35 morts. Et la comptabilité macabre n’est peut-être pas bouclée, car des 37 blessés parmi lesquels une vingtaine d’enfants héliportés vers les différents hôpitaux de référence de Ouagadougou, certains n’ont, peut-être pas encore échappé à la faucheuse. Du reste, un des enfants, malgré le branle-bas de combat engagé par les vaillantes blouses blanches du centre hospitalier universitaire pédiatrique Charles de Gaulle de la capitale burkinabè, est passé de vie à trépas. Quel a donc été le crime commis par ces civils pour mériter une fin si horrible?
Ils ont juste eu la malchance de se trouver au Burkina Faso, un pays qui, depuis le vendredi 15 janvier 2016, après avoir essuyé sa première attaque armée menée contre le restaurant café Cappuccino et Splendid Hôtel, au cœur de la capitale Ouagadougou, est demeuré dans l’œil du cyclone terroriste, tout comme ses voisins sahéliens du Mali, du Niger et dans une moindre mesure du Tchad. Depuis lors, selon un modus operandi qui a évolué, passant des assauts à la kalachnikov à d’autres méthodes tout aussi monstrueuses comme les massacres à l’arme blanche, les incendies, et les poses de mines artisanales, le terrorisme qui frise désormais le grand banditisme, décime l’Armée et surtout les populations civiles, dont les plus heureuses, pour fuir la mort, sont contraintes à l’exil dans leur propre pays, grossissant au quotidien, le flux incessant des Personnes déplacées internes, les PDI.
35 morts, 37 blessés. Des victimes qui ont eu tort de se retrouver dans un bus, segment d’un convoi pourtant sous bonne escorte militaire. Mais le véhicule bourré de civils connaîtra le malheur d’exploser sur une mine artisanale, ces engins de la mort utilisés dans des attaques lâches et barbares par des hommes armés sans foi ni loi. Même si, vu le nombre de morts relativement élevé pour une explosion d’engin explosif improvisé (EEI), des zones d’ombre, épaisses à couper au couteau, enveloppent encore les causes réelles de ce carnage sans commune mesure, il faut reconnaître que les terroristes, par cette attaque, voudraient faire un pied de nez au président du Faso, qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement. En effet, l’horreur est survenue alors que le lieutenant-colonel Paul-Henry Sandaogo Damiba, en visite de travail et d’amitié sur les bords de la lagune Ebrié, parlait coopération, élection et surtout sécurité avec son hôte, Alassane Ouattara.
Ironie du sort, la veille de son court séjour ivoirien, le chef de l’Etat burkinabè, dans une adresse à la Nation, prononcée depuis Dori, le chef-lieu de cette région martyre du Sahel, en dressant le bilan de cinq difficiles mois de lutte contre le terrorisme, mettait en exergue la désorganisation des assaillants provoquée par les actions offensives de l’Armée burkinabè. Se basant sur la remobilisation des forces, les acquisitions d’équipements militaires et les renforcements des capacités techniques des troupes, dont il ne cesse de louer, ces derniers temps «la montée en puissance», le chef suprême des Armées avait redonné tant d’espoir au peuple burkinabè qui ne sait plus quel saint protecteur évoquer! En tout cas, les terroristes n’ont pas baissé les canons, bien que, selon les autorités et des reportages de presse, certains d’entre eux ont accepté la main tendue par le Gouvernement pour les ramener à la maison et ont rejoint le bon côté du combat, en déposant les armes.
La lutte contre les forces du mal est donc loin d’être gagnée. Mais faut-il pour autant abdiquer et jeter le bébé avec l’eau du bain? Non! Car, à en croire les sources officielles et même des populations à l’intérieur du pays, du terrain est en train d’être gagné dans la reconquête des parties du territoire jadis mises en coupe réglée par les terroristes. Le ver est bien dans le fruit depuis plus de 7 ans maintenant et ce serait illusoire de penser pouvoir l’en extirper en moins de 10 mois. Surtout que l’ennemi, ne vient plus forcément d’ailleurs, les attaques contre les Burkinabè étant devenues l’œuvre d’autres Burkinabè qui pour diverses raisons, dont la rancoeur et la recherche du gain facile, commettent des atrocités contre les leurs.
Le seul espoir de vaincre l’hydre terroriste tient dans l’union de tous les Burkinabè autour de la cause, pardon, de la survie commune!
Par Wakat Séra