Les résultats définitifs du 5e Recensement général de la Population et de l’Habitation (RGPH) indiquent qu’au Burkina Faso, en 2019, on dénombre « 20 505 155 habitants, soit 51,7% de femmes et 48,3% pour les hommes, lors d’une cérémonie officielle. Les membres du gouvernement et les Partenaires techniques et financiers (PTF) ont salué la présentation de ces données mesurant les « progrès réalisés » par le pays aux plans social et économique mais également « l’ampleur des efforts » à fournir pour la réalisation effective des ambitions de développement du Burkina Faso.
La réalisation d’un recensement répond aux besoins en informations statistiques chiffrées et actualisées pour la planification, le suivi et l’évaluation des politiques et programmes de développement aux niveaux central et décentralisé. Ce 5e Recensement général de la Population et de l’Habitation réalisé en 2019, vise comme objectif général, une meilleure connaissance de la situation démographique et socioéconomique du pays et de sa dynamique afin de mieux assurer l’intégration des variables de populations dans le processus de planification du développement. Les précédents recensements ont été exécutés en 1975, 1985, 1996 et 2006
Il faut souligner qu’à la différence des recensements précédents du Burkina Faso, l’utilisation des nouvelles technologies a constitué une innovation majeure pour le 5e RGPH qui a été réalisé dans un contexte sécuritaire particulier marqué par des attaques terroristes ayant occasionné de nombreux déplacements des populations vers des zones sécurisées.
La première partie du rapport rappelle les grandes étapes du processus de mise en œuvre du recensement, notamment la cartographie censitaire, le recensement pilote, le dénombrement, la campagne de communication, le traitement des données, l’enquête post-censitaire, l’analyse des résultats. La deuxième partie présente les résultats définitifs sur les principales thématiques abordées dans le cadre du présent recensement : État et structure de la population, natalité, fécondité, mortalité, migration, éducation, caractéristiques économiques de la population, Personnes handicapées, caractéristiques des ménages et des habitations. Ces résultats sont désagrégés par âge, sexe, milieu de résidence, région, province et commune, et présentés sous forme de tableaux, de graphiques et de figures.
Le directeur général de l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD), Boureima Ouédraogo, a signifié que sa structure reste ouverte à toute contribution à même d’améliorer l’exploitation des résultats du 5e RGPH dont la collecte des données s’est faite en deux périodes pour le dénombrement de la population. Il s’agit de la première période qui s’est déroulée du «16 novembre au 15 décembre 2019 » et une « prolongation en janvier 2020 dans les grandes villes ». Aussi, un dénombrement des sans-abris s’est déroulé dans la nuit du 13 au 14 décembre 2019, a précisé M. Ouédraogo, rappelant que pour la mobilisation des ressources, pour un coût global du recensement de « 19,9 milliards FCFA » recherché au départ, cette enquête a coûté à la fin « 17,8 milliards FCFA » avec une contribution de l’Etat à hauteur de 56% et une contribution des PTF à 44 %.
Comme contraintes majeures, le DG de l’INSD et la directrice de la Démographie, Laure Leila Bayala, ont insisté sur le défi sécuritaire. Cette situation a fait que 9 communes n’ont pas été recensées. Mais, une technique a été utilisée en appui avec des techniciens de l’ONU pour faire des estimations. Sur 52 recensées partiellement, 23 l’ont été avec des niveaux de dénombrement satisfaisant. Les difficultés étaient liées aux smartphones dont le nombre est insuffisant, le paramétrage non exhaustif, la faible autonomie, etc. Autres insuffisances, il y a l’absence de couverture du réseau de communication et d’internet dans des localités et le mauvais comportement de certains agents (lenteur, abandons, refus au redéploiement, etc.)
Quant à l’analyse de la structure par sexe et par âge, les données montrent une pyramide à base large et au sommet effilé, une population à majorité jeune, moins de 5 ans = 16,2%, moins de 15 ans = 45,3%, moins de 35 ans = 77,9%, 65 ans ou plus =3,4 %.
La structure de la population par milieu de résidence ressort, selon les données du 5e RGPH, 5 360 112 habitants qui vivent en ville, soit 26,1 % de la population. La capitale Ouagadougou compte 2 415 266 habitants, soit 45,1 % de la population urbaine tandis que dans la deuxième ville du pays, Bobo-Dioulasso, on dénombre 904 920 habitants, soit 16,9% de la population urbaine. Au total, 15 145 043 habitants vivent en milieu rural, soit 73,9 % de la population. A ce niveau, il faut souligner une augmentation régulière du taux d’urbanisation: 6,4 % en 1975 ; 22,7% en 2006 ; 26,1% en 2019. Selon ces chiffres, l’évolution de l’effectif de la population indique une population en pleine croissance avec un taux d’accroissement démographique annuel de «2,94% entre 2006 et 2019 » contre « 3,12% pour 1996 à 2006».
