Accueil Société Gaoua: le maire souhaite « un accompagnement financier » pour réinstaller les déguerpis

Gaoua: le maire souhaite « un accompagnement financier » pour réinstaller les déguerpis

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Fiacre Kambou, maire de la commune urbaine de Gaoua

Le maire de la commune de Gaoua, localité située à près de 400 km de Ouagadougou dans le Sud-Ouest burkinabè, Fiacre Kambou, a évoqué dans une interview accordée à Wakat Séra, les désagréments liés à l’expropriation des terres de certaines personnes, dans le cadre des réalisations des infrastructures des festivités de la fête de l’indépendance célébrée chaque 11 décembre. Il souhaite « un accompagnement financier pour permettre (aux déguerpis) de se réinstaller dans de meilleures conditions ».

Wakat Séra: Vous êtes un sociologue de formation et chef d’antenne régional du Sud-Ouest du Fonds d’investissement des collectivités décentralisées (FICOD), en tant que sociologue comment avez-vous appréciez l’accueil de la population après votre élection à la tête de la commune ?

Fiacre Kambou: Je dois dire que je mesure l’ampleur de la tâche qui m’a été confiée par la population de la commune urbaine de Gaoua. En même temps je me suis senti honoré par ce choix qu’a fait la population de la commune de Gaoua et de l’ensemble des partis politiques qui composent le Conseil municipal de Gaoua. Il faut le rappeler, tous les conseillers issus de tous les partis politiques ont unanimement voté pour mon élection à la tête de la commune.

Une année après votre élection, quel bilan faites-vous de votre gestion de la commune ?

Nous avons été élus à la tête de la commune au sortir d’une insurrection, d’une gestion par un Conseil transitoire. Alors les attentes des populations étaient très fortes dans tous les domaines : santé, éducation, assainissement… Dans le domaine de la bonne gouvernance, les populations sont de plus en plus exigeantes et c’est dans ce contexte que nous sommes arrivés à la tête de la commune de Gaoua pour essayer d’apporter notre contribution à la construction de cette belle cité à la suite, bien entendu, de tous ceux qui ont été à la tête de cette commune. Dans cette logique nous avons posé quelques actions qui sont déjà visibles sur le terrain.

Au niveau de l’éducation, nous avons eu à financer et réaliser des salles de classe pour résoudre les problèmes des écoles sous paillotes qui se posent avec acquitté au niveau de nos villages. Nous sommes arrivés trouver cinq CEG (Collège d’enseignement général) qui étaient sans salle de classe et nous sommes en train de travailler. Dieu voulant à la fin de cette année 2017, ces cinq CEG dans les cinq villages seront dotés de salles de classe construite en matériaux définitifs.

Dans le domaine de la santé nous avons eu à financer un CSPS (Centre de santé et de promotion sociale) dans le plus grand secteur de la ville de Gaoua qui est le secteur n°2 qui va permettre d’agrandir un peu l’offre dans les services de santé aux populations. Nous avons également ouvert un dispensaire dans le secteur n°8 toujours dans le souci de rapprocher les formations sanitaires aux populations pour leur permettre d’avoir accès au soin adéquat.

Pour ce qui est de l’assainissement, à notre arrivée nous avons mis un point d’honneur à vouloir assainir la ville parce que Gaoua était caractérisé par des dépôts anarchiques d’ordures avec les ruissellements des eaux des familles au niveau des rues. Nous avons entrepris un travail de sensibilisation, cette première année allant dans le sens de faire changer les comportements, de faire prendre conscience aux populations qu’il faut bien vivre dans un cadre sain.

Voila quelques actions que nous avons posées et que nous allons continuer à poser durant les cinq années. Je n’oublie pas que nous avons aussi fait des réalisations dans le domaine de l’eau à travers la réhabilitation de quelques forages et la construction de nouveaux forages dans certains villages de la commune.

Bientôt ce sont les festivités du 11-Décembre à Gaoua et le thème qui a été retenu c’est la « Diversité culturelle et citoyenneté responsable pour un Burkina solidaire et harmonieux », en quoi ce thème est bénéfique pour la commune de Gaoua en particulier et la région du Sud-Ouest en général ?

Cité des forces vives à Gaoua

La région du Sud-Ouest est un laboratoire d’intégration. Dans cette région on retrouve toutes les ethnies du Burkina, toutes les communautés pratiquement et de l’Afrique occidentale qui vivent en parfaite symbiose dans la région du Sud-Ouest et particulièrement dans la commune de Gaoua. A Gaoua on peut tout faire, on peut tout être, cela montre qu’il y a une certaine ouverture d’esprit au niveau de la région du Sud-Ouest qui favorise cette intégration des populations et ce bon vivre ensemble. Ce thème vient conforter l’idée que véritablement les populations du Sud-Ouest sont des populations qui sont bien intégrées et très ouvertes au monde. Comme je le disais, nous sortons d’une insurrection où les attentes des populations sont devenues énormes, alors, ce thème va permettre aux jeunes de prendre conscience de leur importance dans la contribution au développement du Burkina. Et en cela, nous pensons que le thème qui a été choisi par le gouvernement est le bienvenu.

