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Côte d’Ivoire: libérez Pulchérie Gbalet de sa galère!

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Pulchérie Gbalet n'a pas sa place derrière les barreaux dans cette affaire des 49 militaires détenus au Mali (Ph. d'archives)

Elle s’appelle Pulchérie Edith Gbalet. Elle est la président du Conseil d’Administration de l’ONG Alternative citoyenne ivoirienne (ACI), active dans la société civile, pour la défense des droits de l’Homme. Physiquement peu connue dans les rues d’Abidjan, elle est très présente sur les réseaux sociaux à travers ses interventions régulières, sur diverses questions liées à la vie socio-politique ivoirienne, notamment la gouvernance et le quotidien de vie chère des populations.

Mais depuis ce 22 août, dame Gbalet, appréciée dans certains milieux pour ses prises de position et vouée aux gémonies dans d’autres, ne parle plus mais fait plutôt parler d’elle. La raison est toute simple, elle est désormais pensionnaire de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) où elle occupe l’une des cellules de cet hôtel redouté par tous, bien que gîte et couvert y soient gracieusement offerts. Que diable est donc aller chercher Pulchérie Gbalet dans cette galère? Entente avec les agents d’une puissance étrangère de nature à porter atteinte à l’image de marque de la Côte d’Ivoire au plan diplomatique, diffusion de fausses informations, atteinte à l’ordre public. Ce sont les trois chefs d’inculpation qui ont conduit la défenseure des droits de l’Homme à perdre son…droit de se mouvoir en toute liberté.

Si aucun citoyen, en dehors des «intouchables» fabriqués par les «gens d’en haut», n’est au-dessus de la loi, il faut reconnaître que des règles bien établies encadrent les simples interpellations devant la force publique, a fortiori, un placement sous mandat de dépôt. Pourtant, l’incarcération de Pulchérie Gbalet, sans que nous cherchions à en mettre en cause les griefs, est loin d’avoir été faite dans les règles de l’art. Elle a plutôt des allures d’un guet-apens, dénoncé du reste comme tel, et par les avocats de l’infortunée, et par des partis politiques de l’opposition et des organisations de protection des droits de l’Homme.

En effet, alors que ce lundi 22, elle s’attendait, comme promis au téléphone par le patron de la police nationale, à se faire remettre ses effets personnels, notamment son passeport et son téléphone portable, qui lui ont été confisqués lors d’une première interpellation dans la nuit du 3 au 4 août, dame Gbalet se retrouvera prise au piège des…poulets! Refusant de se soumettre à l’audition qui lui est servie en lieu et place de ses effets, Pulchérie Edith Gbalet passera par la case garde-à-vue pour atterrir à la Maca.

Ainsi commença le calvaire de celle qui ignorait que son bref séjour malien allait lui valoir un plus long en prison. Car, ce qui est reproché à Pulchérie Gbalet, aux dires du collectif d’avocats qui la défend et qui se base sur la déclaration du procureur de la République près le Tribunal de Première Instance d’Abidjan Plateau, c’est «de s’être lancée dans une campagne de dénigrement de l’action du Président de la République et du Gouvernement dans la gestion de la crise liée à la rétention de 49 de nos militaires au Mali.» Et voici l’affaire des 49 militaires ivoiriens qui continue de faire des vagues à Abidjan!

Des militaires ivoiriens, eux-aussi mis en prison par les putschistes au pouvoir à Bamako! Pulchérie Gbalet fait donc simplement les frais de ce jeu malsain et vil, mis en branle par le colonel Assimi Goïta et ses sbires qui accusent des militaires ivoiriens en mission d’être des mercenaires, dans le seul but de mettre la Côte d’Ivoire en difficulté, au mépris des sacro-saintes valeurs africaines de bon voisinage et de solidarité. L’acte de la junte malienne est d’autant plus abject que la même armée ivoirienne fournit un important quota d’agents à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).

En tout cas, bien que des dysfonctionnements ont été mis en jour autour de cette relève de militaires portant la casquette d’éléments NSE, le Mali n’avait aucune raison de les prendre en otages ces hommes et femmes. Le dessein caché de la junte n’étant que de punir le président ivoirien Alassane Ouattara d’avoir constitué la ligne dure de la prise de sanctions draconiennes contre des putschistes qui s’obstinaient à se fixer un délai déraisonnable de la transition à un pouvoir civil. Pire, dans les coulisses de négociations qui auraient pu régler ce souci entre voisins, la junte militaire voulaient échanger les militaires qu’elle a kidnappés contre des citoyens maliens qui ont trouvé refuge en Côte d’Ivoire pour échapper à la chasse à l’homme lancée à Bamako contre les anciens caciques du régime qu’elle a tombé par les armes.

En somme, de bonne foi ou non, Pulchérie Gbalet que les autorités ivoiriennes, disposant peut-être d’informations non connues des non-initiés, associent à des politiciens qui leur sont hostiles, ressemble davantage à un mouton de sacrifice. Mais sans s’ériger en défenseur sans réserve de dame Gbalet, on ne peut que demander sa libération, au vu de son statut de défenseur des droits de l’Homme, mais surtout des manquements qui ont vicié la procédure, de son interpellation à sa mise au frais.

Il faut donc libérer Pulchérie Gbalet de sa galère, au nom de l’Etat de droit dont se revendique la Côte d’Ivoire!

Par Wakat Séra