Après 40 jours de pénitence, de privations de toutes sortes, et de prière, les fidèles chrétiens ont célébré la résurrection de Jésus-Christ, mort sur la croix pour sauver le monde. C’est dans le même temps que l’Afrique déplorait les 341 morts des plus de 41 000 sinistrés, selon le bilan provisoire des dernières inondations qui ont frappé la ville du KwaZulu Natal. Les milliers de morts du terrorisme dans le Sahel occupent également l’actualité. Le fils de Dieu ne saurait rester indifférent aux malheurs d’un continent africain où les religions révélées qui lui ont été apportées d’ailleurs sont les mieux pratiquées.
Même les fétiches de nos ancêtres combattus avec la dernière énergie ne pouvant faire bon ménage avec les images et autres représentations des prophètes de l’Islam ou de la confession chrétienne, ont été, pour la plupart, cachés au fin fond des maisons, pour ceux qui ont échappé à la destruction. C’est pour dire combien ces religions se sont incrustées dans le quotidien des Africains et façonnent leur vie.
En plus des inondations et autres incendies de marchés comme celui de Kaya au Burkina Faso, dont plusieurs boutiques sont parties en fumée ce samedi de veille de Pâque, et la marée noire redoutée en Tunisie, où un navire qui serait chargé de 750 tonnes de gazole a coulé, toujours ce samedi, l’Afrique qui pleure ces morts d’attaques terroristes depuis des décennies, court derrière une paix qui, elle, ne fait que s’éloigner chaque jour un peu plus des tropiques. Peut-être qu’avec la résurrection de celui que les fidèles chrétiens appellent «le prince de la paix», cette denrée qui est devenue aussi rare en Ukraine actuellement sous la pluie des bombes russes qu’en Centrafrique sous la coupe de rebelles ou ex-rebelles reviendra.
Il est, du reste, temps que, ceux qui ont exporté en Afrique ces religions qui, font de leurs piliers la paix et l’amour, sachent analyser les signes du destin qui a fait coïncider cette année, les périodes de jeûne des chrétiens catholiques et des musulmans. Un clin d’œil qui n’a d’autre interprétation que celle de la solidarité mondiale, malheureusement, très inégalement répartie à travers la planète. En témoigne cette réflexion du directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Pour l’Ethiopien, le monde «ne traite pas de la même façon les crises affectant les Noirs et les Blancs». Un secret de polichinelle révélé par le DG de l’OMS qui prend comme référence la grande publicité et la propagande autour de la guerre en Ukraine alors que le Tigré (la région de l’Éthiopie dont il est originaire), le Yémen, l’Afghanistan, la Syrie «et tout le reste» vivent, dans une fatalité presque généralisée, de conflits qui déciment les populations. Et les Soudanais qui offrent jour et nuit, leurs poitrines au balles assassines des généraux qui ont confisqué leur révolution contre la dictature? Faut-il oublier les morts et déplacés du fait des attaques terroristes, du Burkina au Tchad, en passant par le Nigeria, le Niger, le Mali, le Bénin, etc.? D’ailleurs, il en a toujours été ainsi, notamment dans le domaine de la santé, les maladies se trouvant au sud et les médicaments au nord. Une discrimination séculaire qui persiste jusque dans des endroits inimaginables, malgré le poids de la religion qui, dit-on, est amour et partage.
La Pâque passera donc et les réalités qui font de certains des êtres humains de seconde zone demeureront. Jusqu’à la prochaine célébration de la résurrection du Christ, du Ramadan et de la Tabaski, où sera, une fois de plus, magnifié, l’amour entre tous les enfants de Dieu.
Par Wakat Séra