Les populations gaoualaises subissent des coupures intempestives d’électricité et d’eau, quelle politique allez-vous adopter pour que Gaoua ne perde pas la face devant ses hôtes durant les festivités du 11-Décembre ?

On a coutume de dire que l’eau c’est la vie. Alors l’eau c’est la vie et il faut le reconnaitre effectivement, dans la commune de Gaoua, notamment dans la ville, il se pose des problèmes d’eau. Les coupures d’eau sont intempestives, il y a un certain rationnement de l’eau au niveau de la ville et ça crée énormément des désagréments. Ça c’était même avant le démarrage des travaux du 11-Décembre. Avec les travaux du 11-Décembre le phénomène s’est un peu accentué du fait des déplacements de réseaux de l’ONEA (NDLR, Office national de l’eau et de l’assainissement) qui font que le problème a pris une ampleur un peu plus grande. Mais je pense que l’un dans l’autre l’ONEA est en train de travailler à augmenter le réseau qui dessert la ville à travers la réalisation de trois grand forages qui vont permettre de couvrir l’ensemble des quartiers de la ville de Gaoua et donc de pouvoir mettre les étrangers qui viennent dans les conditions idéales pour pouvoir faire la fête. Voila un peu le travail que la commune avec l’ONEA est en train de faire. Nous pensons qu’on pourra se prémunir de ces coupures durant les festivités du 11-Décembre.

En juin dernier vous avez visité les chantiers du 11-Décembre, quel constat avez-vous fait ?

Le maire de Gaoua, Fiacre Kambou

Je rappelle que le président du comité régional d’organisation du 11-Décembre c’est le gouverneur de la région du Sud-Ouest, le colonel Tagsséba Nitiéma et moi en tant que maire de la commune urbaine de Gaoua, je suis le deuxième vice-président du comité régional d’organisation et c’est ma ville qui abrite les festivités, donc abrite l’essentiel des infrastructures qui seront réalisées et c’est à ce titre que nous nous impliquons personnellement dans le suivi des travaux, non seulement pour encourager les entreprises auxquelles les travaux ont été confiés mais en même temps nous assurer que le travail se fait dans les qualités pour permettre que les infrastructures qui seront réalisées soient des infrastructures durables. Voilà un peu l’esprit qui guide le conseil municipal à travers son premier responsable à effectuer des sorties au niveau de ces chantiers.

Nous devons dire que le niveau d’avancement des travaux est satisfaisant et nous avons bon espoir que les infrastructures seront réalisées à bonne date pour permettre d’accueillir les festivaliers qui vont venir pour cette fête du 11-Décembre qui est le 57e anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté nationale.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans l’organisation des festivités ?

De tels travaux ne peuvent pas se dérouler sans difficultés. Difficultés dans le sens que ces travaux créent énormément des désagréments au niveau des populations, si fait que nous avons de façon récurrente des plaintes des populations parce qu’il faut déplacer les gens. Des gens étaient installés aux bords des routes, il a fallu les déplacer. Il y a donc un certain nombre de commerces qui ont été déplacés si fait que ça crée des désagréments au niveau de la ville. Je pense que nous avons eu le temps d’expliquer aux populations que l’on ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs. Nous reconnaissons qu’il y a des désagréments mais c’est le prix à payer pour transformer de façon véritable notre ville qui va bénéficier de 50 km de goudron de la part du président Roch Kaboré et également de 475 logements sociaux économiques pour nous permettre d’accueillir les festivaliers et permettre que les festivités se déroulent dans de bonnes conditions.

Au-delà de cela lorsqu’on doit faire de telles infrastructures, il faut exproprier certaines populations pour pouvoir bénéficier des sites qui doivent abriter les différentes réalisations. Donc il y a des questions de compensassions, d’accompagnement, de dédommagement de ces populations, qui ne sont pas totalement réglées et qu’il y a des plaintes de part et d’autre. Mais nous travaillons à pouvoir accompagner tous ceux qui ont été plus ou moins touchés à travers ces projets de réalisation qui entrent dans le cadre du 11-Décembre.

Alors qu’attendez-vous concrètement du gouvernement ?

