisoire! Car en plus de SBM, c’est sous votre règne volé et contesté, qu’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), l’ancien président malien que vous avez déstabilisé, a également quitté ce monde des vivants, complètement dépassé par votre putsch survenu alors que les Maliens pensaient avoir tourné le dos aux pronunciamentos, pour marcher sur la voie, certes difficile pour nos dirigeants, de la démocratie.
Oui, une deuxième mort de l’un de ceux dont vous avez été les bourreaux! Une autre bêtise humaine qui aurait pu être évitée si vous aviez fait montre, ne serait qu’un peu de cœur, en écoutant les mille et un SOS, notamment les pleurs de la désormais veuve Yatassaye Binta Maïga, pour sauver Soumeylou Boubeye Maïga! Mais en Afrique, les morts n’étant pas morts, les œuvres de l’ancien Premier ministre, dont vous venez inconsciemment de confirmer la stature de Grand Homme, lui survivront et parleront pour lui. En tout cas, cette mort, une de trop, alors que les terroristes continuent d’endeuiller le Mali, sera bien lourde à porter par une junte militaire qui n’a d’autre souci que de prolonger son séjour au palais de Koulouba.
Pourvu que ce drame malien serve au moins de leçon à tous ces dirigeants africains, surtout quand ils sont des putschistes invétérés, qui font subir les pires horreurs à leurs adversaires politiques qu’ils considèrent comme des ennemis à abattre.
Par Wakat Séra