Dans une déclaration, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), parti de l’ex-président burkinabè Roch Kaboré, exprime sa « consternation face au passage en force que veulent opérer les militaires au pouvoir sur les questions de justice et de réconciliation nationale ».
Face à l’hostilité et la barbarie du terrorisme qui nous endeuille et provoque des déplacés internes au quotidien, la nécessité de l’unité des filles et des fils du Burkina Faso se pose de façon impérative.
Des décennies de violences socio-politiques et d’injustice ont gravement détérioré notre tissu social.
Par voie de conséquence, les Burkinabè sont profondément divisés au sujet de nombreuses questions, notamment celles liées à la gestion du pouvoir d’Etat et à la justice sociale.
La préoccupante situation sécuritaire du pays, à laquelle s’ajoutent les menaces sur la cohésion sociale, a conduit notre nation à prendre la pleine mesure de la nécessité d’aller à une véritable réconciliation nationale.
Si tous adhèrent à l’impératif de catharsis collectif afin de donner la chance à la paix des cœurs, force est de reconnaître que notre rapport à la justice ne fait pas l’unanimité.
En effet, devons-nous immoler la justice, socle du pacte républicain, sur l’autel d’une certaine réconciliation nationale ?
Pouvons-nous durablement nous pardonner sans que la vérité des faits ne soit établie ?
La brusque accélération du processus de réconciliation nationale imprimée par le pouvoir militaire de transition installé depuis le 24 janvier 2022 est entachée d’artifices préjudiciables à une réconciliation nationale sincère.
La réconciliation nationale, la vraie, ne saurait être décrétée par le seul fait du Prince ni être une démarche de calculs politiciens au mépris de la souffrance et des attentes légitimes des familles des victimes.
Celles-ci nous regardent et s’inquiètent.
Les veuves, les veufs et les orphelins nous observent et s’interrogent.
La société burkinabè toute entière nous regarde et se demande vers quel modèle de société nous voulons la conduire.
Même dans l’histoire entre les nations où il y a eu des frictions ou des injustices, le devoir de vérité a fini par s’imposer. Sur ce point, les exemples d’acte de contrition sont si nombreux que nous en faisons l’économie.
Notre parti, le Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP), estime que le triptyque Vérité-Justice-Réconciliation est la meilleure voie de succès pour taire nos rancœurs et surtout éviter de donner le sentiment de la justice des forts ou des riches au détriment des pauvres et des faibles, car nul n’est puissant pour le demeurer ad vitam aeternam.
Notre parti marque sa consternation face au passage en force que veulent opérer les militaires au pouvoir sur les questions de justice et de réconciliation nationale.
Ils auraient voulu torpiller définitivement le processus de réconciliation nationale si chère à notre peuple qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement.
Nous rappelons ici au gouvernement de transition que le Président Roch Marc Christian KABORE a fait de la réconciliation nationale une de ses promesses électorales en 2020. Elu pour un second mandat à la magistrature suprême du pays, il a aussitôt enclenché un scénario et un processus de réconciliation nationale dont l’épilogue devrait être le Forum national de réconciliation nationale fondée sur la vérité, la justice, le pardon et la réconciliation nationale.
Notre parti reste et restera fidèle à cette vision.
DEMOCRATIE – EGALITE – PROGRES
Ouagadougou, le 07 juillet 2022
Le Président du Parti,
Président du Bureau Politique National
Alassane Bala SAKANDE