Nous avons déjà lancé notre cri du cœur pour demander au gouvernement de nous accompagner dans le cadre de la réinstallation d’un certain nombre de personnes qui ont dû libérer leur terrain pour qu’on puisse construire un certain nombre d’infrastructures. Le gouvernement est en bonne prédisposition. Le Conseil municipal a d’ores et déjà, avec l’accompagnement du ministère de l’Urbanisme, réalisé une trame d’accueil qui va permettre d’attribuer des parcelles aux personnes dont les terres ont été expropriées. Maintenant nous sommes en train d’examiner s’il y a d’autres possibilités d’accompagnement financier pour permettre à ces populations de se réinstaller dans de meilleures conditions.

Le Sud-Ouest est considéré comme l’une des régions les plus favorisées du Burkina du fait de ses nombreux atouts et potentialités. De façon succincte, qu’est-ce qui constitue les richesses de cette localité qui puissent attirer des étrangers ?

Voirie en construction à Gaoua

On a l’habitude de dire que la ville de Gaoua est la source du Burkina parce que le relief de cette localité est caractérisé par les collines et les valets, donc ça donne une belle allure à la ville et lorsque vous voyez un peu les constructions qui se font au niveau des hauteurs ça fait vraiment fait plaisir et c’est très beau. Au-delà de cela la ville abrite l’un des musées les plus importants du Burkina. Je veux parler du musée de la civilisation des peuples du Sud-Ouest qui a été promu par une grande dame que j’ai nommé Madeleine Père et qui fait la fierté de la commune de Gaoua et de l’ensemble de la région du Sud-Ouest. Il y a également un certain nombre d’artisans que l’on retrouve dans la commune de Gaoua qui font de la poterie. Gaoua est réputé faire de la bonne poterie. Vous aurez l’occasion les dimanches, d’apprécier toute la dextérité de ces femmes qui savent très bien travailler la poterie. Il y a également la vannerie qui est pratiquée aussi par des femmes et qui constitue des activités génératrices de revenus pour cette catégorie de personnes. Voilà quelques éléments qui font que Gaoua doit être la destination future des Burkinabè et de nos frères Africains. Il faut rappeler que Loropeni (localité située à une quarantaine de kilomètre à l’Ouest de Gaoua) est aussi à côté et abrite l’un des sites qui est classé au niveau du patrimoine mondial. Je veux parler des ruines de Loropéni qui est aussi un bon site qu’il faut visiter lorsque l’on arrive à Gaoua. Il y a enfin la chaleur humaine de la population de Gaoua qui est une population accueillante, courtoise et qui sait très bien accueillir des étrangers et les mettre dans de bonnes conditions de séjour.

Quel appel avez-vous à lancer aux filles et fils de la commune et de façon générale de la région du Sud-Ouest pour une bonne réussite des festivités du 11-Décembre?

L’esprit de cohésion, de solidarité qui a toujours caractérisé les populations du Sud-Ouest, ont permis à la région de réaliser de grandes choses. Et je pense que c’est un honneur que les plus hautes autorités du Burkina ont fait à la région du Sud-Ouest en lui confiant l’organisation des festivités du 57e anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance. C’est une fierté pour la ville de Gaoua en tant que chef-lieu de région d’accueillir cette fête et nous nous sommes engagés à relever le défis.

Nous demandons à ce que nous continuons à nous mobiliser tel que nous l’avons fait depuis que nous sommes allés à Kaya (Nord burkinabè) prendre le flambeau avec à notre tête le gouverneur de la région du Sud-Ouest. Il faut continuer à se mobiliser pour que cette fête soit la plus belle fête jamais réalisée dans le cadre des célébrations du 11-Décembre. Nous allons continuer à demander aux gens de comprendre que tous les désagréments qui sont en train d’être causés aujourd’hui, c’est pour bien faire et nous sollicitons toujours leur compréhension. C’est un appel à la compréhension, à la solidarité, à la mobilisation pour que cette fête du 11-Décembre reste gravée dans les annales de l’histoire du Burkina.

Quelle image de Gaoua aimeriez-vous avoir dans trois quatre ans ?

J’ai dit que Gaoua va se transformer radicalement à la faveur des infrastructures dont elle va bénéficier à l’occasion de ce 11-Décembre. Nous sommes déjà une ville moyenne en développement, donc véritablement, les infrastructures qui seront réalisées vont venir transformer de façon fondamentale la ville. Et c’est en cela que les populations de Gaoua doivent commencer à changer de comportement, anticiper dans leur comportement de façon à ce que tout ce qui sera réalisé, que les gens vivent en fonction des nouvelles donnes de la ville. C’est véritablement un sentiment de joie qui nous anime parce que la ville de Gaoua sera une toute autre ville à partir de 2018 et cette image que nous allons laisser de Gaoua est un motif de fierté pour nous les premiers responsables de la commune.

Par Daouda ZONGO