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Guinée: bienvenue chez le roi Doumbouya!

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La marée rouge fait peur au colonel Doumbouya (Ph. d'archives)

La dissolution du Front national pour la défense de la constitution (FNDC). C’est le tout dernier trophée de guerre qu’exhibe, depuis ce mardi, la junte militaire aux commandes, au propre comme au figuré, de la Guinée.

Ici, nul ne parle et n’agit si ce n’est pour faire plaisir au roi Doumbouya! C’est l’écriteau qui doit désormais figurer aux portes du royaume sur lequel règne, un chef appelé Mamadi Doumbouya, qui a usurpé le trône d’un autre roitelet, Alpha Condé est son nom, qui, après avoir combattu les dirigeants guinéens dont il était devenu le poil à gratter, a voulu, lui aussi, s’établir ad vitam aeternam, lorsqu’il a accédé aux affaires. Bien qu’entré au palais présidentiel par la petite porte, cette entrée dérobée empruntée par ceux qui n’ont pas l’onction des urnes, le roi Doumbouya, après avoir été porté aux nues par un peuple qui était persuadé d’avoir eu son libérateur, le 5 septembre 2021, n’a pas mis du temps pour imposer un pouvoir sans partage. Son aversion pour la contradiction n’ayant pas de limite, le roi continue de remplir ses geôles de Guinéens qui ne partagent pas son avis, imitant les anciens souverains qui livraient aux bourreaux, pour un oui ou un non, les sujets qui osent les toiser.

«Chef» Doumbouya, qui, jusqu’à présent échappe miraculeusement aux sanctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), l’institution ayant visiblement opté d’accompagner les différentes transitions malienne, burkinabè et guinéenne, s’emploie désormais à museler un peuple qui passe de régime de 3e mandat sanglant au pouvoir de fer. Alors qu’ils pensaient pouvoir respirer pour de bon l’air de la liberté avec l’avènement d’un président miraculeusement, mais tout de même démocratiquement élu et réélu, voilà les Guinéens qui tombent dans les griffes acérées du colonel Doumbouya.

Pourtant, le colonel avait toutes les cartes en main pour ramener la Guinée sur la voie de la démocratie, après avoir nettoyé le palais Sékhoutouréya de l’assoiffé de présidence à vie qui l’infestait. A défaut de pouvoir gouverner dans les règles de l’art, il aurait pu se contenter, de concert avec sa classe politique et la société civile qui lui avaient ouvert les bras, mené une transition brève mais porteuse d’espoir d’élections ouvertes pour le peuple guinéen qui a sans doute envie, maintenant, de conjurer le mauvais sort de la prise de pouvoir par les armes et de chasser les démons des violences électorales.

Mais le chemin emprunté par «chef» Doumbouya laisse, malheureusement un goût de déjà vu, du temps où le capitaine Moussa Dadis Camara voulait faire croire à ses compatriotes que son béret était du même rouge que celui d’un autre capitaine, le père de la révolution burkinabè, Thomas Sankara. Dadis, qui vient de rentrer au bercail après un long exil «sanitaire» au Burkina Faso n’aura été, au finish, que l’artisan d’un chaos indescriptible de larmes des victimes et familles de victimes des massacres et viols du 28 septembre perpétrés dans le stade éponyme de Conakry. Des milliers de Guinéens s’étaient rassemblés, à l’époque, en ces lieux, pour dire non aux velléités de pouvoir du capitaine Moussa Dadis Camara. Tout comme des militants du FNDC s’apprêtaient à dire non à cette transition de répression de «chef» Doumbouya qu’ils décrient de toute leur énergie.

Quelle mouche a donc piqué le colonel putschiste qui suspend, sans état d’âme, une coalition de partis, syndicats et organisations de la société civile, donc bien représentative du peuple, alors que son pouvoir à lui, il l’a volé canon en l’air? Le nouveau président en exercice de la CEDEAO, le Bissau-Guinéen Umaro Sissoco Embalo qui mijote dans sa tête la création d’une force anti-putsch et l’ancien président béninois Yayi Boni, le nouveau médiateur désigné par l’organisation sous-régionale, ont encore bien des nuits blanches devant eux pour, essayer de ramener le roi Doumbouya à la raison.

Par Wakat Séra