Accueil A la une CEDEAO: un sommet pour desserrer l’étau autour du Mali?

CEDEAO: un sommet pour desserrer l’étau autour du Mali?

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La CEDEAO en cure d'amaigrissement (Ph. d'illustration)

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) s’apprête de nouveau à se pencher sur ses membres souffrant de cette mini pandémie de coups d’état qui s’était emparée de la sous-région. Le Burkina Faso, la Guinée et le Mali se retrouveront une fois de plus, en principe ce 4 juin, sur le billard du docteur Nana Akufo-Addo, le Ghanéen étant le président en exercice de la CEDEAO. Pour ausculter ces trois malades, et particulièrement le Mali dont le cas a été contagieux et semble plus grave, plusieurs autres chefs d’Etat devraient être présents dans la capitale ghanéenne, chacun avec son remède.

Mais tous auront certainement à cœur d’appliquer le cataplasme à même de soulager le Mali des sanctions financières et économiques qu’ils avaient prises contre lui, la mort dans l’âme, lorsqu’ils essayaient de contraindre la junte militaire au pouvoir à Bamako, à revenir à une durée plus raisonnable que les quatre ou cinq ans de transition qu’elle voulait s’octroyer.

Au titre de ce énième sommet, un compromis serait même en vue, mettant sur la table, entre 16 et 18 nouveaux mois de transition, en plus des 21 mois déjà passés au pouvoir par les hommes de Kati, après leur premier putsch qui a chassé, le 18 août 2020, du palais présidentiel de Koulouba, Feu Ibrahim Boubacar Keïta. Un nouveau gouvernement, selon certaines sources, devrait voir le jour, avec pour mission essentielle d’organiser des élections présidentielle et législatives, synonyme du retour à la démocratie. Cette équipe se fera-t-elle avec ou sans l’actuel Premier ministre de transition Choguel Kokalla Maïga, personnage clivant s’il en est et mal aimé notoire de nombre de dirigeants étrangers dont des Africains?

En tout cas, certains ont déjà passé autour du cou du chef du gouvernement de la transition malienne, la corde qui le conduira sur l’autel du sacrifice propitiatoire. Mais rien n’est ficelé pour de bon, tous les schémas étant soumis à la bonne foi de Assimi Goïta et ses hommes de sortir le Mali de ce bourbier dans lequel il s’enfonce et entraîne le reste de la sous-région.

Une chose est certaine, les différentes transitions des colonels putschistes ne rencontrent guère l’assentiment de la CEDEAO, que ce soit celle de 5 ans du Malien Assimi Goïta, celle de 39 mois du Guinéen Mamadi Doumbouya ou encore celle de 36 mois du Burkinabè Paul-Henri Sandaogo Damiba. L’organisation sous-régionale tentera sans doute de plonger les ciseaux dans ces durées de transition qu’elle juge, à raison, trop longues par rapport au tarif classique de 16 ou 18 mois, qu’elle sert aux auteurs de coups d’état pour remettre le pouvoir aux civils.

Sauf que dans ce cas précis, si elle cherchera à éviter d’accorder des transitions de la taille d’un mandat normal portant l’onction des urnes à ces pouvoirs arrachés kalach en l’air, la CEDEAO serait tout de même bien inspirée de procéder au cas par cas, en fonction de la situation sécuritaire qui prévaut notamment dans les pays sahéliens. Du reste, contrairement au Mali qui s’est braqué et s’est totalement isolé du reste de la Communauté, le Burkina Faso a invité récemment, la CEDEAO à venir faire le constat, de visu, de la dégradation du climat sécuritaire et de l’hémorragie incessante des Personnes déplacées internes (PDI) qui abandonnent derrière elles, dans leur fuite, sous la menace des attaques terroristes meurtrières, terre et autres biens.

Le compte-rendu fidèle des experts délégués sur le terrain, dont le président de la commission de la CEDEAO, l’Ivoirien Jean-Claude Kassi Brou, pourrait bien plaider en faveur du Burkina pour une transition relativement plus longue. Ainsi les militaires au pouvoir à Ouagadougou devraient mettre à profit ce temps pour sécuriser le territoire national et offrir la chance à tous de voter dans la quiétude et surtout de vivre en toute tranquillité. Pourvu que ce sommet au…sommet soit un pas de plus vers le retour à la démocratie et à la paix en Afrique de l’ouest. Dans ce sens, il doit commencer par rabibocher des positions jusque-là radicales de la part de certains acteurs.

Par Wakat Séra