Bruits de bottes en Côte d’Ivoire. Une fois de plus, est-on tenté de rajouter. En effet, c’est dans la nuit du 5 au 6 janvier 2017, que la mutinerie a éclaté à Bouaké avant de s’étendre à d’autres villes du pays. L’effet boule de neige a même fait craindre le pire aux populations qui ont toujours en mémoire la guerre civile qui avait justement divisé le pays en deux en son temps, et la grosse et longue crise meurtrière engendrée par la contestation de la victoire de Alassane Ouattara par Laurent Gbagbo à la suite de la présidentielle de 2010.
Et beaucoup d’autres crises ont complété ce tableau sombre du pouvoir Ouattara. Cette fois-ci, officiellement, les revendications des mutins ont tourné autour de primes impayées, de l’amélioration de leurs conditions de vie… Comme quoi, Le bruit des casseroles a donc pu volontiers céder sa place à celui des bottes !
Au-delà des conséquences que cette énième crise peuvent avoir sur la vie politique en Côte d’Ivoire où la guerre des positionnements fait rage après les annonces itératives de Alassane Ouattara de ne plus se représenter après son deuxième et ultime mandat, ce sont ses répercussions sur l’ensemble de la sous-région qui sont à craindre.
En effet, l’onde de choc d’une Côte d’Ivoire instable sera inévitablement ressentie, par les autres pays de l’Afrique de l’Ouest. L’économie de ces pays est en partie dépendante de la Côte d’Ivoire, ne serait-ce que par le biais de son port et de l’argent rapatrié chez elles par les nombreuses communautés ouest-africaines qui y vivent.
De plus, l’aspect sécuritaire très précaire dans un Mali, un Niger, et un Burkina Faso où les djihadistes frappent presque impunément, n’est pas pour faciliter les choses. On ne saurait occulter qu’au titre de ses multiples chantiers structurants, Alassane Ouattara a des projets gigantesques pour cette sous-région, en matière d’énergie, d’infrastructures routières, etc.
Loin de vouer le pouvoir du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) qui a réalisé des pas de géant économiques après la guerre, on ne peut que constater son échec relatif sur les sentiers encore bourbeux de la réconciliation nationale. Si, une fois de plus, les militaires frondeurs ont obtenu gain de cause, il faudra, pour Alassane Ouattara, aller au-delà de leur cas unique, pour se pencher sur les vrais problèmes de la Côte d’Ivoire, toujours quelque peu fébrile à cause de son histoire récente.
Cela devrait être son prochain pont avant 2020. Et ce sera pour le bonheur d’une Afrique de l’Ouest qui redoute des lendemains incertains, le contexte économique mondial difficile et l’insécurité liée au terrorisme étant passés par là.
WakatSéra