La répartition en pourcentage de la population étrangère résidant au Burkina Faso selon la nationalité informe sur un total, « 37 921 étrangers dont 25 716 résidents de nationalité Burkinabè, soit 0,1% de la population, ont une deuxième nationalité. La deuxième nationalité déclarée est ivoirienne pour la grande majorité à 49,2%.
La répartition (en %) de la population résidente selon la religion renseigne que les musulmans sont (63,8%), suivi des catholiques (20,1%), des animistes (9,0%), des protestants (6,2%), les sans religion (0,7%) et les autres (0,2%).
Au niveau de la langue parlée au Burkina Faso, on remarque en pourcentage que le Moore vient en tête avec 52,9, suivi du Fulfulde (7,8) ; Gourmantche (6,8) ; Dioula (5,7) ; Bissa (3,3) ; Gourounsi (3,2) ; Bwamu (2) ; Dagara (2) ; San (1,7) ; Marka (1,6) ; Bobo (1,5) ; Sénoufo (1,5) ; Lobi (1,2) et le Birifor (0,7).
A la suite des résultats préliminaires, ces résultats définitifs présentent une population totale résidente de 20 505 155 habitants dont les femmes représentent, 51,7% et les hommes, 48,3% avec un rapport de masculinité de 93 hommes pour 100 femmes.
Le recensement général de la population constitue « un événement majeur dans la vie d’une nation. Il offre une opportunité unique de mettre à jour les connaissances sur les phénomènes démographiques et socio-économiques et, notamment, de cerner les dynamiques de la population à des niveaux géographiques très fins, afin de les prendre en compte dans les politiques de développement », a déclaré le ministre de l’Economie et des Finances, Sèglaro Abel Somé qui a lu le discours du chef du gouvernement Albert Ouédraogo, président de la cérémonie qu’il a représenté.
«C’est pourquoi, je me réjouis de voir présenter aujourd’hui les résultats définitifs du 5e recensement général de la population et de l’habitation de notre pays qui a été réalisé avec succès, malgré le contexte sécuritaire très difficile dans lequel il s’est déroulé », a poursuivi M. Somé, soulignant que les résultats définitifs du 5e RGPH qui ont été présentés constituent des « éléments de repère pour mesurer les progrès réalisés par notre pays aux plans social et économique. Ils nous indiquent également, l’ampleur des efforts qu’il nous faut encore déployer pour la réalisation effective de nos ambitions de développement».
Il a commenté ces statistiques en relevant que tout d’abord, «nous constatons que l’effectif de la population du Burkina Faso est passé de 5,6 millions habitants en 1975 à 20,5 millions en 2019, soit un quadruplement de la population en 44 ans. Cette population est à prédominance jeune avec environ huit personnes sur dix (78%) âgées de moins de 35 ans ». « Des multiples actions entreprises par l’Etat et ses partenaires au développement pour l’amélioration de l’état de santé de la population. Il en résulte une amélioration de l’espérance de vie à la naissance qui est passée de 42 ans en 1975 à 61,9 ans en 2019 », s’est-il réjoui.
Dans son intervention, la représentante des gouverneurs à cette cérémonie de présentation et de dissémination des résultats définitifs du 5e RGPH a laissé entendre que « nous nous engageons en tant que bénéficiaires à nous approprier les résultats qui seront présentés tout à l’heure, à les partager auprès des acteurs locaux et à en tenir compte dans les différentes des planifications stratégiques relatives à la promotion du développement dans nos régions respectives ».
Les objectifs entre autres du RGPH visent à répondre aux besoins de données pour planifier, suivre et évaluer les actions de développement. Ses objectifs spécifiques sont de connaître l’effectif de la population, sa structure par sexe, âge et sa répartition spatiale selon les unités administratives et le milieu de résidence, ainsi que son évolution. Par ailleurs, le RGPH détermine les niveaux et tendances de la fécondité, mortalité et migration ainsi que l’accroissement naturel et global de la population en vue de contribuer à une meilleure connaissance des caractéristiques démographiques, socio-économiques et culturelles de la population et de ses sous-composantes.
Par Bernard BOUGOUM