Le père de la Révolution d’août 1983, Thomas Sankara et douze de ses compagnons tués le 15 octobre 1987, à la suite d’un coup d’Etat, leurs bourreaux ont été jugés après des procédures judiciaires qui ont duré 25 ans. Selon Me Bénéwendé Sankara, un des avocats des parties civiles, qui était en conférence de presse le jeudi 7 avril 2022 à Ouagadougou, le procès dont le verdict est tombé le mercredi 6 avril 2022, est le résultat de la persévérance «malgré l’adversité et les multiples difficultés».
Le 29 septembre 1997, Mariam Sankara et ses enfants Auguste et Philippe déposaient une plainte à la suite de l’assassinat du président Thomas Sankara. Cette plainte a fait objet de l’ordonnance du doyen des Juges d’instruction en date du 9 octobre 1997.
Après 25 ans de procédures judiciaires, les accusés dans le dossier ont été jugés à la faveur de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 qui a forcé l’accusé principal Blaise Compaoré à s’exiler en Côte d’Ivoire où il a pris la nationalité ivoirienne.
Pour Me Bénéwendé Sankara, avocat de la famille de Thomas Sankara, la tenue de ce procès est la résultante de la persévérance «malgré l’adversité et les multiples difficultés». Pendant les 25 ans «nous avons mené toutes sortes de procédures tant au plan national qu’au plan international, aussi bien devant les juridictions civiles que militaires», a-t-il signifié. Il a salué les efforts du Comité International Justice pour Thomas Sankara et du Professeur Aziz Fall et les efforts de tous ceux qui, dans l’ombre comme au grand jour ont mené le même combat pour la manifestation de la vérité».
Pour les avocats de la partie civile, ce fut «un exercice d’une durée inhabituelle et si longue». Après le verdict de cette affaire, ils estiment que «la chambre de jugement du Tribunal Militaire de Ouagadougou vient ainsi d’inscrire dans l’histoire judiciaire du Burkina Faso en lettres d’or le nom du juge Urbain Méda et celui de tous les membres de la chambre qui, pour la postérité ont courageusement dit le droit et rendu la justice au nom du peuple burkinabè».
A Lire aussi: Procès Thomas Sankara: Gilbert Diendéré a eu «une attitude d’arrogance» (Me Bénéwendé Sankara)
«Cette décision, si elle est une victoire, elle est le mérite d’abord de notre cliente principale, Madame Mariam Sankara dont il faut saluer le courage, la bravoure et l’abnégation. Ensuite, elle est le fruit du combat de tous les femmes et hommes épris de justice, de vérité, de paix et de liberté comme valeurs cardinales de la dignité humaine», a dit Me Sankara. «Ce que nous avons obtenu et que c’est satisfaisant, c’est que déjà on sait qui ont été les exécutants, qui sont les commettants et les condamnations reflètent les implications des auteurs qui ont été accusés et poursuivis devant le Tribunal», a-t-il soutenu.
Selon Me Bénéwendé Sankara, «contrairement à ce que certaines personnes à l’international tentent de faire croire, les avocats (de la défense) ont reconnu que c’était un procès équitable où les droits de la défense étaient garantis».
«Nous pensions que les accusés diront la vérité au moins pour soulager leur conscience», a fait savoir Mariam Sanakara, l’épouse du président Thomas Sankara, qui a souligné que ce procès qui a révélé «des choses sur des personnes qui se disaient révolutionnaires», a permis de «savoir qui est qui, quelles étaient les personnes qui entouraient Thomas». «Il y a des témoins qui sont venus et qui n’ont rien dit. Des personnes que nous pensions qu’elles allaient apporter beaucoup de choses et elles n’ont presque rien dit», a déclaré Mme Sankara qui a affirmé que la plainte n’a pas été déposée pour se venger de qui que ce soit.
Après le procès sur le volet national, les avocats des parties civiles affirment qu’ils ont la possibilité de faire actionner à nouveau la justice sur le deuxième volet qui porte sur les différentes complicités à l’international. «Nous irons jusqu’au bout parce que la manifestation de la vérité doit être intégrale», a affirmé Me Bénéwendé Sankara. Il a fait savoir qu’ils se donneront «toutes les chances pour aller sur le plan de l’international».
Par Daouda ZONGO