Tous, ou du moins presque tous les aéroports du monde regorgent de petits malins ou de gros voleurs, c’est selon. En la matière, ce sont surtout les voleurs de bagages qui battent tous les records. Parfois, ce sont des individus isolés, mais on a également affaire à une véritable bande organisée, c’est-à-dire, une mafia, pour faire plus simple. Ils sont intraitables et sont en mesure de faire disparaître toute une valise ou la délester de ses effets de valeur. Petit florilège d’expériences personnelles vécues.
Une fois, alors que nous revenions d’Abidjan, cette belle ville de la Côte d’Ivoire, c’est une vingtaine de polos neufs achetés en boutique et que nous avons emballés à l’aéroport en même temps que des boules d’attiéké, cette farine de manioc, spécialité ivoirienne dont nous raffolons aussi au Burkina Faso qui ont été récupérés par leurs «propriétaires». Arrivés à l’aéroport de Ouagadougou, l’attachante capitale du Burkina Faso, surpris que notre colis a visiblement diminué de volume, notre joie de revenir au bercail fut des plus éphémères. Nous venons de nous rendre compte que les t-shirts avaient disparu comme par enchantement. Les habits ont-ils été subrepticement retirés à l’aéroport Félix Houphouët Boigny d’Abidjan après l’enregistrement des bagages filmés qui s’est passé de bout en bout devant nous? Est-ce à l’aéroport de Ouagadougou que le crime parfait a été commis? A moins que les habits, très tendance, destinés en son temps à donner un coup de neuf à notre modeste garde-robe, ne se soient volatilisés en plein vol!
Après les vêtements, c’est sur les roulettes démontables de nos valises que les voleurs ont porté leur choix perfide. Au mois de mars, de retour d’Abidjan, et arrivé à l’aéroport de Ouaga, c’est une valise neuve dépouillée de deux de ses roulettes que nous avons ramenée à la maison. Les roulettes étant démontables, nous avons pu les remplacer par deux autres qui se trouvaient sur la valise de taille moyenne par rapport à la grande. Malheureusement pour nous, le samedi passé, toujours de retour d’Abidjan, c’est encore une valise amputée de deux roulettes que nous avons ramenée chez nous. Notre cas étant une goutte d’eau dans un océan de vols commis sur d’honnêtes passagers, c’est l’occasion pour nous de dénoncer ces pratiques séculaires dans les aéroports et qui se mènent souvent avec des complicités à des niveaux inavoués, selon l’importance de l’objet ciblé par des employés sans foi ni loi.
Certes, les aéroports ne sont pas hantés que par des voleurs car ils sont remplis d’employés qui accomplissent leurs tâches avec une haute conscience professionnelle greffée sur une courtoisie difficile à décrire. Et ces agents honnêtes doivent aider la police, si celle-ci le veut bien, à débusquer la mauvaise graine qui, comme on le dit trivialement, gâte le nom de tous les travailleurs de ces endroits que nous sommes contraints de fréquenter par nécessité ou par plaisir. Dommage que l’on ne puisse pas s’asseoir sur ses bagages comme dans les taxis brousse qui assuraient chaque jour de marché, la desserte de nos villages!
Pour le prix qu’ils paient pour les billets d’avion, surtout en Afrique, où rallier un pays voisin est aussi cher que se rendre derrière la mer, les voyageurs ont droit à plus d’égard et de sécurité de leurs biens.
Par Wakat Séra