Le projet photographique de Nyaba Ouédraogo, une exposition de vernissage dénommée « Mokré », ce qui signifie embrassade ou baiser en langue locale mooré, s’est ouverte le samedi 11 juin et se déroule jusqu’au 23 juillet 2022 à l’Institut Français à Ouagadougou. Selon ses initiateurs, le travail du photographe à consister à «interroger le modèle amoureux et ses tabous, l’intime dans sa représentation socialement construite ».
Le projet photographique de Nyaba Ouédraogo à travers « Mokré » tente de développer une réflexion entre le désir et le rapport au corps, le tout s’articulant autour d’images conceptuelles dotées d’une grande sensibilité artistique et ouvrant l’esprit du spectateur à une interprétation personnelle. « Nous sommes nombreux à dire avec certitude que l’amour est universel, mais la manière dont nous l’exprimons est culturelle », a déclaré Nyaba Ouédraogo, l’artiste, pour qui, le baiser est un projet conceptuel.
Pour le directeur de l’Institut français, Pierre Meller, « le baiser est un interdit dans la société et la religion », soulignant que lors de cette exposition, « 15 créations photographiques poseront un regard sur un évènement très humain qui est le baiser».
«Parler ou montrer le baiser aujourd’hui, c’est à la fois un défi éthique et social. C’est un défi parce qu’on est dans une époque où il y a une saturation d’images dans la vie de la société qui montrent les corps des femmes comme des hommes, n’ayant jamais été autant phagocytés », a poursuivi M. Meller.
Selon ses propos, « le néo-conservatisme irrigue toutes les nouvelles normes sociales qui engendre de nouveaux comportements dans l’expression amicale, amoureuse, dans leurs relations filiales. Dans ce cas-là, quelle place aujourd’hui pour le baiser», s’est-il interrogé, saluant l’engagement de l’exposant qui a pris des risques.
Ces expositions portent en elles « les nouvelles interrogations sur la manière dont on peut envisager les rapports humains. Le rapport à l’amour, à la sensibilité. Ça évoque ce que nous sommes au plus profond de nos entrailles », a-t-il ajouté.
Récompensé par le prix de l’Union européenne aux 9e Rencontres de la photographie à Bamako, Nyaba Ouédraogo, est finaliste du Prix Pictet 2010. Lauréat des Résidences Photoquai Musée du Quai Branly 2013, il a été nominé pour les Prix Pictet en 2014 et Prince Claus en 2015.
Ses œuvres figurent parmi les collections de la Fondation Blachère, du Musée du Quai Branly, du Museum of Manchester au Royaume Uni. L’impact de ses photographies a aussi conquis des collections privées comme la Collection Matthias et Gervanne Leridon.
Par Bernard BOUGOUM