L’efficacité dans la discrétion ou l’art de faire beaucoup avec moins de présence. Ainsi s’affirmera désormais la France dans sa coopération de développement et de défense avec les pays africains. L’expérience qui a tourné au divorce au Mali, n’est pas étrangère à cette réorientation de la coopération militaire française sur le continent noir. Il faut le dire, à quelque chose, malheur est bon. Même si ce n’est nullement le but de dédouaner qui que ce soit, surtout pas cette junte militaire qui après avoir pris le pouvoir par les armes, dans le but de s’y éterniser, s’est choisi pour seul programme de gouvernance, sur fond de patriotisme menteur, de cultiver et nourrir à souhait le sentiment anti-occident et plus singulièrement de vouer la France aux gémonies en convolant en noces hypocrites avec la société de sécurité privée russe, Wagner.
Les forces française Barkhane et européenne Takuba engagées dans la lutte anti-terroriste dans le Sahel ayant été déclarées non grata par les militaires au pouvoir à Bamako ont dû opérer une marche forcée vers la sortie. Mais cette désarticulation de Barkhane qui a immédiatement entrepris son redéploiement dans d’autres pays africains et plus particulièrement au Niger, a laissé le champ libre aux terroristes qui ont connu un regain d’activités plus meurtrières que jamais. Comme s’ils n’attendaient que cette baisse de pression de Barkhane plus occupée à faire ses paquetages, et sans doute pour anticiper sur la réinstallation des «macron boys», les hommes sans foi ni loi ont intensifié les attaques armées, faisant de nombreux morts, du Mali au Bénin, en passant par le Togo et le Burkina Faso. Au Pays des Hommes intègres, les terroristes viennent d’ailleurs de dynamiter deux ponts, ceux de Woussé et de Naré, isolant ainsi davantage la région du Sahel, du reste du pays.
C’est dire combien la lutte contre le terrorisme reste entière tant dans le Sahel africain que dans le reste de la sous-région. Dans cette logique, la dernière visite au Niger des missi dominici de Paris, était d’une priorité urgente pour affirmer la présence de Bakhane, dans le nouveau format que compte lui imprimer, le président français qui entend repenser l’engagement de ses troupes en terre africaine, aux côtés des armées locales. C’est ainsi que les ministres français des Affaires étrangères, Catherine Colonna et des Armées, Sébastien Lecornu, ont été les porteurs de la bonne nouvelle selon Saint Emmanuel sur les rives du Niger. La nouvelle marche envisagée dans le cadre de la coopération française, si elle est rigoureusement appliquée est porteuse d’espoir, non seulement pour la France, mais également pour les peuples africains.
En effet, le tout militaire fera place au duo sécurité et développement, l’un n’allant, d’ailleurs, pas sans l’autre. Désormais, «pas un pas» de la sécurité sans le développement, pour emprunter au célèbre slogan de cette société d’origine tchèque de commercialisation de chaussures dans le monde. Pourvu que les nouveaux paradigmes de la présence française ne fassent pas long feu et résistent à tout autre intérêt uniquement d’une partie au détriment de l’autre, et aux salves des détracteurs de la France qui ont envahi les réseaux sociaux.
En clair, les militaires et les agents de développement français, marcheront la main dans la main. Le nouveau schéma de la coopération militaire française surréaliste jusque-là placera les Forces de défense et de sécurité nationales au-devant des choses. Les troupes françaises serviront de soutien aux armées africaines qui devront conduire elles-mêmes les opérations de terrain. Cette version inédite du modus operandi des soldats français qui, jadis, prenaient toujours les initiatives, n’a pas manqué de faire son effet. Mais la France, compte tenu de l’échec de son ancienne politique n’a plus le droit de jouer avec la confiance de ses partenaires africains, qui sont désormais dotés d’une opinion. Sinon gare à l’effet boomerang!
«C’est le partenariat bilatéral le plus important que nous avons, tant en volume du portefeuille de l’aide publique française que de son engagement militaire», n’a pas manqué de relever le ministre nigérien en charge de la Défense, Hassoumi Massaoudou. Une option qui épouse, d’ailleurs, la vision de Mohamed Bazoum, qui a toujours vu l’apport de la France ou d’autres partenaires du Niger comme l’Allemagne, la Turquie, la Belgique, les Etats-Unis, la Chine, etc., que dans un cadre strict d’appui en logistique aérienne, en formation et surtout en renseignement. Le président nigérien qui n’a jamais voulu mettre tous ses œufs sécuritaires et même de développement dans un seul panier est aussi celui-là pour qui, c’est inadmissible de sous-traiter la sécurité nationale et le développement de son pays avec l’étranger.
En tout cas, il n’est jamais tard pour bien faire, surtout que le constat est alarmant face à un terrorisme qui avance aussi vite que les stratégies mises en place ou en élaboration pour l’anéantir. Il faut aller vite et bien, sinon, demain sera trop tard!
Par Wakat Séra