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CEDEAO sur le Mali, la Guinée et le Burkina : rien à voir, repassez le 3 juillet!

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Photo d'archives

Le double sommet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a-t-il vraiment servi à quelque chose? Répondre par la négative serait faire offense à ceux qui nous gouvernent qui ont laissé en plan toutes ces tâches de grande importance qu’exigent leurs hautes fonctions, pour rallier Accra, chez leur hôte Nana Akufo-Addo, le président en exercice de la CEDEAO. Même le Nigérian Muhammadu Buhari qui brillait par son absence à ces rencontres a fait le déplacement. Toute chose qui confortait les analystes politiques, et même les populations que de grandes décisions étaient dans l’air, dans le sens de la levée, ou tout au moins de l’assouplissement ou a contrario, le durcissement des sanctions, selon le cas, contre le Mali, la Guinée et le Burkina Faso, les trois pays dirigés par des juntes militaires en quête de transition politique à durée indéterminée.

Même au Mali où il est en place depuis près de deux ans, le pouvoir kaki du colonel Assimi Goïta compte faire la loi pour quelque temps encore. Certes, de 4 ou 5 ans de transition, les militaires auraient revu à la baisse, leurs ambitions, mais le compte n’est toujours pas bon pour la CEDEAO qui s’arc-boute sur son tarif classique de 16 à 18 mois. Quid de la proposition par les Maliens du Togolais Faure Gnassingbé, comme médiateur? Question sans réponse, sauf que la CEDEAO a renouvelé sa confiance à l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan pour poursuivre ses efforts, jusque-là infructueux sur les berges du Djoliba.

La fumée blanche que tous attendaient ne s’est donc pas dégagée du ciel ghanéen relativement à l’assouplissement de sanctions qui commencent à devenir insupportables, non seulement pour le Mali, mais également pour ses voisins qui commercent avec lui. Coincés entre les la cherté de la vie accentuée par la crise ukrainienne et les conséquences des attaques terroristes meurtrières, les pays de l’Afrique de l’ouest, notamment ceux sahéliens ne savent plus où donner de la tête, entre crise sécuritaire et humanitaire. Comme l’a si bien dit l’imam Mahmoud Dicko, les militaires sont dans leur «arrogance» et la communauté internationale dans son «orgueil». Et au bout du rouleau, ce sont les pauvres populations qui doivent se serrer la ceinture au point de s’étrangler. Les différentes transitions politiques en cours au Mali, en Guinée et au Burkina Faso à des degrés différents, constituent, simplement, des équations à multiples inconnues pour l’Afrique.

Car, pour paraphraser le Nigérien Mohamed Bazoum, qui est visiblement en train d’avoir raison trop tôt, les militaires, sont loin d’être une digue contre les attaques armées et, encore moins une assurance tout-risque pour la gouvernance et la démocratie. Ainsi, pour les schémas de sortie de crise pour les pays sous la coupe des militaires, il n’y a rien à voir, repassez le 3 juillet! Et là encore, rien ne garantit un recul des militaires au pouvoir, qui en sont même arrivés à oublier qu’ils sont des putschistes, donc arrivés aux affaires par effraction!

Mais le tableau n’était pas que noir à Accra. La CEDEAO qui entend accompagner les pays en transition dans leurs efforts, a donné sa confiance à l’ancien président nigérien, président démocratiquement élu qui a passé la main à un autre président lui aussi démocratiquement élu et bien au fait des dossiers de la paix, pour gérer la médiation avec la junte militaire au pouvoir au Burkina. Mahamadou Issoufou aura pour tâche de convaincre le Burkinabè à ramener à des proportions plus raisonnables, sa transition fixée à 36 mois. En tout cas, cette durée de trois années ne passe pas auprès d’une CEDEAO qui, tout en mesurant les avancées opérées au Burkina, et mesurant la double situation sécuritaire et humanitaire en dégradation continue, n’est tout de même pas prête à être plus large que d’accoutumée sur le temps imparti pour remettre aux civils, un pouvoir arraché par les armes. Et l’UEMOA qui cherche toujours président aura trouvé, son président de la Commission. Dès juillet, Jean-Claude Kassi Brou, quittera, en effet, son fauteuil de patron de la Commission de la CEDEAO à Abuja, pour déposer ses valises à Dakar, désormais coiffé par son président Alassane Ouattara, de la casquette de gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO).

Rien, par contre, n’est précis sur la patate chaude qu’il refilera à son successeur dans la capitale nigériane, sur les transitions politiques au Mali, en Guinée et au Burkina!

Par Wakat Séra